Le ministre de l’Agriculture, le Dr Yaranga Coulibaly, à la tête d’une forte délégation, a entrepris, du 15 au 19 novembre dernier, dans les zones Office du Niger et Office Riz Ségou, une mission de supervision de la campagne agricole qui vient de prendre fin.
L’un des points forts de la visite du ministre Yaranga Coulibaly dans la zone de production rizicole de Niono a été la remise de prix aux 10 meilleurs producteurs de la campagne agricole 2011-2012. Selon les explications du PDG de l’Office du Niger, Amadou Boye Coulibaly, ce concours a été initié et organisé pour «motiver les producteurs et contribuer à améliorer leurs performances, afin de garantir une sécurité alimentaire durable».
Pour répondre aux critères de participation, les paysans devaient avoir comme activité principale la riziculture, être attributaires d’une parcelle de 3 à 10 hectares ou plus, ou d’une parcelle dont la superficie était supérieure ou égale à un hectare pour les femmes.
Les candidats devaient aussi obtenir un rendement battage supérieur ou égal à 8 tonnes à l’hectare sur la totalité de la superficie attribuée, respecter le calendrier agricole, utiliser des semences améliorées et des variétés adaptées à la saison. Sans oublier l’ouverture aux innovations technologiques, l’entretien correct des réseaux tertiaires, l’utilisation de la fumure organique et le paiement de la redevance eau avant le 31 mars, délai de rigueur.
Ce sont donc 79 exploitants de toutes les zones (Niono, Molodo, Macina, N’Débougou, Kouroumari et M’Bewani) qui ont pris part au concours. Au finish, les 10 meilleurs ont été primés. Mamoutou Fané, du village de Minimana (zone de M’Bewani), a récolté 512 sacs sur 4,13 hectares, soit un rendement de 9,79 tonnes à l’hectare. Amadou Traoré, ressortissant du village de Quinzambougou, (zone de Molodo) le suit, avec une récolte de 390 sacs sur 3,14 hectares, pour un rendement de 9,31 tonnes à l’hectare. Les prix sont constitués d’un diplôme d’honneur et d’un équipement complet, qui comprend une remorque d’une capacité de 2 tonnes de charge, un équipement pour aplanir la parcelle, une charrue, un motoculteur et une herse. L’équipement complet ainsi offert a coûté près de 3 millions de FCFA par récipiendaire.
Le ministre Coulibaly, dans son intervention (uniquement en bamanan, une première), a souhaité que «tous les producteurs s’engagent dans l’accroissement de la production. Les pays de l’Asie, chez qui nous allons nous approvisionner en riz en période de disette, produisent deux fois plus sur une petite surface. Ils exportent même leurs surplus de production vers les pays en développement, comme l’Afrique» a laissé entendre le ministre de l’Agriculture.
Malgré les difficultés que traverse notre pays, a noté le ministre, «le gouvernement s’est engagé à subventionner l’agriculture pour un montant exceptionnel de 38 milliards Fcfa et les récoltes s’annoncent bonnes». Toutefois, a-t-il conclu, «il faut gérer de façon rationnelle les récoltes et éviter le bradage des productions».
Abondant dans le même sens, le Président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, a exhorté les producteurs à «gérer les récoltes». «Il est inadmissible que vos efforts de plusieurs mois soient, en l’espace de deux semaines, anéantis par des riches véreux, qui veulent trop gagner. Il faut que nous démontrions que la récolte peut profiter aux paysans et aux consommateurs. Il faut que chacun y trouve son compte», a déclaré Bakary Togola, dans le style qui lui est propre.
Office du Niger: aménager et produire malgré tout
A la date du 31 octobre 2012, la mise en valeur totale des terres a porté sur 98 496 hectares, soit 98,71%, contre 94,61%, lors de la campagne dernière. Les prévisions d’aménagement n’ont pas été atteintes, a expliqué le PDG Amadou Boye Coulibaly, à cause de l’arrêt de plusieurs chantiers consécutif à la situation du pays. Toutefois, les travaux ont repris à Touraba (UEMOA), Siengo-extension + KIE (KFW), M’Béwani + Collecteur Kala supérieur (Union européenne) et Sabalibougou (Banque mondiale et UE).
Le budget prévu en 2012 est évalué à 28,764 milliards FCFA, dont les ressources internes, évaluées à 6,066 milliards FCFA, la contribution de l’État, de 3,718 milliards FCFA et celle des partenaires techniques et financiers (PTF), à hauteur de 18,980 milliards FCFA.
Précision: les ressources effectivement mobilisées sont évaluées à 7,13 milliards FCFA, dont 5,4 milliards FCFA au titre de la redevance eau et 1,7 milliard FCFA au titre de la dotation de l’État. En perspectives, l’Office du Niger prévoit de diversifier ses productions, avec l’extension de la culture de pomme de terre, l’introduction de la culture du maïs à plus grande échelle, grâce à l’amélioration de la gestion de l’eau (renforcement des capacités de l’encadrement, meilleur entretien des ouvrages…), la relecture du décret de gérance et l’élaboration d’un nouveau contrat-plan.
Rappelons qu’au cours de la campagne 2011/2012, les superficies exploitées en saison étaient de 90.988 hectares. Le rendement moyen était de 6,24 tonnes par hectare. La production obtenue était de 567 225 tonnes. Les superficies mises en valeur en contre-saison ont été de 20.661 hectares sur une prévision de 25 000 hectares. Le rendement a été de 5,18 t/ha et la production obtenue évaluée à 106 965, 44 tonnes.
SOCAFON: la maturité
Présente dans domaine de l’agriculture depuis 20 ans, sous différentes formes, la Société coopérative des forgerons à l’Office du Niger (SOCAFON) a évolué d’une production artisanale vers une production mieux structurée, de type industriel.
Pour ceux qui ne le savent pas, la SOCAFON a été créée en 2003, suite à la mutation de CAFON, qui existait depuis 1996, en société coopérative. De 10 m², il y a près de 10 ans, le domaine de la SOCAFON compte aujourd’hui plus d’un hectare. Dans son bureau-atelier, où nous l’avons rencontré, le Directeur, Ousmane Djiré, nous a confié «il y a assez de demande en motoculteurs, car la culture attelée laisse, peu à peu, place à la culture semi-motorisée». Depuis plus de 6 ans, reconnait-il, «le produit-phare est le motoculteur, ainsi que ses accessoires». Dans la gamme de produits très prisés, on notera aussi les broyeurs et les séchoirs pour les échalotes.
En plus de son atelier central, basé à Niono, la SOCAFON supervise actuellement 22 ateliers à travers les 5 zones de l’Office du Niger. Elle a une vocation nationale et sous-régionale, mais ses activités sont, pour le moment, concentrées sur la zone Office du Niger au Mali.
A court terme la SOCAFON a besoin de fonds pour la mise en œuvre de son plan d’opération 2012 – 2014. Il s’agit, de façon concrète, d’une gamme d’équipements agricoles simples, robustes et durables, correspondant aux réalités de l’évolution actuelle de la riziculture en zone ON et dans les bas-fonds. Pour ce faire, la SOCAFON est à la recherche de moyens financiers, à travers l’Ambassade des Pays-Bas / ON, pour lui permettre l’achat, les tests d’adaptation et le suivi des différents prototypes sélectionnés.
Touraba: l’UEMOA satisfaite de l’avancement des travaux
Après l’atelier régional pour le lancement des activités du Projet de mise en valeur des terres de l’Office du Niger (cf. 22 Septembre du jeudi 15 novembre), le ministre de l’Agriculture, Dr Yaranga Coulibaly et le Commissaire Ibrahima Diémé, chef de la délégation de l’UEMOA, se sont rendus à Touraba, dans la zone du Kouroumari. C’était le vendredi 16 novembre 2012, dans une ambiance de fête. Lors de cette visite marathon, les délégations ont visité les différents chantiers.
En fin d’après-midi, le Commissaire chargé du développement rural de l’UEMOA, Ibrahima Diémé, avec qui nous nous sommes entretenus, s’est déclaré «très satisfait de l’avancé des travaux». «L’impression que nous avons eue aujourd’hui est bonne, très bonne. Elle est au-delà des attentes. Selon les informations que nous avons reçues, le projet est environ à 35% de réalisation. Cela peut paraître faible, mais, compte tenu des réalités du terrain, nous sommes convaincus qu’il est possible d’être dans les délais. Il faut reconnaître que tous les gros travaux sont achevés. Les préfabriqués sont disponibles. Il suffit d’un coup de pouce pour que tout aille rapidement. Je le dis car tout le monde est motivé: le gouvernement du Mali, la Commission de l’UEMOA et, surtout, l’entreprise qui exécute les travaux», nous a confié Ibrahima Diémé.
Rappelons que le chantier de Toura (2 174 ha) fait partie des 11 288 ha attribués à l’UEMOA par le gouvernement du Mali, à travers une Convention. Dans la conception actuelle du projet, l’UEMOA envisage la répartition des terres qui seront aménagées entre trois types d’exploitants ressortissants des pays membres: les paysans autochtones (ils seront attributaires de petites parcelles, de taille unitaire ne dépassant pas 4 ha de superficie nette), les exploitants privés ayant une capacité technique et financière suffisante (ils auront la possibilité d’exploiter des parcelles de taille unitaire de 10 à 20 ha de superficie nette) et les grands investisseurs privés, capables de créer des entreprises agricoles (ils pourront exploiter des blocs de 30 à 60 ha – en combinaison de parcelles unitaires de 10 et 20 ha – de superficie nette). Ces entrepreneurs agroindustriels pourront expérimenter l’exploitation de parcelles sous irrigation par aspersion.
Notons que l’UEMOA, dans sa volonté de résoudre les problèmes liés à la sécurité alimentaire, finance plusieurs projets. Il s’agit, entre autres, de la lutte contre les mouches des fruits, la production de semences, l’amélioration des magasins de stockage, l’hydraulique villageoise. Pour ce dernier volet, la Commission a fait faire 300 forages dans chaque Etat membre. Dans un futur proche, un autre programme de 100 forages viendra renforcer le dispositif actuel.
Office Riz Ségou: 153 106 tonnes de céréales produites
La production préliminaire, toutes céréales confondues, est estimée à 153 106 tonnes, sur une prévision initiale de 158 324,95 tonnes, soit un taux de 96,70%. L’information a été donnée par le DG de l’Office Riz Ségou, Babougou Traoré, lors de la rencontre que les cadres du développement rural de la région de Ségou et le ministre Yaranga Colibaly ont tenue à Kônôbougou. C’était le lundi 19 novembre, après plusieurs heures sur le terrain.
Dans ses explications techniques, le DG a relevé que la campagne agricole 2012 – 2013 avait démarré dans des conditions socio-économiques peu favorables, marquées par un faible niveau de productions agricoles, suite à d’importants déficits pluviométriques et hydrologiques à travers la zone d’intervention de l’ORS.
Toutefois, a-t-il ajouté, les producteurs ont bénéficié des avantages de la subvention de l’Etat au secteur agricole, pour la cinquième année consécutive. Subvention qui s’est élargie aussi bien aux engrais minéraux pour le mil, sorgho, maïs hybride et coton qu’aux semences de maïs hybride.
En plus, 8 600 producteurs ont gratuitement bénéficié de 908,385 t de semences de riz, dont 788 offertes dans le cadre d’un Plan d’action d’urgence mis en œuvre par le ministère de l’Agriculture, et 120,385 t distribuées par l’ORS sur fonds propres.
Par ailleurs, il faut signaler que le niveau d’endettement des organisations paysannes ne leur a pas permis d’accéder suffisamment aux crédits de campagne auprès de la BNDA et des Institutions de Micro finance. Toutes choses qui ont constitué un facteur limitant dans la satisfaction de leurs besoins en engrais.
L’Office Riz Ségou, fort de l’accompagnement de ses partenaires et du démarrage du Projet d’Appui au Développement Rural de Tien Konou-Tamani (PADER TKT), a entrepris d’importantes actions. Il s’agit du renforcement du système d’encadrement et d’appui- conseil des producteurs, de l’entretien courant du réseau hydraulique et de la consolidation des travaux de réhabilitation des casiers de Farako et Tamani, réalisée dans le cadre du PDIS et de la poursuite des activités du Projet PADER-TKT, à travers la mise en œuvre des composantes Appui à la Vulgarisation, la recherche adaptative et la protection de l’environnement; Appui au développement communautaire et Micro finance.
Justement, à Tamani, un peu plus tôt dans la matinée, la délégation ministérielle avait pu se rendre compte du travail abattu par le PADER-TKT. L’une des bénéficiaires est Ramata Traoré. La soixantaine bien sonnée, elle élève des petits ruminants. «e ne peux exprimer réellement ce que le projet m’a apporté comme soutien. Je suis plus que comblée. S’il continue sur cette lancée, je crois que les vielles dames comme moi seront à l’abri du besoin».
Au fait, il faut retenir qu’au départ le PADER-TKT avait financé un groupe de 50 femmes, à hauteur de 45 000 FCFA chacune. Avec ce capital, elles ont acheté quelques petits ruminants. Aujourd’hui, chacune d’entre elle possède au moins une dizaine de moutons.
A la fin de la fin de la mission, à Kônôbougou, c’est ce qui a fait certainement dire au ministre Yaranga Coulibaly «le développement rural peut sortir de la pauvreté et surtout rendre riche». Et son projet «Agroville», un village entièrement dédié au développement rural, n’est pas fortuit. Même s’il n’en est aujourd’hui qu’au stade de la réflexion.
Réalisé par Paul Mben, Envoyé spécial