Promotion de l’Agriculture au Mali :  Le défi de la vulgarisation agricole

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Situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le Mali est un pays sahélien avec une superficie de 1. 241. 231 Km2. Trois quarts de sa population estimée à plus de 14 millions, tirent principalement leurs revenus de l’agriculture. Comment répondre efficacement aux besoins de ces  agriculteurs ? Telle est l’équation qui se pose aujourd’hui aux autorités maliennes. Les multiples services de conseil et de vulgarisation peinent à imprimer à l’agriculture le rôle de locomotive de l’économie nationale que l’Etat souhaite lui attribuer. Surtout que les dépenses consacrées à ce secteur sont encore insuffisantes pour pouvoir relever les défis.

Même si la volonté politique est là pour permettre aux producteurs (hommes et femmes) de produire et de vendre plus pour améliorer leurs conditions de vie, les difficultés persistent et interpellent nos plus hautes autorités.

 Un impressionnant dispositif mis en place
 Pour impulser une dynamique moderne au secteur, l’Etat malien a mis en place diverses structures d’accompagnement des paysans. En 2006, une Loi d’Orientation Agricole (LOA) a été élaborée pour garantir la souveraineté alimentaire à travers l’ensemble des activités économiques liées au secteur agricole, notamment l’agriculture, l’élevage, la pêche et la pisciculture, l’aquaculture, l’apiculture, la chasse, la foresterie, la cueillette, la transformation, le transport, le commerce, la distribution et d’autres services agricoles. Les fonctions sociales et environnementales sont également prises en compte par cette loi.

Les différentes Divisions, chapeautées par la Direction nationale de l’Agriculture (DNA), sont au nombre de quatre: Législation et Contrôle Phytosanitaire ; Promotion et Valorisation des Cultures et Produits Végétaux ; Conseil et Vulgarisation Agricoles ;  Enseignement Agricole et Animation Rurale. Ces Divisions, il faut le noter, sont structurées en sections couvrant l’ensemble des missions de la DNA. Objectif visé : appuyer le monde rural dans ses activités de développement pour assurer la souveraineté alimentaire et impulser la lutte contre la pauvreté. C’est cette DNA qui doit assurer la coordination et le suivi des services régionaux et subrégionaux, ainsi que des services rattachés, dans la mise en œuvre de la politique nationale en matière d’appui au monde rural.
Il y a également l’Institut d’Economie Rurale (IER) qui est la principale institution de recherche au Mali pour la mise en œuvre de la politique nationale de recherche agricole. Bien d’autres structures ont été mises en place pour booster le secteur agricole.
 
Des handicaps et des défis à relever
 La vulgarisation agricole dans notre pays fait face à un certain nombre de défis. Pour le progrès de l’agriculture, une synergie d’actions est indispensables entre les chercheurs, les acteurs de la vulgarisation, les autorités politiques et les partenaires. Ce défi devient de plus en plus pressant face aux nombreuses insuffisances de la productivité : technologies inappropriées, forte dépendance aux facteurs climatiques (pluviométrie, hydrologie), faiblesse des revenus des producteurs, fragilité des sols, faible ratio d’encadrement, persistance des maladies animales et végétales, faible niveau des investissements lié à la pauvreté généralisée de la population, dégradation continue des sols et des ressources naturelles, etc. Il urge donc qu’une vulgarisation orientée sur la production, s’ouvre sur un système qui pourrait aider les producteurs à prendre des décisions en toute connaissance de cause en se basant sur leur compréhension des relations entre la production et les demandes du marché.

 Comment sortir de l’engrenage ?
 Au Mali, plusieurs organisations ont vite compris que l’agriculture malienne ne se porte pas bien. En témoigne la tenue courant juin 2011 à Sélingué, une localité située à 150 km au sud de Bamako, d’un atelier de l’ECID (Espace Citoyen d’Interpellation Démocratique sur la Gouvernance de la Recherche). Ce forum a réuni les acteurs du monde agricole, les chercheurs et les autorités politiques à tous les niveaux. Et le porte-parole des agriculteurs, Mamadou Traoré, n’est pas passé par quatre chemins pour épingler l’insuffisance d’investissement dans la vulgarisation. Selon lui, la plupart des pays africains, dont le Mali, sont incapables de supporter les coûts de la recherche et de la vulgarisation.

Adama Coulibaly est un agriculteur à Koulikoro (à 30 Km de Bamako). Il nous a avoué qu’il faut que l’Etat malien fasse quelque chose. «Nous n’avons que cette activité pour survivre. Mais, pour l’heure, nous sommes confrontés à d’énormes difficultés. Nous ne savons à quel saint nous vouer. Nous lançons un cri de cœur à nos plus hautes autorité», a-t-il déclaré. Quant à Bréhima Niangaly qui opère à Badiangara, il se dit exaspéré, surtout quand il entend les beaux discours de nos gouvernants en ce qui concerne la promotion de l’agriculture malienne.

C’est pour cette raison que lors de l’ECID de Sélingué, le porte-parole des agriculteurs, Mamadou Traoré n’a pas raté l’occasion de plaider pour la nécessité d’explorer d’autres mécanismes de financement pour supporter les services de vulgarisation afin de s’assurer que les services offerts aux producteurs répondent à leurs besoins.

Selon lui, quelques paramètres sont indispensables au développement agricole. Il s’agit notamment de la création des relations commerciales, le plaidoyer en techniques de négociation, l’accès à un crédit favorable et aux subventions, le transfert de technologies et de l’information et une franche collaboration entre les acteurs du secteur agricole. Le renforcement des capacités des producteurs et des organisations paysannes est nécessaire pour rallier les intérêts des paysans à ceux des opérateurs privés. Les organisations de base devraient s’efforcer à renforcer les capacités des paysans en les outillant de méthodes analytiques applicables dans les champs.

Le secteur public doit jouer un rôle de premier plan dans la gestion des ressources naturelles. Le processus de prise de décision concernant les services doit inclure les bénéficiaires, avec une grande implication des femmes et des jeunes, qui sont actifs dans tous les secteurs, notamment dans le secteur des petites unités de transformation.  Indubitablement, l’éducation et la formation doivent avoir toute leur place dans ce processus de transformation. Le coût de l’éducation agricole ne doit pas être pris comme un argument à utiliser contre cet investissement. Car, une masse critique de personnes éduquées est indispensable pour le développement de la Nation malienne.
Destin GNIMADI

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