L’urgence des aides humanitaires au Sahel : Plus de 1 100 milliards Cfa nécessaire pour mettre 15 millions de personnes à l’abri de la famine

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Pour de nombreuses organisations humanitaires, les interrogations sur le redéploiement des troupes françaises au Sahel occultent en partie une catastrophe humanitaire majeure dans cette région déjà sérieusement éprouvée par les effets pervers du changement climatique. Ainsi, 15 millions de personnes au Sahel auront besoin d’une aide humanitaire en 2022, affirme le coordonnateur des secours d’urgence des Nations unies. Pour les soulager, la somme à collecter est estimée à plus de 1100 milliards de francs Cfa.

Le nombre de personnes dans le besoin d’aide humanitaire au Sahel est passé de 11 à 15 millions en une année. Ainsi, 2,1 millions de personnes déracinées du Sahel ont été enregistrées fin 2021 par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L’organisme onusien souligne aussi que 410.000 réfugiés sont enregistrés au Burkina Faso, au Mali et au Niger. «Rien qu’au Burkina Faso, le nombre total des déplacés internes est passé à plus de 1,5 million à la fin de 2021», a alerté le HCR  en début février lors d’une réunion virtuelle sur la région du Sahel.

Le Coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Martin Griffiths, a souligné que cette situation s’explique par plusieurs facteurs, notamment les conflits, l’instabilité politique, la sécheresse et l’insécurité alimentaire, la pandémie et le changement climatique… Et la situation est «intenable» au centre du Mali. «L’insécurité alimentaire de cette année est notoire», a récemment alerté le maire de la commune urbaine de Bankass pour qui la campagne agricole 2021-2022 a été désastreuse. Le sac de mil que les populations pouvaient payer à moins de 20 000 F Cfa était récemment cédé à 26 000 F Cfa.

«Une situation intenable», selon l’élu qui a appelé les autorités maliennes et les partenaires du pays à plus d’actions pour éviter la catastrophe. A la mauvaise pluviométrie et à l’insécurité, s’ajoute aujourd’hui la fermeture des frontières entre le Mali et les pays de la Cédéao depuis le 9 janvier 2022. Même si les vivres ne sont pas concernés par cet embargo, cette décision politique accentue la souffrance des populations déjà affectées par la pauvreté.

«La crise sahélienne fait partie des trois crises les plus importantes au monde, avec la Syrie et l’Afghanistan», a martelé le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, lors d’une conférence de presse animée le 10 février dernier à Niamey (Niger) à l’issue d’une visite d’une semaine sur le terrain. «Au Niger, comme dans tout le Sahel, tous les conflits convergent : l’insécurité, la pauvreté, le changement climatique», a-t-il alerté. Ainsi, au moment où «l’attention se cristallise» sur les enjeux militaires et la fin de l’opération française Barkhane au Mali, cette piqûre de rappel s’avère indispensable.

Derrière le grand jeu stratégique d’une réorganisation du dispositif militaire, ont insisté des organisations caritatives, «l’urgence humanitaire est criante» bien que parfois invisible. Rien qu’au Niger, une faible pluviométrie a provoqué une sécheresse qui annonce dans deux à trois mois une crise alimentaire majeure sans équivalent depuis dix ans.

Pour le HCR, il faudra ainsi mobiliser plus de 1100 milliards de francs Cfa pour répondre aux besoins humanitaires au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Malheureusement, a déploré M. Griffiths, même la moitié de cette somme n’est pas encore disponible. «Environ 402 milliards de F Cfa ont été collectés par les organisations humanitaires», a-t-il indiqué en rappelant qu’il faudra mettre davantage «l’accent sur la résilience, les solutions durables et la coopération entre les secteurs de l’humanitaire et du développement ainsi que celui de la paix».

Naby

 

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