Le Mali a la volonté et les potentialités, il a juste besoin d’accompagnement des partenaires
Le ministre de l’Economie et des Finances Boubou Cissé a présidé le mardi 24 novembre dernier à l’Hôtel Laico El Farouk les travaux du lancement de l’examen stratégique national de la sécurité alimentaire et de la nutrition au Mali « Faim zéro ».
Il avait à ses côtés, le facilitateur national du dossier, Pr Dioncounda Traoré, la coordinatrice Résidente du Système des Nations Unies au Mali, MBaranga Gasarabwé, la Représentante du Programme alimentaire mondial, Silvia Caruco, et plusieurs autres acteurs du secteur.
Trois temps forts ont marqués la cérémonie. Il s’agit des interventions d’ouverture des travaux, la projection d’un film documentaire sur « zéro faim » au Mali, et la visite d’exposition d’art culinaire made in Mali.
Résolument engagé à atteindre les Objectifs du Développement Durable adoptés par les 193 membres des Nations Unies, lors de son sommet de septembre 2016, le Mali a organisé en 2013 un grand atelier national de sensibilisation, afin d’identifier les priorités du pays dans les ODD. Les travaux de ces assises ont été sanctionnés par les ODD2. Il a été identifié, aux cours ces études, quatre défis majeurs : « éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture à l’horizon 2030 ». C’est pourquoi, dans le souci d’identifier les défis majeurs du pays à vaincre la faim, le gouvernement du Mali avec l’appui de la FAO PAM a réalisé un Examen stratégique national de la Sécurité alimentaire et de la nutrition appelé « Faim Zéro ». L’objectif de ce programme consiste d’une part, à faciliter la mise en œuvre et le progrès vers la réalisation de l’ODD2 et de l’ODD 17, afin de permettre à notre pays d’œuvrer à éliminer l’insécurité alimentaire et la mal nutrition et améliorer la qualité de l’engagement des partenaires auprès du Gouvernement, l’aligner sur les objectifs de développement nationaux et faciliter les consultations stratégiques.
En effet les études menées au Mali montrent que la pauvreté continue d’affecter près d’un malien sur deux. Si la pauvreté a récemment diminué à Bamako et dans les centres urbains, elle a augmenté en zone rurale, malgré une augmentation de la production agricole. L’ampleur de la pauvreté mesurée par son indice, (la proportion d’individus pauvres dans la population, est estimée à 46,8% au niveau national en 2016. Le seuil de pauvreté est passé de 177 000 FCFA en 2015 à 175 000 FCFA en 2016. La proportion des ménages en insécurité alimentaire légère, modérée et sévère est passée de 60% en 2015 à 72% en 2016 puis à 75% en 2017. Une hausse a été enregistrée quant à la prévalence de la malnutrition chronique sur la période 2013-2015 de 72,5% à 29%.
Inaugurant le ballet des interventions, le facilitateur national de l’examen stratégique national de la Sécurité alimentaire, Pr Dioncounda Traoré, a souligné la capacité du Mali à relever le défi contre la faim, « hier nous avons géré l’abondance, la pénurie ne saurait donc être une fatalité..Des zones de notre pays jadis excédentaires sont devenues des zones à risques au plan alimentaire. Le changement climatique, l’insécurité, la pauvreté sont de grands défis, mais c’est à nous de briser le cercle vicieux…depuis plusieurs années la tendance est à la hausse dans la production national en vivre et en cheptel grâce à l’augmentation du budget alloué à l’agriculture». Toutes choses qui dénote selon lui de l’ambition d’excellence, et d’un volontarisme politique qui nous feront prendre le dessus sur l’adversité climatique et l’insécurité, la pauvreté et sur d’autres aléas sur la sécurité alimentaire. « J’ai la ferme conviction que le Mali relèvera le défi de 2030 » a-t-il conclu.
Pour sa part, le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé a salué tous les acteurs qui ont travaillé à l’examen minutieux de l’objectif « Faim zéro ». Il ajoutera que le Mali a privilégié l’approche inclusive et participative en vue de prendre en compte des spécificités régionales et locales. Convaincu de la volonté et les potentialités agro-sylvo-pastorales que notre pays possède, le ministre Cissé a souligné qu’avec un tel capital inestimable, notre pays pourra promouvoir l’agriculture, en l’améliorant, et en diversifiant la production et la productivité dans les filières céréalières, fruits et légumes, l’élevage, la pêche et l’aquaculture. Et le ministre de clore son intervention en citant le cas de Yorosso, un cercle qui a réduit la prévalence de la malnutrition de moitié. La preuve que la malnutrition peut être rapidement vaincue par des solutions simples et peu couteuses à travers la prise de conscience et l’engagement des communautés et de toutes les parties prenantes.
A sa suite, la Coordinatrice du programme des Nations Unies au Mali, MBaranga Gasarabwé s’est également dit très optimiste quant à la chance que le Mali arrive à atteindre les objectifs des ODD d’ici 2030. Elle a souligné que le pays a la volonté et les potentialités, mais qu’il a juste besoin d’accompagnement des partenaires.
La projection d’un film documentaire et le gouter des plats maliens a mis fin à la cérémonie.
Mohamed Naman Keita