Les syndicats des commerçants du marché de banane ‘’Namassadankan’’ sis près du pont de martyrs de Bamako étaient face aux hommes de médias ce mercredi 15 juillet 2020 au cœur dudit marché.Motif : expliquer le comportement incitateur de certains agents de l’État vis-à-vis des occupants de ce lieu.
Ça fait près de deux ans que ce problème oppose l’État à ces syndicalistes des commerçants de l’unique marché aménagé dans tout Bamako pour la vente des fruits. Affectueusement appelé marché de banane, ce marché fournit toute la ville de Bamako et les régions du Mali en fruits. Cela fait exactement près de deux ans que l’État a décidé de construire une route de deux voies passant par l’endroit. Pour ce faire, les structures en charge des travaux exigent la récupération de 65 mètres sur un marché qui n’atteint pas, selon les syndicalistes, 95 mètres.D’où toutes les tracasseries autour du sujet par le fait que l’État ne prévoit pas non plus un autre endroit une fois que les commerçants quittent le marché. Via cette rencontre, Bourama Diarra, président du syndicat, Tahirou Barry, Bourama Mariko, Kabiné Kaba Diakité et Lassine Coulibaly, tous syndicalistes ont exprimé leur ras-le-bol par rapport à ce qui se passe actuellement.
Aux dires du président du syndicat, cela fait longtemps que la corporation syndicale est à pied d’œuvre dans l’optique d’obtenir des solutions à ce projet de construire une route de deux voies. C’est suite aux différentes courses qu’un document consensuel a fait l’objet de signature entre le secrétaire général du ministère des Domaines et des Affaires foncières et le syndicat. Ce document prévoit qu’aucun démarrage des travaux n’est possible sans l’aménagement de certains endroits pour des commerçants qui seront obligés de quitter leur place durant la période du travail. Malgré tout, le syndicaliste Bourama Diarra et ses militants ont été surpris de voir qu’une équipe a été récemment envoyée au marché pour le début des travaux. En outre, ils disent être aussi convoqués à la mairie du district de Bamako par Adama Coulibaly, agent du ministère des Domaines et des Affaires foncières ; Siaka Sangaré, agent de la direction nationale des routes, et un certain Moussa de la mairie du district de Bamako. « Le 8 juillet 2020, nous avions été convoqués par ces trois agents. Ils nous demandaient de répondre à cette convocation ce 14 juillet. En raison de la situation du pays, ils nous ont encore appelés pour dire que c’est annulé”, explique le syndicaliste Bourama Diarra qui ne cache pas son intention :« Déjà le pays va mal, ajouter cette situation à celle que nous traversons insinue la destruction pure et simple du Mali.Nous ne nous opposons pas à la construction de cette route, mais nous demandons à ce qu’on respecte le document signé par le ministère ».Puis d’être on ne peut plus clair :« Jamais,nous n’allons accepter que ces trois agents violent ce document par le démarrage des travaux ».
Pour Tahirou Barry, “nous sommes contre cette violation de règle et préférons mourir que d’accepter le démarrage des travaux”. Ému de la violation du document, Tahirou se demande si ces agents de l’État aiment réellement ce pays. D’après lui, les gens ne sauront plus où aller lorsqu’ils quitteront ce marché. À l’en croire, il vaut mieux détruire leurs maisons que de détruire ce lieu.
À entendre Lassine Coulibaly, plus de 10.000 citoyens,des veuves et des orphelins se nourrissent grâce à ce marché. Abordant dans le même sens, Kabiné Kaba Diakité argue que ce marché existe depuis le temps de Maridjè Niaré, l’un des premiers fondateurs de Bamako. De Modibo Keita à Amadou Toumani Touré, il explique comment les commerçants du marché ont été installés dans les différents endroits choisis par les autorités du pays. Âgé de plus de 60 ans, Kabiné explique que les commerçants se sont installés dans cet endroit sur la base d’un document authentique délivré par l’ex-président Moussa Traoré. En tout état de cause, Bourama Mariko et tous les autres militants invitent les autorités à ne pas dramatiser la situation du pays par la mise en colère des occupants du marché.
Mamadou Diarra