Le riz constitue 17 à 20 % de la consommation céréalière au Mali et représente 6 % du budget de consommation des ménages. A cet effet, il joue un rôle essentiel dans l’alimentation des populations, ce qui lui confère une place stratégique dans la production céréalière du Mali et l’ORM occupe une place importante dans cette production.
Ainsi, le bureau du Vérificateur Général a, en vertu des dispositions de l’article 2 de la Loi n°03-030 du 25 août 2003 l’instituant, effectué une mission de vérification de performance de l’Office Riz Mopti.
Malgré quelques notes de performances signalées dans ce rapport de 2011, la mission signale des graves irrégularités qui sapent les efforts des autorités pour l’atteinte des objectifs de lutte contre l’insécurité alimentaire.
En effet, l’Office Riz Mopti ne dispose d’aucun acte juridique sur les immeubles bâtis et les terres agricoles qu’il exploite. L’Etat n’a pris aucun texte législatif ou réglementaire d’affectation à l’ORM. Par conséquent, les casiers rizicoles proches des zones urbaines font l’objet d’attributions irrégulières de parcelles d’habitation par les communes pour une superficie totale de 299 hectares.
En matière d’exploitation de parcelles, l’ORM a réalisé en moyenne 93,65% des objectifs assignés par le contrat-plan
Le contrat-plan 2007-2009 stipule en son point 4-2-3 que l’accent doit être mis sur l’exploitation efficiente des parcelles. Les objectifs assignés à l’ORM par le contrat plan ne sont pas atteints. Ainsi, l’ORM n’a pas exploité 1 100 ha en 2007-2008, 992 ha en 2008-2009, et 2 805 ha en 2009-2010.
A chaque campagne, environ 10 000 hectares aménagés échappent à l’exploitation de l’ORM.
Le potentiel de l’ORM est de 39 080 hectares, dont 33 820 réservés à la culture du riz. Les superficies exploitées en riziculture en 2008, 2009 et 2010 ont été respectivement de 23 605 ha, 24 668 ha et 23 795 ha, soit une superficie annuelle moyenne inexploitée d’environ 10 000 hectares.
Le Petit Périmètre Irrigué Villageois de Syn et les casiers de Sarantomo, ayant bénéficié d’importants investissements, sont inexploités.
Le Petit Périmètre Irrigué Villageois de Syn (50 hectares), réceptionné en 2008 pour faire la double culture, n’est pas opérationnel en période de contre-saison. De même, les plaines de Sarantomo (1 600 hectares) sont inexploitées bien qu’elles aient bénéficié d’ouvrages, de canaux et de digues.
L’ORM ne dispose pas d’un personnel suffisant et qualifié
Il apparaît aussi des cas d’inadéquation entre les postes et les profils des agents. Aussi, les besoins identifiés par la Section du Personnel sont de 25 agents, dont des Ingénieurs d’Agriculture et du Génie Rural, des Techniciens d’Agriculture et du Génie Rural, un Juriste et un Comptable.
Les contrats-plans État/ORM/Producteurs de 2007-2009 et 2010-2012, qui imposent d’ambitieux objectifs de production à l’Office, ne définissent aucune orientation en matière de gestion des ressources humaines.
Ainsi, d’ici à l’horizon 2015, 38 agents, soit 30% de l’effectif actuel, doivent faire valoir leurs droits à la retraite d’où la nécessité d’une véritable planification en matière de gestion des ressources humaines.
Les activités de formation prévues ne sont pas réalisées, autant pour le personnel que pour les animateurs villageois. Depuis 2008, ces derniers n’ont reçu aucune formation organisée par l’ORM. Cette situation résulte des manques de budget alloué à ce volet.
Les avantages accordés au personnel de l’Office se résument aux primes de responsabilité, allant de 7 500 FCFA pour les Chefs de Zones d’Alphabétisation Fonctionnelle (ZAF) à 30 000 FCFA pour le Directeur Général.
Les chefs de casier reçoivent mensuellement 4 tickets de carburant de 5 000 FCFA, pour couvrir une zone d’un rayon de 250 km et composée d’une vingtaine de villages. Quant aux chefs de ZAF, ils bénéficient de 3 tickets de carburant de 5 000 FCFA pour couvrir la même zone.
Les moyens de déplacement des agents sont insuffisants et ceux-ci, utilisent, pour beaucoup d’entre eux, leurs propres moyens (mobylettes en général) pour les besoins du service.
Les centres d’alphabétisation de Tiroguel, Missira, Diambacourou et Madiama sont en état de délabrement avancé. Il s’ensuit un manque de motivation des animateurs et des auditeurs (producteurs), qui, en définitive, abandonnent les activités de formation.
La diversification des produits agricoles fait partie des engagements de l’ORM dans le contrat-plan. Or, les cultures sèches, les légumineuses alimentaires et les cultures émergentes enregistrent une réalisation moyenne de 60% des prévisions, du seul fait des producteurs. Les actions de l’ORM ne consistent qu’en la compilation des informations statistiques sur ces productions.
Le manque d’activités génératrices de revenu
La pratique des activités génératrices de revenus comme la poterie, la teinture et la savonnerie, n’a enregistré aucune réalisation.
Au titre de l’appui aux couches vulnérables (femmes et jeunes ruraux), 4 activités sur 13 programmées pour la période 2007-2008, n’ont connu qu’un début de réalisation avec des taux variant entre 7% et 33%. Durant la campagne 2008-2009, 8 activités sur 13 programmées ont connu un début d’exécution.
Enfin, en 2009-2010, sur 13 activités programmées, 7 ont connu un début d’exécution, 4 ont enregistré un niveau de réalisation variant entre 60% et 140% et 2 n’ont pas été exécutées.
En l’absence d’un dispositif de commercialisation, l’ORM n’a pu faire agréer par les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) que 4 dossiers de prêt pour la commercialisation.
Au total, 1651 demandes de crédits de campagne ont été financées. Toutefois, le comité de suivi des crédits mis en place par l’ORM n’a évalué que 259 dossiers de crédit, soit 15,7%.
Les activités du plan de communication des années 2008 et 2009 n’ont pas fait l’objet de prévision budgétaire. Toutefois, en 2008, sur 5 activités prévues, 4 ont été réalisées. En 2009, sur 10 activités programmées, 4 ont été exécutées. En revanche, en 2010, l’ORM disposait d’un budget prévisionnel de communication. Sur les 11 activités prévues, 4 ont été réalisées. Il s’ensuit une régression de 80% à 36% du taux de réalisation pour la période sous revue.
N’ayant pas mis en place une comptabilité, l’ORM n’a pu fournir à l’équipe de vérification les informations comptables nécessaires à la justification de l’exécution des activités de communication. En outre, la mission a constaté que l’ORM a signé deux contrats distincts en vue de l’élaboration d’un seul plan stratégique de communication.
Dieudonné TEMBELY