Dans le cadre de la supervision de la campagne agricole en 5è Région, le ministre du Développement rural, le Dr Bocari Treta, a visité, dimanche, Hombori et Boni, des communes rurales du cercle de Douentza. Si l’hivernage a été bon de façon générale dans la région, tel n’est pas le cas dans ces deux localités.
La campagne hivernale s’est installée très tardivement et s’est déroulée dans des conditions socio-économiques et climatiques extrêmement difficiles dans ces deux communes. A Hombori, les pluies ne sont tombées que durant la 2è décade du mois d’août pour s’arrêter définitivement à partir du 22 septembre. A Boni, les hauteurs de pluies enregistrées ont été de 343 millimètres en 22 jours, contre 405 millimètres en 21 jours durant la campagne dernière 2013-2014. Depuis le mois de septembre, plus aucune goutte de pluie n’est tombée. Pire, certains villages de la commune du Haïré, parmi lesquels Boni, n’ont reçu aucune goutte de pluie en 60 jours ! La mare d’un des villages de la commune rurale de Hombori qui avait été empoissonnée dans le cadre de la campagne piscicole, s’est asséchée à cause du manque d’eau et tous les alevins ont péri, rapporte le chef de village, Nouhoum Maïga. Le seul pluviomètre de la commune a été emporté par les rebelles et les agents de la météo qui s’occupaient des relevés pluviométriques ont été sommés par les bandits de quitter la localité.
Ce déficit pluviométrique n’a pas permis aux plantes de boucler convenablement leur cycle végétatif. En raison de l’absence de couvert végétal et herbacé le cheptel a énormément souffert du manque de pâturages et de points d’eau. Conséquence : beaucoup d’animaux sont morts. Une transhumance très précoce a été observée avec toutes les conséquences que le phénomène pouvait engendrer. La pression sur le peu de pâturages existants a été très forte et a engendré souvent des conflits.
Les poches de sécheresse s’étant multipliées çà et là dans les deux communes, les paysans ont envisagé, pour s’en sortir, de se lancer dans la culture du sorgho de décrue, là où cela est possible. Mais cette activité est à son tour menacée par une plante sauvage présente dans les mares. Des activités de maraîchage à très grande échelle sont prévues, là où quelques points d’eau subsistent.
Des ONG (notamment Islamic Relief, CICR, Conseil danois pour les réfugiés, PACT GIZ et Enda) ont secouru les populations sinistrées de ces localités. Islamic Relief dont l’aide était importante, vient d’annoncer l’arrêt de ses opérations humanitaires. C’est donc un cri de détresse que les populations ont adressé au ministre du Développement rural.
La commune de Hombori compte 25.527 habitants. Elle est constituée de 25 villages, dont 4 fractions touarègues. Celle de Boni compte 32.115 habitants vivant dans 32 villages. Ces populations vivent essentiellement de l’agriculture, de l’élevage et du petit commerce. A Boni, la famine frappe déjà à nombre de portes. « Très rapidement des distributions gratuites de céréales dans le cadre des activités du Commissariat à la sécurité alimentaire et d’autres actions humanitaires seront organisées », a promis le ministre Tréta.
Avec l’insécurité résiduelle, les habitants de ces deux communes n’osent pas s’aventurer à plus de 5 kilomètres des agglomérations. Cette précaution vaut aussi pour les agents de l’Etat qui y sont en poste. Le suivi régulier des activités est rendu difficile du fait des contraintes sécuritaires et du manque ou de la vétusté des moyens logistiques.
Face à ce tableau pessimiste, le ministre Tréta a apporté le message de solidarité de la nation et des plus autorités du pays aux populations affectées. « Vous n’êtes pas seules et vous ne serez pas seules. Nous avons décidé de venir vous voir et nous rendre compte de la situation qui prévaut. Je ferai un compte rendu fidèle au président de la République Ibrahim Boubacar Kéita et au gouvernement et vous bénéficierez de tout l’appui indispensable qu’il faut pour atténuer vos souffrances », a t-il assuré aux populations venues l’écouter.
Bocari Tréta a instruit à ses services techniques, en relation avec l’administration locale et régionale et les partenaires, de cibler les activités d’urgence à mobiliser pour soulager les populations affectées. Un plan d’urgence doit être rapidement élaboré et des actions pérennes identifiées pour renforcer la résilience des populations vulnérables. C’est sur cette note d’espoir que la visite du ministérielle a pris fin.
M. COULIBALY