Paradoxe de la filière mangue au Mali : Entre difficultés et résilience

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Considéré comme l’un des plus grands producteurs de mangue au monde avec une production annuelle avoisinant 575.000 tonnes par an et un revenu estimé à 7.068.745.966 milliards pour l’économie nationale, le Mali a su tirer son épingle du jeu dans un secteur qui lui donne pourtant du fil à retordre. En effet, la filière-mangue est l’une des plus prisées au Mali avec ses principaux bassins de production que sont les régions de Ségou , Kayes, Koulikoro, quelques zones périphériques de Bamako et enfin Sikasso première avec une concentration de 90% de production. Une quinzaine de sociétés exportatrices de mangues fraîches (stations de conditionnement) localisées à Bamako et à Sikasso assure l’exportation des mangues fraîches vers l’Afrique et l’Europe. Cependant, malgré sa bonne réputation, la filière la plus privilégiée parmi les fruits maliens est confrontée à d’immenses difficultés que sont, entre autres : son manque de compétitivité en termes de qualité d’exportation du fait de l’enclavement et de la continentalité du pays, le problème phytosanitaire, le problème du dérèglement climatique, l’amateurisme des travailleurs du secteur et – par-dessus tout – le problème de financement. Cette conjugaison de problèmes influe négativement sur l’exportation de la mangue malienne et profite royalement à d’autres pays africains et européens qui importent notre production, la commercialise en tirant un meilleur profit.

Par ailleurs, le Mali a démontré sa capacité de résilience en dépit de ces obstacles et demeure sans conteste l’un des plus grands viviers de la sous-région. À en croire les études statistiques, mais également les propos de l’inspecteur phytosanitaire /DNA monsieur Dramane Diarra, au point de vue potentiel de production le Mali arrive largement en tête. Même s’ il en résulte qu’il devrait, pour rester performant, respecter avec rigueur le nouveau règlement phytosanitaire de l’Union européenne (UE) introduisant de nouvelles règles pour prévenir l’introduction et la propagation de parasites et de maladies dans son espace géographique.

Sur un autre plan, la filière mangue est une véritable aubaine en ce sens qu’elle est pourvoyeuse d’emplois à travers la création de petites moyennes et grandes entreprises dans un pays où le taux de chômage dépasse l’entendement. À Yanfolila, par exemple, on assiste depuis quelques années à une adaptation intelligente des producteurs à la nouvelle réalité du marché par le greffage d’autres variétés de mangues comme le Kent, Keitt, Amélie, etc., qui sont des variétés les plus exportées et qui accroissent les revenus des producteurs de cette zone.

Selon Fatou Diome, « Dans un désert on peut toujours tomber sur un oasis». Et l’oasis malien dans la sinistrose actuelle peut être la filière mangue. Il faut alors éviter de ternir l’image reluisante du pays en termes de production de qualité d’exportation et de transformation (sirop de mangue, confiture de mangue, nectar ou jus de mangue, le sechessage de mangue qui s’exporte très bien). Pour cela, l’Etat et le ministère et les départements en charge de l’agriculture malienne doivent conjuguer leurs efforts pour renforcer les compétences des producteurs, personnels de stations sur les nouvelles procédures d’inspection, de contrôle et de certification afin de satisfaire aux exigences des différentes destinations de la mangue malienne.

 

Ousmane Tiemoko Diakité

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