Riziculture: Offre Publique d’Achat sur le PAPIM

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Le Projet d’Aménagement du Périmètre Irrigué de Manicoura (PAPIM) n’a pas fait l’objet d’un appel d’offres, en vue de sa privatisation. Tout porte à croire qu’il est victime, depuis des ans, d’une Offre Publique d’Achat (OPA) qui ne dit pas son nom : il est au service exclusif de son coordinateur: gestion clanique des ressources humaines et financières, détournement à la pelle, achat de conscience et de silence, magouille et affairisme à ciel ouvert… Décidément, le secteur agricole dans notre pays porte les germes de sa propre destruction.
Face à la gabegie ambiante au PAPIM et à l’affairisme du clan qui le dirige, doit-on s’emmurer dans un silence pour éviter les foudres de sa colère ? Heureux, ceux qui se posent, encore, ces questions. Car, il y a longtemps que  l’oligarchie du PAPIM a anesthésié les convictions. Avec les espèces qui sonnent en trébuchant. Et partout, le même constat: Personne pour dénoncer ces détournements à la pelle. On reste de marbre face à la gestion clanique du PAPIM, à cette gabegie ambiante qui hypothèque l’avenir des maliens.

Le PAPIM ou les Etablissement Issa Samaké
Depuis l’arrivée d’Issa Samaké à la tête du PAPIM, la structure est devenue, un monde à part, avec ses « dieux », ses anges, ses prophètes et ses esclaves. Un monde, avec ses lois, ses règles. Un monde dans lequel prévaut une seule règle : tous ceux, qui n’acceptent pas notre système, sont contre nous. Alors, il faut les briser. Coûte que coûte.

 C’est tout le sens de l’affaire dite de « l’octroi des 700 litres d’essence à un membre du Conseil d’Administration ». Une  affaire à travers laquelle, le coordinateur entend régler ses comptes avec certains collègues, dont le tort est de s’être opposé à ses pratiques malsaines. C’est exactement ce qui s’est passé dans une autre affaire : l’affaire de l’entretien de trois véhicules.

Pour faire diversion, le coordinateur du PAPIM a surfacturé les frais d’entretien des trois engins à plus de 39 millions de francs CFA. Soit plus de 13 millions par véhicule.

Conséquence : 156,45 millions de francs CFA manque à l’appel de la caisse.
 
D’où la colère des partenaires financiers de couper le vivre au PAPIM.

Cependant, peut-on parler d’homme qu’il faut à la place qu’il faut, lorsque le coordinateur du PAPIM règne, depuis  des ans sur le projet ? Surtout que plus d’une centaine de millions de nos francs ont pris d’autres destinations, jusque-là encore, inconnues ?

 Peut-on parler de changement dans notre pays, lorsque tout est devenu normal au PAPIM : le vol du dénier public, la corruption, le népotisme etc ?

Peut-on parler de démocratie, lorsque les règles les plus élémentaires du Droit, sont piétinées par ceux-là même, chargés de les appliquer ?

Peut-on parler de lutte contre la pauvreté, lorsque certaines structures, comme le PAPIM sont victimes d’une Offre Publique d’Achat qui ne dit pas son nom ? En somme, «le Mali qui gagne perd».
En clair, le Projet d’Aménagement du Périmètre Irrigué de Manicoura (PAPIM) est en proie à une gestion patrimoniale. Il est au service exclusif de son coordinateur. Au même moment, indiquent nos sources, l’octroi d’indemnités et de gratification, sans base légale n’est pas de nature à tempérer les curiosités.

Sauf revirement de dernière minute, le gouvernement malien risque, les mois à venir, de faire le deuil du programme des logements sociaux.

Au PAPIM, les décaissements sont sans rapport avec les besoins réels du projet. Pire, le PAPIM ne clôture pas définitivement les exercices comptables. Cette défaillance rend possible la modification des données à tout moment. S’y ajoute, l’enregistrement des penses dans des comptes différents. D’un exercice à l’autre.
Mais contre toute attente, nos sources, sur la base d’un document dont nous avons reçu  copie, indiquent que les dépenses indues dans le cadre des missions se poursuivent sans discontinuer et que l’octroi, sans base légale, d’indemnités et de gratifications reste le sport favori du « prince » du PAPIM.

 Rien qu’au cours de ces dernières opérations, la caisse de la structure a saigné à hauteur de 6,8 millions de francs CFA. Et comble de la « mangecratie » au PAPIM, la somme de 308,13 millions a été débloquée  par le coordinateur pour l’entretien des logements.

Suit l’octroi d’un marché à une entreprise la plus disant. Soit la somme de 36,41 millions CFA pour la construction du CSCOM de Manicoura. Est-ce à dire que le patron de cette société est un proche  du « Prince » du PAPIM ? 

Et le hic, ajoute notre source, c’est que le PAPIM n’effectue pas des achats récurrents sans passer des marchés à commandes (cas des fournitures de bureau et des consommables). Pour éviter de lancer un marché, le PAPIM a émis, le même jour, deux bons de commande portant sur l’achat de tables-bancs et des chaises d’un montant de 11,97 millions. Ce n’est pas tout.

Même au niveau de la gestion des fonds, c’est le branle bas. Un seul exemple cité par notre source : le PAPIM à fait des dépenses non éligibles de 21,4 millions de nos francs. Au même moment, il prend en charge des contrats et des factures du ministère de l’Agriculture pour un montant de 20,33 millions de francs CFA. Sans motif valable.
En chiffre, conclut le document, 156,45 millions de nos francs ont pris d’autres destinations, jusque-là, encore inconnues. Et  au rythme où vont les choses, ce projet initié par le gouvernement pour juguler la crise alimentaire risque d’être envoyé au delà de l’au-delà.

Le PAPIM, victime de sa hiérarchie
Le Projet d’Aménagement du Périmètre Irrigué de Manicoura est malade. Malade de ces cadres, qui n’en font qu’à leur guise.

« C’est fini, le PAPIM est mort ! Il n’existe que pour une poignée de cadres», nous confie un travailleur de la structure. Mais, à en croire notre interlocuteur, les prochains jours seront compliqués au PAPIM. Et si cette situation se poursuit, le gouvernement risque de faire le deuil de son programme d’autosuffisance alimentaire. Et son collègue d’ajouter l’air visiblement déçu : « si le PAPIM est censé être le fer de lance de la lutte contre la crise alimentaire, sa gestion, aujourd’hui est d’une opacité sans équivalent ». Avant de conclure : « si des changements ne sont pas apportés au sein de ce projet, les prochains jours seront périlleux pour l’Etat, les maliens… »

Certes, l’équipe d’Issa Samaké, coordinateur du PAPIM vaut mieux que rien. Mais elle reste la pire en ce qui concerne la gestion du projet. Et pendant que le PAPIM saigne, les cadres roulent dans de luxueuses bagnoles tout en hissant des bâtisses dans les quartiers huppés de la capitale. Mieux, selon certaines indiscrétions, ils se taillent des périples en Occident. Voilà, tout le sens à donner à l’hémorragie financière que connaît, aujourd’hui, le PAPIM.

« Se mettre au service de la veuve et de l’orphelin ne dispense pas pour autant, quant l’occasion s’en présente, de défendre le veuf et l’orphelin », a dit Pierre Dac.
A suivre …

Jean pierre James

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