Le Mali ambitionne de mécaniser l’agriculture sans les vrais acteurs de la mécanisation. L’opération Tracteurs, subventionnée par le gouvernement à hauteur de 50%, va vers un échec total.
À travers cette opération, 1000 tracteurs seront distribués alors que le Mali ne dispose pas de 500 tracteurs. Nous avons en notre possession un document de l’Union des Coopératives multifonctionnelles de production et d’utilisation de matériels agricoles du Mali (U C M P U M A M) et du Réseau d’unités mobile de maintenance de tracteurs (R U M MT), qui explique l’échec programmé de l’opération Tracteurs, d’autant que l’opérateur choisi ne dispose d’aucun technicien pour faire son travail. Des pays comme le Tchad, le Niger ou encore le Sénégal font recours aux techniciens maliens, les meilleurs du contient, alors que dans leur propre pays, ils sont exclus totalement.
Point de la mécanisation au Mali
La présente note n’a point pour but de démasquer les maux qui minent la politique de mécanisation encore moins un procès contre qui que ce soit, mais plutôt l’identification des partitions que les uns et les autres devraient jouer pour accompagner la stratégie de motorisation enclenchée par les hautes autorités du pays. Par conséquent, la motorisation de notre agriculture se veut désormais irréversible pour atteindre les objectifs de sécurité alimentaire et concomitamment faire du Mali un exportateur potentiel de produits agricoles en plus du coton.
Au plan des instituions, plusieurs scénarii ont été mis en place, mais malgré tout, le constat s’est ramené au manque de lisibilité en matière de mécanisation agricole. C’est la raison pour laquelle, en 2002, le gouvernement malien a invité une réflexion visant l’élaboration d’une stratégie de la mécanisation soutenue par la FAO. Cette stratégie de mécanisation agricole au Mali s’inscrit dans le cadre des grandes orientations du gouvernement précisées dans le Schéma Directeur du Développement Rural adopté en 1992 et actualisé à mi-parcours en 2000. Cette stratégie se focalise également sur le rôle que doit jouer le secteur privé pour qu’il soit en mesure d’offrir aux paysans les équipements nécessaires ainsi que le service adéquat et d’une manière durable.
Cet acteur doit disposer de la qualification appropriée aussi bien technique que de gestion en vue d’assurer un travail de qualité, d’être doté des moyens nécessaires et opérer dans un environnement pour une meilleure productivité avec un revenu lui permettant d’assurer sa durabilité. Il a besoin de travailler dans un environnement de compétition où ses différentes activités pourront devenir rentables sans souffrir d’une concurrence déloyale. En effet, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’Union aujourd’hui se trouve être la vitrine du Machinisme Agricole au Mali pour ceux qui ne le savent pas ; nous entendons par-là la structure sur le terrain chargée d’élucider et de manager tous les courants relatifs à la mécanisation agricole.
L’objet visé par la présente note réside tout simplement dans le fait de donner à l’Union la place qui lui est due dans la mise en œuvre de la politique de mécanisation. Cette Union au départ n’était composée que d’anciens conducteurs de tracteurs formés par le Centre d’Etudes et d’Expérimentation du Machinisme Agricole (CEEMA) sis à Samanko qui n’est aujourd’hui que l’ombre de lui-même.
Les missions dévolues à ce centre sont les suivantes : test d’équipement de fabrication locale ou d’origine étrangère sanctionné par un rapport d’homologation avant sa vulgarisation à grande échelle ; formation des utilisateurs de matériels agricoles (conducteurs de tracteur, mécaniciens, moto pompistes, opérateurs de matériels de récolte et de post-récolte) ; forgerons villageois à la fabrication du petit matériel à traction animale et artisanal. Études des technologies renouvelables (biogaz, pompe aquarienne pour le Nord). Étude des normes d’utilisation des matériels sur le plan technique, social et économique (conduite pratique d’un matériel en fonction de la zone écologique).
Ce centre a formé plus de 500 conducteurs et agents techniques agricoles en machinisme agricole. L’usine d’assemblage des tracteurs indiens implantée à Samanko, à côté du CEEMA, n’est pas un fait du hasard. Plusieurs projets sont passés au CEEMA. Malheureusement, ces projets ont été d’une durée éphémère et les bailleurs n’investissent pas beaucoup dans les infrastructures et équipements. Au bout du compte plus rien ne reste après projets.
Il n’existe plus de vrais spécialistes de Machinisme Agricole de CEEMA.
En un moment T, pour des raisons inavouées, le CEEMA, qui relève de la Division du Machinisme Agricole sur DNGR, a été rattaché à l’IER. Les activités du CEEMA ne figurant pas à l’agenda de l’IER de par la diversité des activités, le CEEMA est ainsi resté en parent pauvre, car n’ayant aucune autonomie de gestion lui permettant de voler de ses propres ailes. Il n’y a plus rien au CEEMA, excepté les infrastructures et quelques équipements dans un état d’obsolescence. Récemment, il n’y avait qu’un Ingénieur Chercheur qui doit aller à la retraite en fin 2017. Il restera 2 anciens cadres techniciens.
Au niveau de la Division de mécanisation, rendue à sa plus utile expression, une petite section logée au sein de la DNGR, il n’y a qu’un seul ingénieur et au niveau régional, il n’y a rien. Depuis l’Opération Team 9 en 2006 avec Mahindra jusqu’en 2016, les tracteurs qui ont été distribués (Mahindra et Foton de Toguna font partie de l’Opération 1000 tracteurs du Président de la République). Cette année, 100 tracteurs Mahindra et 200 de Toguna sont annoncés pour la prochaine campagne.
De notre point de vue, le tracteur TAFE de l’AID est, jusqu’à preuve du contraire, la meilleure marque mais malheureusement, cette marque n’est pas encore entrée dans le cercle de la subvention. Au moment où le pays s’engage dans la motorisation classique, sinon intégrale, il y a lieu par conséquent d’ériger l’actuelle structure de mécanisation en Direction Nationale avec ses démembrements régionaux et locaux. Ce qui exige par conséquent, la formation des spécialistes en mécanisation et le plus rapidement que possible. L’actuelle structure n’a en son sein qu’un seul Ingénieur et rien dans les régions. C’est pour dire que cette structure se meurt. La situation la plus inquiétante est que le CEEMA de Samanko, qui a constitué la vitrine du Machinisme Agricole, est vidé de son contenu, et qui a jadis amené le niveau de la mécanisation où il est aujourd’hui. Plus de 39 prototypes de matériel de toutes catégories ont été testés, homologués par ses soins. Il ne reste aujourd’hui au CEEMA qu’infrastructures et équipements vétustes.
Pour cela, il faut : restructurer et redynamiser les structures existantes centre de Samanko (à rattacher à la Direction du Machinisme Agricole) ; mettre en place un fonds de recherche en mécanisation ; former les chercheurs en mécanisation ; mettre en place un programme d’appui conseils aux acteurs de la filière.
La formation doit : favoriser la création de nouvelles structures de formation ; organiser et conduire les sessions de formation continue au bénéfice des différents acteurs de la filière ; former les bénéficiaires des équipements ; dynamisation du réseau de distribution et de prestation de service Centres Ruraux de Prestation (CRP). Identifier les prestations de service à réaliser en matière d’utilisations des équipements agricoles.
À l’heure actuelle, l’UCMPUMAM se trouve être la structure de mécanisation sur le terrain prenant le relais de l’ex-division et du CEEMA de Samanko. Cette structure est composée d’anciens cadres de l’ex-division du machinisme agricole et du CEEMA de Samanko.
Cette Coopérative d’Utilisation de Matériels Agricoles a eu à démarcher essentiellement les Concessionnaires de Matériels Agricoles Motorisés à l’instar de Mali Tracteurs et de Toguna, dans le but de tisser des rapports de collaboration, mais en vain. L’Union a soumis à différents niveaux en passant par l’APCAM un programme national de formation des utilisateurs directs de tracteurs, mais à présent, aucune réaction. Ce programme vise essentiellement à sauver l’Opération 1000 tracteurs du président de la République en termes de renforcement de capacités des acteurs et de maintenance des équipements motorisés.
Il existe un manque criard de spécialiste en machinisme agricole du sommet jusqu’à la base.
Au Ministère de l’Agriculture : aucun conseiller attitré en mécanisation agricole ; au niveau de la Chambre d’Agriculture (APCAM), il n’existe pas un seul spécialiste en mécanisation. Au niveau de la Commission des tracteurs, il n’y a qu’un seul spécialiste de machinisme agricole.
Concernant la qualité des tracteurs, de notre point de vue, en spécialistes avisés, le tracteur TAFE s’avère la meilleure marque, mais comme je l’ai dit tantôt, n’a pas encore accès au cercle de la subvention. Aucune mesure d’accompagnement n’a été entreprise en direction de ces nouveaux tracteurs (Mahindra de Mali tracteur Samanko et Foton de Toguna). Si des dispositions ne sont pas prises pour endiguer ce fléau, les tentatives d’équipements des producteurs, prônées par le gouvernement, risquent de se solder par des échecs cuisants.
C’est pourquoi l’Union, bien qu’elle n’ait pas les moyens de sa politique par manque de financement, voudrait néanmoins faire connaître à travers le présent document son expertise en mécanisation agricole, afin de faire prendre en compte ses préoccupations en matière d’accompagnement de l’Opération 1000 tracteurs du président de la République.
Adama FOMBA
Le président de la Commission spécialisée du machinisme
La politique agricole est médiocre au Mali, Les tracteurs c’est juste un vaste mouvement de publicité visant à faire croire qu’il y a réellement un développement agricole.
Les tracteurs sont subventionnés alors qu’il y’a un manque de pièces de rechange. Nos paysans et les conducteurs de tracteurs n’ont aucune formation en machinisme agricole,d’où un échec de ce projet d’équipement.
De 1992 à 1996 plus d’une quarantaine d’ingénieurs en machinisme agricole sont rentés au Mali. Parmi eux certains à peu 4-5 ont eu leurs PhD malheureusement ils ont tous été en chômage. AINSI VA LE MALI.
Bonne analyse. C’est toujours comme ça au Mali. On met toujours la charrue avant les bœufs. Ce qui fait que tous les projets sont voués à l’échec. A quoi sert de donner un tracteur à quelqu’un s’il ne peut pas le réparer en cas de panne. Que Dieu fasse que vos remarques tombent dans de bonnes oreilles et qu’il rectifient à temps ou solutionnent le problème avant qu’il ne soit trop tard. Que Dieu sauve le Mali.
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