Le jardin agro-écologique d’Oumar Diabaté, à une trentaine de kilomètres de Bamako, est une expérience unique : ce paysan malien cultive des produits bio en pratiquant des méthodes durables, souvent inspirées de pratiques anciennes. Avec des rendements qui résoudraient bien des problèmes, dans une région aux crises nutritionnelles chroniques.
De hauts épis de maïs, des rangées d’aubergines, des arbres… Difficile de s’y
retrouver tant tout est entremêlé. Une paire de bottes fend les broussailles d’où émergent de grosses et jolies courges. « Elles sont éparpillées partout parce qu’on avait fait une association courge-maïs-haricot, explique le maître des lieux, Oumar Diabaté. On a récolté le maïs, on a récolté les haricots et maintenant ce sont les courges qui sont en train de donner ».
Cette association de culture n’est pas le caprice des goûts culinaires de l’agriculteur. C’est un système élaboré, où chaque élément possède sa vertu : « le maïs pompe l’azote, le haricot en redonne au sol, et la courge protège le sol des rayons du soleil. Ça donne un rendement élevé et ça permet de faire reposer le sol. Dans le temps ça se faisait, rappelle Oumar Diabaté, mais c’est une habitude qui s’est perdue. Avec la mondialisation, les gens préfèrent cultiver des centaines d’hectares de maïs ou de coton pour les exporter vers les pays européens. Résultat, au bout de six mois, c’est la famine ici ».
Lotion maraboutique
Dans son jardin agro-écologique de Satinébougou, à une trentaine de kilomètres de Bamako, Oumar Diabaté, lui, ne connaît pas la pénurie. Ni son sol la jachère : douze mois sur douze, les cultures se succèdent, au rythme des saisons et des rotations les plus efficaces. « Quand j’ai commencé l’agro-écologie et que les gens du village venaient voir mes cultures, se souvient Oumar Diabaté, ils croyaient que j’utilisais une lotion maraboutique ! Mais petit à petit, je leur ai montré comment je faisais, et ils ont compris que c’était du travail et pas de la magie. »
Du travail et des techniques bien particulières, celles de l’agro-écologie. Un concept développé par le paysan-philosophe français Pierre Rabhi. « Mon maître », dit de lui Oumar Diabaté, qui l’a découvert il y a une dizaine d’années, le jour où une amie française lui a prêté ce livre :L’offrande au crépuscule. « J’ai tout de suite su que c’était ce que je voulais : une autre manière de faire l’agriculture, une autre manière de comprendre la vie et de se comporter avec l’environnement ».
Pierre Rabhi anime régulièrement des séminaires à Gao, dans le nord du Mali. Les deux hommes se rencontrent. Oumar Diabaté, vétérinaire de formation, se lance dans l’agro-écologie.
Deux hectares, cinq travailleurs permanents, et des principes rigoureusement appliqués. Une culture biologique, sans aucun intrant chimique, « sauf pour les vaccins des animaux ». Retour aux techniques traditionnelles, à la rotation et à l’association des cultures. Un peu d’agroforesterie aussi, qui consiste à faire pousser arbres et arbustes au milieu des cultures pour profiter de leurs bienfaits (ombre, engrais naturel produit par les feuilles tombées au sol…).
Et une mixité culture-élevage, qui permet de recycler les déchets animaux comme fertilisants et d’utiliser les mauvaises herbes et autres résidus végétaux pour nourrir les bêtes. « Moi je n’appelle pas ça des mauvaises herbes, corrige Oumar Diabaté, parce qu’elles nous sont utiles. Ça fait un apport en cellulose pour les poules et les dindes ».
« Nous ne sommes pas les seuls maîtres du monde »
Chaque samedi, Oumar Diabaté constitue des paniers que lui ou ses employés livrent directement aux consommateurs. Un lien direct, inspiré par les Amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) pratiquées dans les pays occidentaux. Aucun intermédiaire entre les clients et le producteur… et, au passage, une balade rocambolesque dans les rues de Bamako sur une moto chargée de paniers.
« Il faut que les gens reviennent en arrière, assène enfin Oumar Diabaté, qu’ils se disent que nous ne sommes pas les seuls maîtres du monde. Il faut qu’on respecte la terre, qu’on respecte les animaux et qu’on essaie d’être rationnels. Les terres du Sahel, si on ne les entretient pas, se latérisent, c’est-à-dire qu’elles s’appauvrissent. Et vous avez beau mettre de l’engrais et autre chose, vous n’avez pas de rendement ».
Selon les principes de l’agro-écologie développés par Pierre Rabhi, une production de 800 kilos à l’hectare suffirait à mettre un terme aux problèmes de malnutrition et de famine dans les pays du Sahel. Oumar Diabaté : « moi, ici, je produis trois tonnes à l’hectare ».
RFI / 18/11/2012
Courage et merci pour le titre du livre!!!
Quelle bonne initiative et de travail ardu a saluer. Le future est le developpement durable et la sauvegarde de l’environment.Bravo.
l’education est tres bonne mais N’oublions pas aussi de mettre en valeur la terre que nos encetres ont laisser. 😆 😆 😆
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