Depuis l’annonce par la FAO de la présence d’essaims de criquets en Mauritanie, le Mali a multiplié les initiatives de prévention. L’Unité nationale de lutte contre le criquet pèlerin a ainsi déployé six équipes de supervision tout au long de la bande frontalière avec le Mauritanie pour prévenir toute infiltration acridienne dans notre pays où 25 autres équipes de lutte sont prêtes à intervenir à tout moment.
Le ministre de l’Agriculture, Seydou Traoré, a entamé, depuis hier mardi, dans la zone de Nara, une tournée qui doit le conduire également à Nioro-du-Sahel. L’objectif de cette mission est de s’assurer du dispositif préventif déployé sur le terrain par rapport à la probable invasion acridienne au Mali. Ce dispositif était, le mardi 18 octobre, au centre d’une conférence de presse animée par Seydou Traoré entouré par les agents des services techniques de lutte contre les criquets et de la FAO.
Depuis l’invasion acridienne de 2004, l‘Unité nationale de lutte contre le criquet pèlerin est resté en état d’alerte. Malgré l’accalmie de 2005, près de sept millions d’hectares ont été prospectés avec l’appui de la FAO. Jusqu’en avril 2006, la prospection de près de 50 000 hectares n’avait rien révélé de préoccupant. Cependant, l’observation des reproductions estivales avec formation d’essaims en Mauritanie à la faveur des conditions éco-climatiques favorables incite à plus de vigilance.
De l’avis des experts, les criquets sont sur la phase ascendante vers le Maghreb.
Cependant, comme l’a souligné Boucadar Bathily de la FAO, "certes la situation n’est pas alarmante, mais les criquets surprennent toujours". Surtout que les conditions géographiques au Mali sont favorables à l’invasion.
La situation est prise au sérieux au département de l’Agriculture où l’on a opté pour un scénario pessimiste, c’est-à-dire une invasion au cas où la situation n’est pas maîtrisée chez notre voisin mauritanien.
Ainsi, depuis le 14 octobre, six équipes de surveillance sont positionnées tout au long de la frontière maliano-mauritanienne allant de Yélimané à Tombouctou en passant par Nioro, Nara, Niono, Tenenkou. Ces équipes disposent d’environ 2 500 litres de pesticides. Et, cas d’invasion acridienne, elles seront portées à 25 sur les zones ciblées. En somme, 600 personnes de traitement et une cinquantaine de techniciens sont actuellement mobilisées au compte de ce dispositif de prévention.
Le budget prévisionnel de cette opération est de 109 millions de F CFA. Si le département peut supporter ce coût, a déclaré le Ministre, en cas d’invasion, l’apport des partenaires techniques et financiers est nécessaire.
C’est pourquoi un cadre d’échanges mensuels est déjà fonctionnel avec eux. Et selon Seydou Traoré, ces partenaires ont exprimé leur satisfaction au vu du rapport d’audit 2004 du compte bancaire de la lutte contre les criquets.
Cependant, assure le Ministre, la protection des cultures, de façon générale, fait partie du dispositif de sécurité alimentaire du Gouvernement. Et le Chef de l’Etat, lors du dernier Conseil des ministres, a donné des instructions pour que des mesures idoines soient prises afin de prévenir toute invasion. Déjà, un Office de protection des végétaux a été créé dans ce sens. Quant à l’Unité nationale de lutte contre le criquet pèlerin, il sera ramené au niveau de service rattaché doté d’une certaine autonomie administrative et financière. Ce dispositif travaillera avec les organisations régionales constituées avec les autres pays de la ligne de front.
Le Ministre, qui a rendu un vibrant hommage aux bonnes volontés qui avaient apporté leur contribution financière et physique à la lutte en 2004, a mis un accent particulier sur l’apport des populations tant dans l’information que dans la lutte sur le terrain.
Youssouf Camara
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