à Baguinéda, l’état végétatif des cultures et l’aspect général des champs sont jugés bons.
Depuis quelques se-maines les paysans, de plusieurs localités à l’intérieur du Mali, qui ont semé les céréales sèches scrutent désespérément le ciel qui semble les avoir sevrés de pluies. Les cultivateurs n’ont pas enregistré une seule goutte de pluie depuis déjà plusieurs semaines. Dans une grande quantité de champs, les espoirs de bonne récolte pour les cultures pluviales (mil, sorgho, fonio, maïs, arachide, sésame, niébé) pourraient être compromis. Le dicton qui dit : « aide toi, le ciel t’aidera » se justifie aujourd’hui par rapport aux angoisses paysannes sur un hivernage désastreux. Les cultivateurs de Baguineda sont sereins. Les cultures irriguées de cette localité ne sont pas soumises au même stress hydrique qu’ailleurs.
Les 2993 exploitants de l’Office du périmètre irrigué de Baguineda (OPIB) se sont fixés un objectif de réalisation de 15.915 tonnes de céréales, rien que dans les parcelles en maitrise totale de l’eau. Sur le terrain, l’état végétatif des cultures et l’aspect général des champs sont jugés bons par le service d’encadrement. Les paysans qui ont respecté le calendrier agricole ont déjà commencé à récolter leur champ. Les retardataires vont attendre quelques jours, voire quelques semaines pour enlever le riz des parcelles.
Le Directeur général de l’OPIB, Seydou Bassié Touré est satisfait de l’allure de la campagne. « Les objectifs seront atteints cette année », promet-il. Rien n’a été oublié pour atteindre les objectifs de réalisation. Pour mettre l’engrais à la disposition des producteurs au bon moment, la société Toguna SA a été commise pour ravitailler le périmètre irrigué en collaboration avec les différentes organisations faitières de l’Office. Le drainage de l’eau n’est plus un souci parce que le revêtement du canal est achevé. Le revêtement du canal était nécessaire en raison de la perte d’eau de près de 30 %. L’eau n’est pas encore totalement sécurisée. Le canal est mis à point, mais les réseaux secondaires constituent le talon d’Achille du système d’irrigation, notamment, en ce qui concerne le partage de l’eau. A ce niveau, Lassine Dembélé, le directeur général adjoint reconnaît le grand désordre dans la distribution de l’eau. Il précise que les paysans ne sont pas suffisamment organisés pour éviter les conflits. Il faut ajouter le soutien de l’Office de protection des végétaux (OPV). Il a fourni des solutions aux paysans pour lutter contre la cécidomyie. Cet étrange insecte nuisible, peu connu chez nous, est un sérieux ravageur du riz. Cette maladie a été révélée dans certains pays lointains asiatiques comme le Bangladesh, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la République démocratique populaire du Laos, le Myanmar, le Népal, le Pakistan, le Sri Lanka, la Thaïlande et le Viet Nam.
En Afrique, l’espèce Orseolia oryzivora devient de plus en plus menaçante. Sa présence a été également signalée au Cameroun, au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Libéria, au Niger, au Nigéria, au Sénégal et au Soudan. L’espèce a besoin d’une humidité élevée et d’un assombrissement du climat pour être en parfait état de nuire. Le riz de bas-fond est plus atteint que le riz d’altitude.
Sous contrôle. Heu-reusement que des mesures importantes ont été prises par la Direction de l’Opib pour minimiser les dégâts. Aujourd’hui, la situation est sous contrôle, selon Seydou Bassié Touré. Au cours de la campagne précédente, l’Opib a assuré avoir réalisé 9.507 tonnes en riz. Il a également déclaré un rendement moyen de 3,7 tonnes à l’hectare. Cette année, la structure d’encadrement entend produire 15.915 tonnes pour un rendement de 5,8 tonnes à l’hectare. L’Opib est entièrement situé dans la commune rurale de Baguinéda Camp. La superficie de la zone est de 19.708 hectares répartis entre deux zones.
La première zone est irrigable et occupe 4.500 hectares dont 2.700 hectares sont aménagés en maitrise totale de l’eau et quelques 379 hectares aménagés en maitrise partielle. Cette zone est dominée par un canal principal de 44 km allant de Missabougou (Barrage de Sotuba) à Tanima. La deuxième zone est exondée. Essentiellement occupée par les cultures sèches, les plantations, les pâturages, elle s’étend sur 15.208 ha. La difficulté actuelle de cette bande est qu’elle est, petit à petit, grignotée par les autorités municipales qui octroient des parcelles à usage d’habitation. Cette inquiétude préoccupe sérieusement le Directeur général de l’Opib qui estime que « si rien n’est fait pour arrêter ce phénomène, la culture du Nerica (le riz pluvial) ne sera plus possible à Baguineda dans 2 ou 3 ans ». L’autre inquiétude soulevée par Seydou Touré est le manque de main d’œuvre locale. « Tous les jeunes des villages ambitionnent de remonter sur Bamako », constate le patron du périmètre. Il mise gros sur la mécanisation agricole. Elle constitue la seule solution à la crise de main d’œuvre.