Ces informations sont tirées de la communication du Dr Almouzar Mohaly Maïga inspirée du Mémoire de fin d’étude de M. Aldiouma Bocar Cissé et des rapports d’activités des divers services et projets ayant opéré dans la zone, suite à larencontre intercommunautaire de Bitagoungou, commune rurale de Tonka.
A l’issue de deux misions effectuées en 1914 et 1921, l’Ingénieur Younès concluait la possibilité d’une irrigation permanente par gravité des terres fertiles du Kessou et des rives du lac Faguibine pouvant porter du coton. Et l’Ingénieur, de retracer les besoins de toutes natures auxquels la zone étaient confrontée.
Besoins vivriers des populations et ceux de l’industrie textile
« Dans la zone lacustre, nous avons un douloureux constat : celui des fréquentes famines, malgré les potentialités agricoles de la région. En année climatique normale, la question vivrière ne se posait pas, comme d’ailleurs au Sud du Soudan. Dès qu’intervient une sècheresse ou une forte inondation, nous avons des dégâts considérables dégénérant en véritable calamité…On peut considérer que le plus grand handicap à l’accroissement de la population n’est pas seulement lié aux épidémies et au manque d’hygiène, mais aussi aux disettes, à la malnutrition, aux famines récurrentes que la région a connues », expliquait-il. Selon lui, l’intérêt d’une politique d’aménagement hydro- agricole en zone lacustre contribuant à la promotion de l’élevage est clairement démontré par deux pièces d’archives : un procès-verbal de réunion tenu à Goundam du 15 au 20 septembre 1943 d’une part entre notables et chefs de canton, d’autre part entre l’Administration et la Direction de l’Office du Niger. De ce procès-verbal, et de l’avis même des éleveurs, il ressortait clairement que la transhumance ne résulte pas d’un goût naturel pour le nomadisme, mais d’une nécessité imposée par les conditions naturelles : entre autres le manque d’eau et de pâturage à certaines périodes de l’année. Par la voie même de leurs chefs, les transhumants souhaitaient pouvoir en permanence faire paître leurs animaux dans le cercle. L’autre pièce d’archive comportait une lettre envoyée par les chefs Tinguiriguif au Directeur de l’Office du Niger pour solliciter une action de cet organisme en faveur de l’élevage en se servant des lacs. Or la principale équation à résoudre est la maîtrise de l’eau par l’irrigation. C’est donc la politique d’aménagement qui pourrait augmenter les superficies cultivables et permettre à l’agriculture de tirer du sol toute la nourriture pour améliorer les conditions de vie des populations. C’est cela aussi qui pourrait donner du pâturage aux pasteurs souvent obligés de mendier de l’herbe dans les cercles voisins.
Besoins de sécurité et de stabilité dans la région
Parmi les demandes de terrains de culture qui parvenaient à l’Administration, celles des populations Kel Tamasheq étaient importantes. « On dirait qu’elles avaient compris que plus sur que le bétail, la terre est un capital. Mais elles obtenaient rarement satisfaction à cause du manque d’intérêt de l’Administration pour la question de terre. Mais ce manque d’intérêt ne pouvait durer si l’on voulait tenir en main ces populations, surtout que la stabilité de la région était très fragile. En effet, la coexistence entre population sédentaire et nomade, aux intérêts souvent divergents, n’a pas toujours été pacifique. Ces populations étaient souvent entrées en conflit qui mettait l’Administration en difficulté. A cela se greffait le problème de l’abolition de l’esclavage qui libérait les Bellah de la tutelle des Touaregs. Cette libération a permis à l’Administration coloniale d’affaiblir son plus grand rival dans la zone lacustre, à savoir les Touaregs. Elle aura une profonde répercussion sr la structure sociale et économique de la région. Mais l’Administration n’ayant rien fait pour l’insertion des anciens esclaves, il se posait la question de la gestion des rapports qui devaient désormais exister entre ce groupe de population et les autres dans la région car il s’est brutalement retrouvé laissé pour compte, sans attache formelle ni ressources économiques », l’Ingénieur Younès.
A ses dires, l’Administration avait tenté de remédier tôt à la situation en faisant des Bellah l’ossature de la main-d’œuvre de la CICONNIC, une entreprise agro-industrielle privée. Malheureusement, cette initiative n’a pas rencontré le succès escompté, et les Bellah sont restés une population flottante.il était donc devenu urgent de les fixer pour créer un minimum de conditions de sécurité et de stabilité. Mais leur fixation devait nécessairement passer par la distribution de nouvelles terres qu’il fallait conquérir sur une nature toujours hostile où la sécheresse est devenue presque permanente. La conquête de nouvelles terres devait résulter de l’irrigation. « Or depuis l’arrivée des Français dans la région, le régime désordonné du lac Faguibine a été un sujet constant de préoccupation pour tous les administrateurs. Ainsi, les populations riveraines du lac passaient de l’abondance à la famine, les villages se constituaient et disparaissaient au gré des crues du lac. Cette instabilité avait une grande répercussion sur le développement socio-économique de la région sur un plan politique plus général, il convenait de mieux s’intéresser aux populations nomades pour freiner leur émigration vers des contrées climatiquement plus clémentes, mais plus lointaines », indiquait l’Ingénieur Younès avant de conclure : « De ce fait, dans cette zone lacustre où il existe un réel attachement des populations à la terre, l’irrigation est non seulement d’un intérêt économique certain, mais encore une solution politique à envisager ». (A suivre)
Rassemblées par « Le VIATOR »
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Mr le journaliste Bintagoungou fait partie de la commune rurale de Bintagoungou et non celle de Tonka
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