Le Plan agricole 2018-2019 a réalisé un grand effort dans la dotation des paysans en intrants agricoles. La culture du riz, du maïs, du niébé, du coton, etc. est concernée par cette politique mise en œuvre au haut sommet de l’Etat. Mais avec la forte magouille entretenue par le ministère de l’Agriculture, en faveur de certains opérateurs économiques proches du RPM, l’opération est sujette à de malversations, source de discrédit.
Le ministre de l’Agriculture a pris pour prétexte la bonne pluviométrie de cette année pour traîner les pieds dans l’achat d’engrais pour les paysans dans le cadre de l’initiative riz. Mais en fait, il avait pour dessein de choisir une poignée d’opérateurs économiques proches du régime, pour approvisionner les paysans sur toute l’étendue du territoire national. Ce qui a eu comme conséquences fâcheuses, une pénurie criarde d’intrants agricoles.
Toutes les zones agricoles de l’Office du Niger, des régions de Sikasso et Koulikoro (le Mandé principalement) se sont plaints à un moment donné du manque d’engrais, sinon du grand retard dans leur acheminement. Ainsi, au mois d’août 2018, des paysans de la zone office du Niger ont battu le pavé pour dénoncer la crise d’engrais qui était en passe de détruire leurs cultures. Ces faits sont constants en dépit de la sortie médiatique de Nango Dembélé, il y a quelques jours, pour les démentir à son profit bien sûr.
Le processus d’attribution du marché pour le compte de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT) n’échappe pas aux mêmes critiques du moins, aux soupçons de favoritisme et de forfaiture. Des sources proches du dossier indiquent déjà que les dés sont pipés en faveur d’un certain clientélisme politique. Les craintes et remarques sont d’autant plus fondées que le ministre de l’Agriculture chapote le processus d’attribution du marché d’engrais avec la complicité du président de l’Assemblée permanente des Chambres d’Agricultures du Mali (Apcam), Bakary Togola. En plus de leurs casquettes, ils sont tous les deux membres du bureau politique du RPM.
Duo infernal
Le duo infernal est connu pour son appât du gain. En plus, étant du parti majoritaire, Nango Dembélé et Bakary Togola vont profiter de leur rôle de grands manitous pour faire une récompense politique à leurs amis opérateurs économiques qui ont fait une contribution significative pour la réélection d’IBK.
Il y a fort à craindre que le jeu de la saine concurrence soit contrarié par le simple fait qu’il y a des proches du régime qui sont parties prenantes de l’appel d’offre en question et qui doivent par conséquent, bénéficier du retour de l’ascenseur. La bonne vieille méthode qui consistait à ouvrir le marché à plusieurs opérateurs économiques, avec un cahier de charges assortis de quotas définis, semble bien révolue.
Le plan de campagne agricole 2018-2019 est bien huilé et pensé, à le voir sur papier. Il n’y a absolument rien à lui reprocher du point de vue stratégique. Pour preuve, chaque spéculation comme le riz, le maïs, le blé, le niébé, le mil, entre autres, en plus des cultures de rente comme le coton, aura désormais droit à sa stratégie d’approvisionnement en intrants agricoles, toute catégorie confondue. Malgré cette bonne disposition, le plan en question risque d’être un échec patent à cause de mauvais reflexes et pratiques décriés plus haut.
Chaque ministre qui passe au département de l’Agriculture arrive toujours avec son lot de magouilles, de scandales et autres affairismes dans l’attribution du marché d’engrais. Le processus est constamment vicié. Soit, il s’agit des cas d’engrais frelatés, des surfacturations ou encore des fournisseurs triés sur le volet.
L’agriculture intensive recommandée par les techniciens en la matière fait que le coût de ces nutriments pour nos sols s’élève à des centaines des milliards de F CFA. C’est pourquoi, les principaux acteurs en font d’année en année leurs choux gras pour se taper à leur tour la plus grosse part du gâteau.
La cagnotte est de plus en plus conséquente grâce au relèvement du budget destiné à l’agriculture et à l’élevage, à 15 % du budget d’Etat. Le président de la République a décidé de faire de ce secteur le moteur de l’économie nationale. La subvention de l’Etat pour les intrants agricoles se chiffre à plus de 226 milliards de F CFA pour le plan de campagne 2018-2019.
Mamourou Z Sanogo
Source Arc-en-Ciel