Marché des céréales au Mali : Améliorer le secteur du blé

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La commercialisation et la consommation des céréales au Mali obéissent à un processus préétabli et précis. Les opérateurs économiques constituent actuellement l’élément principal du système de commercialisation. Ils assurent la collecte, la distribution et aussi l’importation et l’exportation des céréales pour les demandes locales, régionales et internationales.

Le marché est organisé en réseaux composés de grossistes, de semi-grossistes, d’assembleurs et de détaillants. Les assembleurs opèrent dans les zones de production et utilisent les collecteurs pour rassembler des céréales au moment des foires rurales auprès des producteurs. Les assembleurs constituent le premier maillon du système de commercialisation.

Les grossistes constituent le deuxième maillon très important du système car ils assurent le financement. On les trouve généralement dans les grands centres de regroupement de céréales comme Sikasso, Ségou, Mopti, Niono et Koutiala. Ces grossistes constituent le moteur du système avec leurs fonctions de regroupage des céréales offertes par les assembleurs, le transport, le stockage et le financement de ces différentes activités. Il existe des grossistes dans les zones de production comme Koutiala et les grossistes des villes comme Bamako. Les grossistes jouent un grand rôle dans la distribution de céréales dans le pays à travers les semi-grossistes et les détaillants.

Les semi-grossistes ont principalement un rôle de distribution. Ils achètent avec les grossistes pour vendre aux détaillants et aux consommateurs. Les détaillants constituent le dernier maillon, et on les retrouve généralement dans les zones urbaines. Ils vendent au détail aux consommateurs à revenus limités.

L’OPAM intervient actuellement sur le marché uniquement pour la constitution du stock national de sécurité alimentaire et la gestion des aides alimentaires. Le stock est essentiellement constitué du mil et du sorgho.

Comment améliorer le secteur du blé au Mali ?

Le blé malien se trouve dans une situation où il fait face à la concurrence de deux types de blé

Importés. D’abord, le blé européen (principalement d’origine française) libellé dans une monnaie à parité fixe avec le FCFA et qui bénéficie d’une subvention à la production estimée à l’heure actuelle à environ 40 FCFA / kg. Et ensuite, le blé importé de diverses origines (Amérique du Nord, Mer Noire) libellé dans une monnaie (l’US$) en forte dépréciation vis à vis du FCFA.

Face à cette situation, pour laquelle les producteurs maliens ne peuvent avoir que peu d’influence, le blé malien possède toutefois des atouts non négligeables, à moyen et long terme. Il existe une véritable tradition de la culture du blé dans la région de Tombouctou, les producteurs connaissent bien ses conditions de production. De plus, le blé est l’une des matières premières agricoles les moins onéreuses sur le marché et à ce titre, le coût de transport constitue une part importante de son coût total, ce qui est favorable à une production à proximité des lieux de consommation. Le désenclavement progressif des zones de production du blé au Mali et le contexte de forte hausse des coûts de transports internationaux liée à l’augmentation, vraisemblablement durable, du prix du pétrole, constitue un avantage comparatif pour le Mali.

Ainsi, bien que la situation actuelle et les perspectives à court terme soient relativement peu favorables, un plan d’action pour le développement de la filière serait de nature à positionner la production de blé malienne dans une situation favorable à moyen terme.

Un plan d’action pour l’amélioration de la compétitivité du blé malien et le développement de la filière blé devrait viser à aboutir entre autres : à l’amélioration des rendements en blé (productivité supérieure à 4 T / ha), à la baisse des coûts de production, obtenue par l’augmentation des rendements et par la réduction des coûts / ha, en particulier ceux de la main d’œuvre, et à l’organisation des producteurs et la réduction des coûts de commercialisation.

Un projet de relance de la production de blé au Mali pourrait ainsi être basé sur la recherche (variétés, fertilisation, itinéraires techniques) et le conseil agricole, incluant les aspects liés à l’irrigation et à l’introduction d’équipements agricoles destinés à améliorer la productivité du travail, des actions visant à poursuivre l’organisation des producteurs, incluant les aspects crédit et commercialisation, et des investissements dans le domaine des aménagements hydro–agricoles destinés à accroître les superficies cultivées en blé.

Ahmed Thiam

 

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