C’est ce qui ressort de la 10ème mission de supervision du Programme de Compétitivité et de Diversification agricoles (PDCA) de la Banque Mondiale et du gouvernement du Mali, dans les régions de Koulikoro, Ségou, Mopti et Sikasso. L’équipe gouvernementale avait à sa tête Adama Coulibaly, Conseiller technique au ministère de l’Agriculture et celle de la Banque Mondiale était dirigée par Mme Yéyandé Kassé Sango, Responsable du programme.
La 10ème mission conjointe d’appui technique Gouvernement du Mali – Banque Mondiale, et, en même temps, la toute première mission de supervision de la deuxième phase du Programme de compétitivité et de diversification agricoles (PDCA), a ouvert ses travaux, le lundi 19 septembre 2011, par la Coordination régionale de Koulikoro. La mission était composée, côté Banque mondiale, de Mme Yéyandé Kassé Sangho, responsable du programme à la BM, Ehoué Niçaise, Agadiou Adama, Graham Beaumont, Jean Claude Basset et Mohamed Alhousséni. Côté gouvernement du Mali, les représentants étaient Adama Coulibaly, Abalaye Maïga, Bocar Touré, Racine Ly et le Dr Gagny Timbo, Coordinateur du PCDA.
Le Programme de compétitivité et de diversification agricoles(PDCA), qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Cadre stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP), du Schéma directeur du Développement rural et de la Loi d’orientation agricole, a pour but d’augmenter la contribution du secteur agricole à la croissance économique, d’intensifier et de diversifier la production agricole, en vue de renforcer la sécurité alimentaire et de développer les exportations agricoles, enfin d’améliorer les revenus et les conditions de vie des populations rurales.
La 10ème mission de supervision, comme l’a annoncé Dr Gagny Timbo à l’ouverture des travaux, avait pour objectif d’évaluer, à 15 mois de la fin de la deuxième phase du PCDA, son état d’avancement, de recenser les acquis à consolider et d’assurer leur pérennisation après la fin du programme. Ainsi, du lundi19 au mercredi 21 septembre, la mission a effectué une série de séances de travail, de visites de sous-projets, de démonstrations et de rencontres avec les acteurs des filières sélectionnées par le projet.
Parmi les activités de la première journée figurait la visite de la Société générale alimentaire du Mali, du promoteur Cheik Oumar Sanogo. Il s’agit de la réalisation d’une boucherie moderne dans le District de Bamako, d’un coût total de 49 833 605 FCFA, grâce à l’appui technique et financier du PDCA, à hauteur de 24 916 803 CFA.
Suivit le déplacement sur une parcelle de culture de papaye par irrigation «goutte à goutte», à Diagato. Un projet qui consiste en l’implantation d’un nouveau verger de papayers Solo n°8 à but commercial. Ici, la subvention du PDCA, qui est de 55% du montant, portait exclusivement sur la fourniture et la pose du château d’eau, l’installation du réseau d’irrigation goutte à goutte, l’acquisition de semences certifiées de papaye et le suivi de la mise en œuvre du projet.
A Katibougou, commune du Mandé, la mission Banque Mondiale – Gouvernement du Mali, a visité le projet de serre de culture de tomates hors sol du promoteur Amadou Sidibé. Celui-ci a bénéficié d’une subvention du PDCA d’une valeur de 25 000 000 FCA pour la pose des serres et des réseaux d’irrigation goutte à goutte.
Ségou, 2ème étape de la mission
Dans la Cité des Balanzans, il fut question des aspects novateurs. Un autre objectif du PDCA, relatif à l’accroissement et à la diversification des revenus et des opportunités économiques en milieu rural.
Aussi les travaux de la mission BM – Gouvernement du Mali ont-ils débuté par une séance de travail sur l’état d’avancement des activités. Après, se sont multipliées les visites des plantations commerciales et des unités de transformation et les rencontres, respectivement avec les membres du Bureau de l’Interprofession de la filière échalotes / oignon et d’autres acteurs de la filière et avec les membres du Bureau du Cadre de concertation de la filière papaye et d’autres acteurs de cette filière.
Au terme de ces rencontres, les seuls problèmes soulevés par les acteurs furent celui du conditionnement et de l’obtention d’un équipement adéquat.
Mopti, 3ème étape de sa mission
Les représentants de la BM et du Gouvernement du Mali ont eu plusieurs séances de travail avec la Coordination régionale de la 5ème région, avant de visiter les sous-projets appuyés par le PCDA. C’est ainsi que la mission a visité, entre autres, une unité de production de l’échalote sous système d’irrigation goutte à goutte à Diondéri. Le promoteur a profité de cette visite pour exprimer toute sa reconnaissance à l’appui apporté par le PDCA, puisqu’il produit désormais 18 tonnes d’échalotes par an, ce qui n’était qu’un rêve il y a quatre ans.
A Tabagola, Bandiagara, la mission a visité l’unité de conservation et transformation d’échalote / stockage de l’échalote fraîche, toujours appuyée par le PDCA.
Parallèlement, la mission a visité plusieurs unités de transformation et des sites de production laitière, de même que les unités de transformation de mangues et a rencontré tous les acteurs de ces deux filières.
Parmi les petites unités de transformation de lait visitées, celle de Moussa Cissé. Celui-ci produit du lait frais pasteurisé en sachets et du yaourt sucré sous différents conditionnements. Sa production maximale à pleine capacité portant sur 360 litres de lait cru par jour.
La production laitière est importante dans la Région de Mopti, aussi la mission s’est-elle rendue aussi dans les unités de production laitière de Ibrahima Koita et de Aguibou Maïga dit Baber. Deux promoteurs, parmi tant d’autres, qui ont bénéficié d’une subvention du PDCA pour le financement de leurs investissements et de leur fonds de roulement.
Le PDCA porte plus particulièrement son appui sur la stratégie d’élevage amélioré et, au niveau de la transformation, sur l’amélioration des équipements et l’emballage, en mettant un accent particulier sur l’hygiène. Pour boucler cette importante étape, la mission a rencontré, à Bandiagara, l’Interprofession des commerçants et producteurs.
Sikasso, dernière étape de la mission
Les représentants de la Banque Mondiale et du Gouvernement, comme lors de toutes les étapes précédentes, ont eu plusieurs séances de travail avec la Coordination régionale, avant de procéder à des visites. C’est ainsi qu’ils ont visité les vergers commerciaux de Alassane Koné, Deydou Diamouténé et Abdoul Karim Sanogo. A cette liste s’y ajoutent des sous-projets: embouche bovine pour David et Yaya, transformation de l’anacarde pour Namaro Coulibaly et le séchage de mangues chez Youssouf Coulibaly. Parallèlement, la mission a rencontré les acteurs des filières bétail, viande, mangues et pommes de terre.
Au cours de la rencontre avec les acteurs de la filière mangue, le Président, Moctar Fofana, a fait remarquer que la campagne s’était déroulée difficilement à cause de la crise ivoirienne. «La crise ivoirienne n’a pas permis d’exporter le quota prévu, entraînant ainsi des pertes de production au niveau des champs, dans les magasins et sur le marché européen», a-t-il déploré.
Des acquis qui restent à consolider
Au terme de la mission, la chef de mission de la Banque Mondiale, Mme Yéyandé Kassé Sango, a confié à la presse que le projet arrivait à maturité, malgré le retard accusé dans le choix des opérateurs. «Il y a quelque chose de nouveau. On ne connaissait pas la papaye solo, on ne connaissait que la grosse papaye. Nous avons donc fait venir des experts et, déjà, à Ségou il y a eu une première production. A Mopti, on a vu des unités laitières qui expérimentent un mode d’élevage différent. A Sikasso, dans le domaine de l’embouche, on enregistre la naissance d’entreprises rurales d’un type nouveau. C’est tout un travail à faire pour changer les mentalités et les méthodes» a-t-elle ajouté.
Concernant l’apport des technologies nouvelles, à l’exemple du «goutte à goutte», Mme Yéyandé Kassé Sango dira que c’est un investissement assez cher, avant de rassurer son auditoire, «on a un package qui fait accroître le rendement». Pour conclure, elle dira: «les promoteurs sont bons et engagés. Leurs seuls besoins sont d’être formés et suivis».
Le Coordinateur du PDCA, emboîtant le pas à la représentante de la Banque Mondiale s’est voulu rassurant. «Le projet est satisfaisant. Beaucoup de résultats pertinents ont été enregistrés: une nette amélioration de la productivité et la valorisation de nos produits, grâce à l’introduction des technologies de transformation. Aujourd’hui, nos opérateurs sont compétitifs sur les marchés nationaux et internationaux. Certes, beaucoup de résultats positifs ont été atteints, mais, cependant, il reste à consolider les acquis et à élargir et à accélérer la diffusion des bonnes expériences pour obtenir davantage d’impacts sur les filières».
Concernant la filière mangue, Dr. Gagny Timbo affirmera que des innovations très satisfaisantes ont été apportées pour résoudre deux contraintes importantes: la mise à la disposition de plants qui n’existaient pas au Mali (aussi fallait-il produire des plants de qualité et réduire le temps de production de ces plants) et l’irrigation de précision. Deux technologies appropriées à des vergers homogènes. Grâce à celles-ci, soutiendra-t-il, le rendement s’est accru et le temps nécessaire pour les vergers avant de produire s’est sensiblement réduit. D’autre part, on a orienté la production vers les marchés.
Concernant la transformation, le Coordinateur affirmera que le PDCA a apporté son appui à la formation des artisans maliens qui fabriquent des fourneaux. «Aujourd’hui, le Mali exporte annuellement entre 26 et 30 tonnes de mangues séchées, au lieu de 5 tonnes auparavant. Les marchés internationaux sont pénétrés et le produit est de meilleure qualité. Nous avons donc décidé de passer à l’étape semi-industrielle».
17 000 tonnes de mangues exportées en Afrique et en Europe en 2010
Et le Coordinateur du PDCA de préciser qu’en ce qui concerne la mangue fraîche, la Plaza (plantation sans arrosage) a été mise en place, ce qui permet de booster la production et la commercialisation. Avec l’installation de grandes plaques de conditionnement, la mangue fraîche est désormais mieux exportée vers l’Europe. En 2009, le Mali a exporté 6 500 tonnes de mangues fraîches contre 17 000 tonnes de exportées en Afrique et en Europe en 2010. Ce qui donne un chiffre d’affaire de 8 à 12 milliards de FCFA, faisant ainsi de la mangue le premier produit d’exportation de notre pays. Il ne faut pas oublier, pour ce qui concerne la pertinence de ces statistiques, que la mangue du Mali n’était pas présente sur le marché européen jusqu’à une date récente.
Concernant les échalotes, le PDCA, selon Dr. Gagny Timbo, a travaillé sur 3 plans: les semences, la disponibilité des variétés, demandées et reçues à temps, et, enfin, l’irrigation, avec l’introduction de la technique du «goutte à goutte».
Pierre Fo’o Medjo,
Envoyé spécial