Karité et cosmétique : Un filon porteur

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De plus en plus, les consommateurs des pays développés reclament des produits à base d’ingrédients naturels.

Le Mali a été élu à la vice-présidence de l’Alliance globale pour le karité à l’issue de la conférence mondiale tenue à Accra (Ghana) en avril 2011. Cette rencontre a regroupé toutes les parties prenantes dans l’industrie du karité. La délégation malienne était conduite par Mamoutou K. Djiré, président de la Fédération nationale du Karité (FNK). La conférence internationale a enregistré une communication présentée par Joseph Hunwick, spécialiste de la formulation en produits cosmétiques à base d’ingrédients naturels. L’exposé intitulé « Un bref aperçu des évolutions sur le marché des produits naturels » a particulièrement retenu l’attention de la délégation malienne. La Fédération nationale du karité (FNK) se propose d’informer les opérateurs économiques maliens en vue de susciter une prise de conscience sur les opportunités offertes sur le marché international du cosmétique. Le souci est d’éviter que le piège de la non transformation du coton ne frappe notre pays à travers l’absence d’une industrie du karité. La FNK a constaté une évolution majeure du marché. En plus du caractère durable des sources d’approvisionnement, le marché du cosmétique recèle des avantages intéressants, estime la Fédération nationale du karité. Ce sont l’intégration des matières organiques et naturelles, le transfert de certains ingrédients alimentaires aux produits cosmétiques, les éléments du commerce équitable et la certification des produits cosmétiques naturels ou organiques « authentiques » pour les différencier des produits d’inspiration naturelle. Au niveau des consommateurs américains, japonais, européens et dans une moindre mesure asiatique, constate la FNK, la tendance actuelle est une méfiance généralisée envers les produits chimiques dans le cosmétique. On constate de plus en plus que les consommateurs européens réclament ces cosmétiques à base d’ingrédients naturels ce qui accroît la tendance du consumérisme éthique.

Au-delà du caractère du produit, le consommateur devient de plus en plus exigeant vis-à-vis du contenant cosmétique qui devra être moins nocif pour l’environnement. Le vocable commercial de ces produits cosmétiques chez le consommateur des pays développés se retrouve dans le karité sous les termes : durable, vert, organique, commerce équitable, favorable à l’écologie, favorable à l’environnement, faible empreinte carbone, naturel, non toxique, sans produits pétrochimiques, respect de la faune et de la flore, transparence et traçabilité. Certaines coopératives de femmes productrices de beurre de karité, révèle la Fédération nationale, respectent déjà ce vocable commercial. Ainsi l’Union des sociétés coopératives de karité « Union Kalojè » est une marque de beurre de karité. Elle produit depuis septembre dernier du cosmétique à base de karité certifié « ECOCERT ». La coopérative des producteurs de beurre de karité de la commune de Siby (COOPROKASI) est devenue en juillet 2010 la première coopérative de productrices de karité du Mali, à obtenir la certification équitable « FLO-CERT ».

parfait, durable ET organique. Le mouvement biologique malien (MOBIOM) se développe dans le même sens. Les produits cosmétiques classiques, analyse la FNK, renferment trop d’ingrédients chimiques souvent nuisibles à la peau. Les matières d’origine naturelle sont une source d’approvisionnement durable. L’homme a depuis longtemps des liens intimes avec les plantes et une compréhension empirique de leur qualité. Le choix des produits cosmétiques naturels se justifie également par des facilités de formulation moins risquée pour la peau, la prise de conscience parmi les consommateurs qui deviennent très exigeants sur les questions d’équité, de biodiversité et organique. La Fédération nationale du karité pense que le karité en tant qu’ingrédient naturel est un produit parfait durable, organique, bénéfique pour les communautés locales. Il a beaucoup d’usages : aliments, médicaments, soins de la peau. Le karité offre également des opportunités intéressantes pour un usage combiné avec d’autres ingrédients naturels africains, surtout maliens pour fabriquer des produits à valeur ajoutée. Avec le baobab on obtient un produit stable facilement observé qui améliore la peau desséchée et gercée.

Le goyave donne une composante importante dans les produits anti-âge pour la peau. Comme ingrédient actif, la papaye est utilisée comme un exfoliant (empêche la destruction ou l’élimination sous forme de lamelles des parties mortes superficielles d’un tissu en particulier de l’épiderme). Quand le miel est bien dosé, il accepte toutes les combinaisons possibles avec le karité. Le président de la Fédération nationale du karité, Mamoutou K. Djiré a jugé que le beurre de karité a un avenir prometteur s’il est géré de manière durable à tous les niveaux. Ce n’est pas encore le cas pour notre pays, même si des efforts sectoriels sont visibles çà et là. Le renforcement des capacités, l’équipement de la petite industrie naissante permettra la fabrication de nouveaux produits intéressants avec une formulation créative, l’éco emballage et une bonne conception. Le président de la FNK estime qu’un bon plan de communication, peut aider à développer toute une gamme de produits à base de karité et un label de « karité du Mali ». Le projet de plan de communication du projet d’appui aux filières agricoles (PAFA) viendra combler cette lacune, a rassuré Mamoutou K. Djiré.

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Crise céréalière : L’INQUIETUDE DEMEURE

La campagne agricole n’a pas comblé tous les espoirs. La conséquence est la faible disponibilité des céréales sur les marchés

L’économie de notre paysi reste dominée par le secteur agricole. Mais la mauvaise pluviométrie de l’hivernage passé a fait planer des menaces sur les disponibilités vivrières de notre pays. La prudence est de rigueur pour les populations rurales et urbaines face aux facteurs de risque d’insécurité alimentaire. Ce sont particulièrement les populations pauvres des centres urbains qui subissent actuellement la hausse des prix des denrées alimentaires comme le mil, le sorgho et l’arachide. Les déplacés ou les migrants de retour au pays, suite aux crises ivoirienne et libyenne, et les populations affectées par des taux de malnutrition globale très élevés ne sont pas épargnés. Commerçants, autorités et consommateurs reconnaissent que les prix au détail des céréales sont nettement supérieurs à ceux de l’année dernière pendant la même période (voir L’ESSOR du 10 janvier 2012). De nos jours, le petit mil et le sorgho sont devenus une denrée introuvable sur les marchés, tandis que les prix des autres produits agricoles, connaissent une hausse saisonnière. Les autorités ont récemment estimé que la situation alimentaire est globalement moyenne à la faveur des récoltes et le léger excédent vivrier dégagé à l’issue de la campagne agricole.

Dans le cadre de cette même campagne agricole, elles avaient prévu de produire 8 millions de tonnes de céréales, toutes spéculations confondues. Au regard de ce qui est disponible, le Mali n’est pas à l’abri d’une crise alimentaire. Le gouvernement a élaboré une batterie de dispositions pour juguler la crise alimentaire dans les zones qui seront particulièrement affectées. D’ores et déjà, l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM) a lancé ses campagnes d’achat de céréales, notamment le mil, le sorgho et le riz pour renouveler ses stocks nationaux de sécurité alimentaire. En attendant que ces achats ne fassent leurs effets, la majorité des commerçants grossistes autour au Carré des Martyrs à Niaréla, lie la crise céréalière actuelle à la mauvaise pluviométrie et le manque de céréales. Les céréales sont devenues une denrée très rare sur le marché à Bamako. Les conséquences sont plus perceptibles et tangibles dans le milieu rural, d’où la rareté de ces produits dans la capitale. Les céréales disponibles sur les différents marchés coûtent excessivement cher par rapport à l’année dernière. Le prix du kilo de sorgho est de 350 Fcfa contre 200 à 250 Fcfa le kilo l’année dernière à la même période. Le prix d’un kilo de petit mil était de 245 à 250 Fcfa l’année dernière contre 300 Fcfa cette année.

Le prix du kilo de haricot (600 Fcfa) est nettement supérieur par rapport à l’année dernière à la même période. Un commerçant détaillant, du marché de N’Golonina, indique que la crise (flambée de prix et la rareté des céréales) est ressentie depuis plus d’un mois. Il déplore le fait qu’aucune disposition n’ait été prise par les autorités pour anéantir le phénomène. Si la demande reste toujours supérieure à l’offre, les prix ne flancheront pas. Face à cette situation, argumente le commerçant, beaucoup se sont orientés vers d’autres spéculations comme le riz importé ou le maïs. Les supputations vont bon train. Certaines personnes estiment que les conséquences de cette mauvaise pluviométrie de l’année écoulée est le fait du déboisement excessif. Cette année la mauvaise campagne pourrait entraîner la famine dans le pays.

Silence de cathédrale. Le commerçant grossiste Karim Samaké est optimiste même s’il n’envisage pas la chute des prix avant les résultats définitifs de la campagne agricole prévus courant premier trimestre 2012. Les grossistes cédaient le sac du petit mil, il y a 3 mois, entre 14000 et 15000 Fcfa contre 22000 à 24000 Fcfa actuellement. Certains chefs de famille, sentant la cherté, ont fait des provisions annuelles. Le chef de famille Sira Mady Sissoko, rencontré dans un marché céréalier, conseille aux paysans et aux chefs de famille de penser, dès maintenant, à s’approvisionner pour constituer leurs stocks avant la prochaine campagne agricole. Les prix pourraient prendre l’ascenseur. Sira Mady s’inquiète pour les grandes familles qui sont les plus exposées à la disette. La conséquence du déficit pluviométrique de la campagne agricole sera l’inévitable risque de famine dans certaines parties ou la totalité du pays. Beaucoup de chef de famille, comme Foula Madi François Dansoko, ne savent plus que faire. Leur salaire est insuffisant face à cette crise qui prendra encore plus d’ampleur dans trois ou quatre mois, si rien n’est fait.

Le jeune enseignant du secondaire, est dépassé par la situation. Il est inquiet face à l’avenir de sa famille. Il est curieux de constater le silence de cathédrale des associations et des organisations de défense des consommateurs par rapport à cette situation alimentaire difficile. Amadou Kéïta, ancien vendeur de céréales et chef de famille, pointe du doigt les surenchères que certains marchands provoquent pour tirer bénéfice de la situation de crise. Le vice-président de l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA), Abdoul Wahab Diakité, défend le silence de sa structure par le manque de subvention accordée par l’Etat et sa faible capacité de mobilisation des ressources financières. Il demande au gouvernement de clarifier la situation. Il estime que l’Etat doit prendre des dispositions afin d’empêcher certains acheteurs de constituer des stocks en vue de les exporter. Le vice-président propose comme solution de pratiquer une culture de contre saison dans des zones favorables. Il souhaite que le gouvernement prenne des dispositions nécessaires pour empêcher l’exportation des produits qui risquent de pénaliser notre pays jusqu’à la prochaine saison pluviométrique. L’effet de cette crise se fait déjà sentir dans certains milieux donnant l’impression d’une période de soudure. La politique de distribution des céréales dans des zones sensibles du pays devra empêcher les commerçants de vendre les produits de façon anarchique.

Bambo KEÏTA

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