Les questions pointues du député ont porté sur la livraison, pour la campagne 2015, par appel d’offres, de quantités importantes d’engrais de mauvaise qualité livrés aux paysans de la CMDT, les conditions dans lesquelles cela s’est produit, la quantité de mauvaise qualité de l’engrais introduite dans le pays, la localisation actuelle des engrais, la possibilité de leur retrait de la consommation, leurs effets sur les hommes, le sol, les plantes, les conditions d’attribution et les montants des marchés, le moment précis où le ministre a été informé sur la mauvaise qualité des engrais, les dispositions prises par le département pour remplacer les quantités d’engrais de mauvaise qualité afin de sauver la campagne en cours et les dispositions prises pour éviter de pareils désagréments à l’avenir. Décontenancé, le ministre du Développement rural, Bocari Tréta, a reconnu la responsabilité de son ministère dans cette affaire, mais rejeté celle de son département dans la gestion des marchés d’engrais. Il a déclaré : « un distributeur d’engrais a fait une réflexion et produit une note dans laquelle il expose les résultats d’analyses des échantillons prélevés chez un autre fournisseur d’engrais qui est son concurrent…ces échantillons du concurrent, a-t-il dit, il les fait analyser par des laboratoires et détruit l’impact des déficiences de ses principaux éléments dans les échantillons d’engrais de son concurrent qu’il a analysés, donc, ces déficiences, il les extrapole. Ce n’est pas bon, car, ce concurrent essaie de faire glisser la force publique sur des fausses pistes pour le engager dans son combat personnel ». Le ministre du Développement rural, Bocari Tréta, a, aussi, indiqué que, depuis décembre 2014, un contrôle systémique d’engrais est effectué dans la zone CMDT, puis, étendu dans la zone office riz. Son département a aussi pris des mesures pour contrôler le système de distribution. Le ministre a toutefois reconnu que suite à ces contrôles, des engrais de mauvaise qualité qu’il a toutefois dissociés des engrais frelatés, ont été découverts dans la zone CMDT.
Le ministre du Développement rural accusé de trahir IBK
Malgré toutes ces explications, du reste, peu convaincantes du ministre, le député Bakari Koné a estimé que Bocari Tréta n’a pas répondu à ses questions et qu’il a simplement trahi le président de la République IBK qui a placé toute sa confiance en lui. Pour enfoncer le clou, le député a exhibé un document qu’il a qualifié « de preuves palpables sur l’arnaque dont les producteurs sont victimes : lettre n°0037 Toguna agro industrie, TAI du 17 novembre 2014 adressée à Monsieur le président du GIE/UN-SCPC/CMDT/OHVN pour attirer son attention sur la qualité des engrais fournis par la sté italienne (TIMAC) ; lettre n° 0515 du ministre de l’Industrie et de la promotion des investissements à Monsieur le Premier ministre ayant pour objet des soupçons de concurrence déloyale dans le cadre des marchés de fourniture d’engrais du GIE/UN-SCPC/CMDT/OHVN, soumettant à l’approbation du Premier ministre, la suspension temporaire de la livraison des engrais incriminés, fournis par la sté SOMADECO, le prélèvement et l’analyse des échantillons prélevés par trois laboratoires internationaux accrédités. Le Premier ministre vous a donné des instructions fermes et vous devriez lui rendre compte avant la fin du second trimestre 2015. L’avez-vous fait ? » Le député ne s’est pas arrêté là, il a cité des bulletins d’analyses, des copies des avis d’appels d’offres, des rapports techniques, des copies de contrats.
Il y avait vraiment là de quoi donner le tournis au ministre du Développement rural qui s’en est finalement remis à la majorité présidentielle, tout en acceptant la création d’une commission d’enquête sur la question.
B.D.