Prendre une décision est une chose, prendre des dispositions utiles pour son application stricte sur le terrain en est une autre. Et cette dernière semble être le péché mignon des plus hautes autorités du Mali. En effet, difficilement les responsables maliens, à tous les niveaux, ont pu faire un suivi régulier des décisions qu’ils prennent pour s’assurer de leur application et de leur effectivité sur le terrain. La décision présidentielle de baisser les prix de l’engrais, pour que le plus grand nombre de paysans puissent s’en approprier et dont la teneur a pour objectif de booster la production, ne fait pas exception à cette situation. En effet, il nous revient constamment dans les discours paysans que certains spéculateurs, en complicité avec des agents des structures décentralisées du développement rural, Ministère de l’Agriculture si vous voulez, n’ont pas assez attendu pour faire main basse sur l’engrais subventionné pour ensuite le revendre entre 15.000 Fcfa et 20.000 Fcfa. Cela, à travers des réseaux savamment montés.
Dans plusieurs localités de Tombouctou, dont Diré, les producteurs ne savent plus à quel saint se vouer, tant il est devenu impossible pour eux de pouvoir mettre la main sur un sac d’engrais. “Aujourd’hui, c’est la grande désillusion pour nous. Ce que nous craignons le plus, c’est de voir nos espoirs s’envoler, tant nos cultures sont menacées, faute d’engrais. Nous nous étions regroupés pour faire une commande d’engrais pour tout le village, car cela a l’avantage de faciliter l’acheminement, pour qui connaît notre zone très fortement enclavée. Mais à notre grande surprise, ceux qui étaient chargés de l’achat et de l’acheminement de l’engrais sont revenus bredouilles nous rendre notre argent. Nous lançons un appel au sécours aux plus hautes autorités. Si elles ne font rien pour nous , nous n’aurons rien cette année en terme de production agricole”, s’exclame Ousmane Maiga, paysan à Diré.
Le problème ne se pose pas seulement à Diré, de nombreuses localités de Tombouctou sont confrontées à la même situation de pénurie d’engrais, si bien que d’aucuns se débrouillent pour en acheter sur le marché noir entre 15.000 Fcfa et 20.000 Fcfa, voire plus. Si le président IBK, par souci de venir en aide aux paysans, est à saluer pour cette décision courageuse de ramener le prix de l’engrais de 12.500 à 10.000 Fcfa, il revient à son Ministre du Développement Rural de veiller à ce que cela puisse pleinement profiter aux paysans. Tel ne semble pas, pour le moment, être le cas pour nombre de paysans de l’intérieur, surtout ceux des zones éloignées.
En attendant, les paysans de Tombouctou ruminent leur colère, non pas sans penser que la baisse du prix de l’engrais, décidée par le président IBK, est une duperie. Ont-ils vraiment tort quand ils n’avaient jamais rencontré autant de difficultés d’approvisionnement lorsque le sac coûtait 12.500 Fcfa que celles qu’ils sont en train de vivre aujourd’hui. Au Ministre Bocari Tréta de s’assumer donc !
Assane Sy DOLO