Les officiels rechignent à annoncer la baisse drastique, cette année, de la production de coton au Mali. Une baisse drastique dans une perspective inéluctable de la privatisation de la Cmdt en 2008. Le président ATT s’est engagé fermement, sans retour à cela. Mis l’un dans l’autre- baisse de la production et privatisation-, au-delà des 3 millions de Maliens qui vivent du coton, c’est toute l’économie malienne qui s’en ressentira.
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Nous les observateurs s’accordent au moins sur un point : la baisse drastique de la production du coton au Mali. L’une des raisons connue est, le début tardif couplé à l’arrêt précoce des pluies dans la plupart des zones cotonnières. Mais, on ne le dira jamais assez, le monde des coton-culteurs malien est gagné par le découragement voire même la déprime. C’est le lieu de rappeler, depuis plusieurs années, les prix du coton sont assis sur du sable mouvant. Ils sont en effet indexés aux cours mondiaux du coton. L’époque des prix plancher et des prix plafond fixés par l’Etat qui en assume toutes les conséquences est donc bien révolue.
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Les paysans maliens sont désormais contraints d’attendre les chiffres affichés sur les écrans des ordinateurs- qu’ils n’ont pas !- à travers Internet. La seule et unique assurance est qu’ils sont certains de pouvoir vendre. Et l’intégralité de leur argent leur sera versée grâce à un crédit de campagne de plusieurs centaines de milliards CFA que lève chaque année un pool bancaire emmené par la Bdm.Sa. Assurés donc de vendre, mais quel prix ? Comme nous l’avons dit, cette énigme des prix est source majeure de démotivation et de déprime.
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Nous avons eu la preuve que, personne ne veut s’aventurer à avancer un chiffre pour la production de cette campagne en cours.
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Pour un pays dont la production a culminé à près de 600 000 tonnes, difficile n’est-ce de parler de 200 à 250 000 tonnes. « Ce sera tout au plus ça », nous a confié une personne bien introduite dans le secteur. Le Mali dégringole donc de son envié trône de premier producteur africain. Et le plus dur à craindre, c’est de voir l’économie malienne toute entière précipitée dans un abîme profond.
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Le coton est certes relégué au troisième rang des produits d’exportation du Mali. Loin après l’or et après le bétail. Mais, c’est quand même le lieu de rappeler que le coton est, de loin, le plus grand pourvoyeur d’emplois au Mali. Et plus de trois millions de Maliens vivent directement ou indirectement de la production du coton. Autrement dit, le coton, même en crise depuis plusieurs années de suite, représente toujours un pan entier de l’économie nationale.
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Mais, la société qui commercialise le coton malien, en occurrence la Cmdt est devenue, au fil des ans, une lourde charge pour l’Etat. Au lieu que l’Etat tire des bénéfices de sa compagnie, c’est au contraire lui qui la subventionne à hauteur de 6 milliards Cfa par an. La Cmdt, une compagnie qui, malgré tout, affiche aujourd’hui un déficit cumulé de plusieurs dizaines de milliards Cfa. La vache à lait est devenue un vrai lourd fardeau.
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C’est dans ce contexte que l’Etat malien s’est engagé à restructurer le secteur coton malien. Et surtout, à vendre la compagnie Cmdt. Le président ATT, après avoir obtenu un premier report, s’est engagé à vendre la Cmdt dans les mois à venir, c’est-à-dire en 2008. Les paysans le savent-ils ? Même la promesse qui leur a été faite de prendre des parts dans le capital de la nouvelle Cmdt n’a pu rassurer les paysans pour l’avenir. Voilà une autre raison de la démotivation et de la déprime !
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C’est l’année où elle est promise à la vente que la Cmdt affiche une réduction drastique de sa production. Or, la plus élémentaire des règles en économie est de ne jamais mettre sur le marché un produit (la Cmdt) déprécié. En plus, cette vente devait intervenir dans un contexte actuel où l’actionnaire français de la Cmdt, en occurrence Dagris, est dans la tourmente, lui aussi est mis en vente mais sans avoir encore eu de preneur. Or, le moins que l’on puisse affirmer est que, la France a joué un grand rôle pour retarder l’échéance tant redoutée de la privatisation du coton ouest africain, dont celui du Mali.
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Belco TAMBOURA
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