Secteur agricole : Le développement buté à la culture du gain facile

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Campagne agricole 2014-2015
Bakary Togola le patron de l’APCAM

Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a profité de la 5ème Session ordinaire du Conseil Supérieur de l’Agriculture, tenue le lundi dernier, dans la salle de Banquet du Palais de Koulouba pour annoncer deux importantes nouvelles : l’allocation de 15% du budget national au secteur agricole, mais aussi, le maintien et le relèvement du niveau de la subvention consentie par l’Etat sur les intrants, notamment le prix d’un sac d’engrais, qui passe désormais de 12 500 FCFA à 11 000 FCFA. Ces deux mesures de soutien au secteur agricole auront des effets d’entrainement sur le reste de l’économie. « Je reste convaincu que le maintien de la  politique de subvention aux intrants agricoles assortie de mesures de  bonne gestion peut améliorer de façon significative la production et la productivité agricoles, générer des revenus décents pour les producteurs et subséquemment  contribuer à  la réduction de la pauvreté en milieu rural. », a-t-il déclaré en annonçant ces mesures incitatives.

 

C’est donc avec légitime fierté, qu’il attend du plan de campagne agricole 2014-2015 des objectifs de productions végétales, animales, piscicoles et aquacoles très optimistes : 7 180.404 tonnes de céréales,  600.000 tonnes de coton graine et 132.346 tonnes de Niébé. Sa réalisation permet de couvrir largement les besoins de consommation du pays et dégager un excédent estimé à environ 1,7 million de tonnes dont la commercialisation générera des revenus bruts importants estimés à 421 milliards  FCFA. Ceci contribuera à l’amélioration des conditions de vie des producteurs et à la réduction de la pauvreté. A cette production s’ajoute celle de 704.000 litres de lait ; 65.000 tonnes de viande rouge, 31.000 tonnes de chair, 453 millions d’œufs, 357.000 unités  de cuirs et  1 million de tonnes de  peaux. S’agissant du secteur halieutique, il est attendu une production de 85.000 tonnes de poisson.

 

Pas besoin d’être alchimiste pour savoir que la réussite de son quinquennat dépend en grande partie du dynamisme insufflé dans le secteur agricole.

 

Le choix de Bocary Téréta pour occuper le poste stratégique de Développement rural dans les deux gouvernements jusque-là formés sous son autorité en dit long sur ses ambitions pour le secteur. Le jeu évidemment vaut la chandelle, comme dit l’adage. Le secteur agricole emploie à lui seul environ 76% de la population active et représente environ 46 % du Produit intérieur brut (PIB) contre seulement 16 % pour le secteur secondaire et 40 % pour le secteur tertiaire. L’agriculture est pratiquée par 630 000 petites exploitations familiales. L’élevage, la seconde mamelle de notre économie, concerne au tant d’exploitants agricole. L’histoire retient que chaque ménage en milieu rural dispose d’un muni-parc, constitué de bovin, de caprins et de volailles.  C’est n’est donc pas pour rien qu’il représente 10 % du PIB. Elle est la principale ressource de 30 % de la population et occupe la troisième place de la liste des produits d’exportation après l’or et le coton. Mais, le hic est que 75 % du bétail malien est constitué de troupeaux transhumants.

 

Après vient la pêche, qui représente 4,2 % du Produit intérieur brut. La production halieutique se situe autour de 100 000 tonnes par an dans les années de pluviométrie normale. La pêche est pratiquée par environ 71 000 pêcheurs (essentiellement des bozos) permettant de faire vivre environ 256 400 personnes. La filière pêche dans son ensemble emploie environ 8 % de la population active. Les principales zones de pêches sont situées dans le delta central du Niger (80 % de la production totale) et les lacs des barrages de Sélingué et de Manantali.

 

 

IBK mise sur le secteur agricole

Mais si le Président ne prend pas garde, son ambition risque d’être de vaine sueur sous la pluie. Et pour cause, les jeunes qui constituent les bras valides de la société ne sont pas suffisamment orientés vers le travail de la terre. La plus part d’entre eux ont émigré vers les grands centres urbains ou sites d’orpaillage. C’est une légitime ambition que d’émigrer à la recherche d’un mieux-être. Mais, vouloir transformer les meilleures terres de culture en mine d’or relève du comble. Malheureusement, c’est ce qui se passe dans les régions de Sikasso, précisément les Cercles de Kadiolo et Yanfolila, dans la région de Kayes, particulièrement la zone de Kéniéba et plus près de la capitale dans le cercle Kangaba, dans la région de Koulikoro.

 

 

La ruée sur l’or a entraîné même les populations les plus réputées gros travailleurs de la terre : les Dogons, les  Bobos, les Miniankas et les Sénoufos. On se rappelle que dans les années 80, pour booster la production agricole, le gouvernement du président Moussa Traoré, avait initié une politique volontariste d’installation des Dogons dans la région de Sikasso. L’installation de ceux-ci visait à créer un système d’émulation entre autochtones et émigrés dans le but de stimuler la production agricole. Le projet s’est brusquement arrêté avec le changement de régime en mars 1991, mais les effets de la politique sont encore perceptibles dans certains villages, où la production est essentiellement tenue jusqu’à ce jour par cette population déplacée.

 

 

Pendant la campagne écoulée, le gouvernement de la transition a été obligé de recourir à la force pour permettre à l’Office du Développement Rizicole de Sélingué (ODRS) de faire retour sur investissement en démantelant le site d’orpaillage installé à côté de l’immense champs de riz de l’Office, qui avait investi des centaines de millions de nos francs dans la campagne agricole. C’est dire qu’actuellement au Mali, il ne suffit pas de créer les conditions pour le développement du secteur agricole, il faut parallèlement réfléchir à une bonne politique de gestion de la filière d’orpaillage au Mali. Sinon, c’est la catastrophe assurée. Il ne s’agit pas de démanteler systématiquement tous les sites et en même temps, mais mettre en place une politique intelligente de cohabitation des deux secteurs. Celle-ci recommande des plans et des périodes d’ouverture et de fermeture des sites. C’est-à-dire qu’ils ne s’ouvrent qu’après les récoltes, comme c’était le cas sous la 2ème République et qui se pratique dans tous les pays organisés. Dès que les premières pluies tombent, les autorités locales procèdent à la fermeture systématique de tous les sites relevant de ses compétences.

 

Dans certaines régions du monde, l’orpaillage est une activité proscrite par la loi. Parce qu’il est très nocif pour l’environnement. Il ne s’agit pas pour notre pays d’aller jusque dans ces mesures extrêmes, mais il y a lieu de moraliser le secteur. Dans le pire des cas, les grandes terres agricoles de l’ODRS vont s’abîmer si rien n’est fait pour organiser le phénomène de l’orpaillage.

Mohamed A. Diakité

 

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1 commentaire

  1. Remerciements à Brouma pour ce geste au monde rural mais il faut tout mettre en œuvre pour une répartition équitable.Treta doit regarder du côté du bas la dernière marche de l’échelle bénéficié t elle de ces subventions ?Les projets des agriculteurs actuellement en études a koulikoro nous édifiera si certaines pratiques du monde agricole ont disparu.

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