Molasso est une localité d’environ 2000 habitants, située à 45 km de la ville de Sikasso sur la route nationale 7. Comme toute la Région de Sikasso, il s’agit d’une localité d’agriculture par excellence. Mais en cette fin juin, les pluies se faisaient désirer. Depuis une vingtaine de jours, pas une seule goutte de pluie n’était tombée. Cette mini-sécheresse avait mis les paysans dans un état proche du désespoir. L’on avait donc commencé à organiser des séances de prières pour la pluie.
C’est dans cette localité que le Premier ministre Moussa Mara, en tournée dans la Région de Sikasso, a procédé vendredi au lancement d’un nouveau projet agricole d’envergure baptisé Initiative de renforcement de la résilience par l’irrigation et la gestion appropriée des ressources (IRRIGAR).
Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, la pluie fut au rendez-vous. De fortes averses sont ainsi tombées sur la localité et au-delà. La pluie a même retardé la cérémonie de lancement du projet qui a finalement débuté vers midi alors qu’elle était initialement prévue pour 9 heures. Les prières des patriarches venaient d’être exaucées, faisant ainsi renaître l’espoir d’un bon hivernage dans une zone où presque tous les semis ont été effectués (coton, riz, maïs, mil, sorgho, arachide, etc.) et où les graines ont commencé à germer.
Le projet Initiative de renforcement de la résilience par l’irrigation et la gestion appropriée des ressources est financé à hauteur de 20,7 milliards Fcfa, dont 18,1 milliards par l’Union européenne et 2,6 milliards Fcfa par la coopération allemande (à travers la GIZ et la KfW) pour une durée de 5 ans.
La cérémonie de lancement a eu lieu sous des bâches installées pour la circonstance à côté du barrage de retenue d’eau financé par le projet Irrigation de proximité de Sikasso (IPROSI) et exécuté par la coopération allemande. Ce barrage qui ne retenait plus qu’un filet liquide peu avant la cérémonie a été littéralement submergé par l’eau qui dévalait la pente pour se déverser en aval de l’ouvrage. L’eau charriait tout sur son parcours. Ainsi toute la plaine située en amont et en aval s’est retrouvée gorgée à perte de vue. Ce sont justement ces flots de surface que le projet IRRIGAR vise à valoriser par le stockage et les aménagements.
Signalons que déjà, la population de la zone pratique le maraîchage pendant la saison sèche. Et pour la première fois, le projet Irrigation de proximité de la région de Sikasso (IPROSI) a encadré la culture de la pomme de terre au cours de la campagne passée en fournissant gracieusement les semences et les engrais.
Pour revenir à IRRIGAR, il s’agit d’un programme visant à renforcer la sécurité alimentaire et l’état nutritionnel des populations par l’accroissement et la diversification de la production agricole et l’amélioration de l’accessibilité aux produits issus de l’irrigation de proximité. Ce nouveau programme fait partie des engagements pris l’Union européenne et au niveau bilatéral par la République fédérale d’Allemagne pour soutenir le Plan de relance durable du Mali, présenté lors de la Conférence des donateurs tenue à Bruxelles en mai 2013.
L’objectif général d’IRRIGAR est de contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations des régions de Koulikoro et de Sikasso. Plus spécifiquement, ce programme vise à soutenir le développement et l’utilisation accrue du potentiel irrigable des régions de Koulikoro et de Sikasso et ce de manière durable et équitable.
La spécificité de l’IRRIGAR réside dans la dimension nutritionnelle de ses interventions, explique Abdoulaye Kapdaogo, responsable chargé de l’irrigation et du développement rural à la Délégation de l’Union européenne à Bamako. Le programme s’emploiera à sensibiliser les populations bénéficiaires aux risques de malnutrition, aux avantages d’une alimentation à haute valeur nutritive, aux règles d’hygiène alimentaire et à l’utilisation des revenus pour l’achat d’aliments à haute valeur nutritive. Le programme formera plus de 200 formateurs et intermédiaires sur le thème de l’alimentation et la nutrition.
INTRODUCTION DE LA PISCICULTURE. En marge de cette dimension nutritionnelle capitale pour ses deux régions d’intervention (Koulikoro et Sikasso), IRRIGAR s’attellera à la réalisation de 43 nouveaux aménagements hydro-agricoles (AHA) permettant l’exploitation de 2150 hectares, la réhabilitation de 14 aménagements pour une superficie totale de 700 hectares (dont 5 réhabilitations à Sikasso et 9 autres à Koulikoro). L’initiative prévoit la consolidation de 31 aménagements hydro-agricoles construits par le Programme national des petits barrages et bas-fond (PNPBBF) pour une superficie totale de 1.450 hectares, l’adaptation de 28 aménagement (nouveaux et anciens) pour la pratique de la pisciculture avec l’introduction de plus de 28 000 alevins.
Et ce n’est pas tout. La construction de 100 km de pistes rurales (25 km à Sikasso et 75 km à Koulikoro) afin de faciliter l’écoulement des productions vers les marchés, la construction de 9 magasins dans la Région de Koulikoro, pour une capacité totale de stockage de 270 tonnes, la protection de 300 hectares de terres grâce au reboisement et la construction d’ouvrages antiérosifs (dont 150 ha à Sikasso et 150 ha à Koulikoro) complèteront le dispositif d’intervention de l’IRRIGAR.
Le projet est mis en œuvre par le ministère du Développement rural à travers la Direction nationale du Génie rural (DNGR) et la coopération allemande, à travers la GIZ et la KFW. Cette dernière s’appuie sur les unités d’exécution des projets d’irrigation de proximité déjà opérationnels dans les régions de Koulikoro (IPRO-DB) et Sikasso (IPROSI), tandis que la GIZ s’appuie sur l’équipe du Programme d’appui au sous-secteur de l’irrigation de proximité (PASSIP).
Richard Zink, le chef la Délégation de l’Union européenne au Mali a expliqué qu’IRRIGAR créera beaucoup d’emplois, accroîtra et diversifiera la production agricole, satisfera les besoins alimentaires et nutritionnels d’une population en forte croissance. Le diplomate a pris l’engagement que l’irrigation de proximité demeurera parmi les priorités de la coopération entre notre pays et l’Union européenne.
Quant à l’ambassadeur d’Allemagne au Mali, Günter Overfeld, il a remercié l’Union européenne de sa confiance en demandant à la GIZ et à la KFW de mettre en œuvre ce nouveau programme. Il a, à cet effet, rappelé que son pays a accru sa contribution au développement du Mali à hauteur de 78 milliards Fcfa pour les années 2013 et 2014. L’Allemagne contribue à la production de 130.000 tonnes de riz par an et soutient 70.000 petits producteurs.
Le ministre du Développement rural, le Dr Bocari Tréta, a assuré qu’IRRIGAR aura un impact certain sur la croissance économique et durable des régions concernées. Il a promis que département du Développement rural ne ménagera aucun effort pour un suivi rigoureux et une mise en valeur axée sur les résultats.
Le Premier ministre Moussa Mara a remercié les partenaires européens pour leur soutien au développement du Mali, après avoir salué le lancement de ce nouveau programme qui mettra surtout l’accent sur les aménagements de proximité et sur l’aspect nutritionnel des populations bénéficiaires. IRRIGAR aidera assurément notre pays à atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Envoyé spécial
M. COULIBALY