Gnoumani-sa : Le revenant ?

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Diadié Bah
Diadié Bah

Ceux des opérateurs économiques qui pensaient l’avoir sorti définitivement de la filière des appels d’offres dans le domaine agricole à cause de ses nombreuses indélicatesses et de son âpreté au gain facile, en ont eu pour leurs frais. Après une année d’absence, (il avait été jeté par la porte ), le revoilà revenu par la fenêtre cette année au grand dam de ses concurrents qui n’en croient toujours pas leurs yeux. Il s’agit de la société « Gnoumani-Sa » de Diadié Bah.

La semaine dernière, au moment où le Parena s’interrogeait sur la qualité du marché des 1000 tracteurs, se jouait la fond la course pour le dépôt des dossiers de participation aux appels du ministère du Développement rural. C’est un moment de grande concurrence où petits et gros opérateurs espèrent tirer le gros lot. Donc quand il y a comme qui dirait des intrus autour de la table, cela pose problème et suscite beaucoup d’interrogations. Cette année, le monde des opérateurs économiques fournisseurs d’engrais a été surpris de revoir Diadié Bah de « Gnoumani-Sa » dans la course. On parle de revoir dans la mesure où l’année dernière, il n’avait pas participé aux appels d’offres. Et pour cause.

On se rappelle du véritable feuilleton autour de cet opérateur plutôt sulfureux. Les premiers épisodes datent de 2011 où le président ATT avait insisté sur la nécessité qu’il y avait à bien gérer l’argent mis à la disposition de l’agriculture. « Il faut mettre fin aux malversations dans le domaine des subventions » avait déclaré le président de la République qui était au courant l’ampleur des dégâts en la matière. Au moment où il faisait cette déclaration, l’affaire des deux milliards que réclamait Diadié Bah défrayait la chronique. Gros opérateur économique, militant de la première heure du PDES, Diadié avait profité de la mise en place de l’Initiative Riz pour monter un stratagème afin de contourner les procédures et s’en mettre plein la poche. Et à l’époque, Diadié Bah et sa société avaient été accusés de faux et usage de faux. Rien que sur la région de Koulikoro, il avait réussi à faire des « miracles » à lui tout seul et à son seul bénéfice. Sur la base des prévisions arrêtées pour cette région, le montant total de la subvention de l’Etat était de 1,8 milliard à partager entre une quinzaine d’opérateurs. Or la société « Gnoumani-Sa » à elle seule, avait produit deux factures d’un montant total de 2, 223 milliards, c’est-à-dire dépassant de loin l’enveloppe prévue. Pourtant selon nos informations, les besoins ont été couverts par l’ensemble des fournisseurs et Diadié Ba et sa société ont livré moins de 20% des engrais.

Cette fraude avait d’abord été découverte par la direction nationale de l’Agriculture. Mis au courant de l’ampleur de la magouille et des risques qu’elle fait peser sur la pérennité de l’initiative, le ministre de l’Agriculture de l’époque, Aghatam Ag Alhassane avait saisi son homologue de l’Economie et des Finances pour lui demander de suspendre le paiement au profit de la société « Gnoumani-Sa » en attendant « la fin des contrôles exhaustifs » qu’il a ordonnés. En effet, par lettre « très urgent » en date du 8 avril 2011 dernier, il informait le ministre des Finances « des nombreuses irrégularités constatées dans la demande de remboursement de la société Gnoumani-Sa ».

La découverte du pot aux roses n’avait pas découragé Diadié Ba. Coordinateur du PDES pour la région de Ségou, il avait actionné tous les leviers politiques dont il disposait au niveau de l’Etat. Mais il n’avait pas pu obtenir gain de cause jusqu’au coup d’Etat. Sous la Transition, l’Etat avait intenté un procès contre les agents de la direction de l’agriculture soupçonnés d’avoir servi Diadié Bah dans sa magouille. Dans la même foulée, après une évaluation des servis réellement faits par la société « Gnoumani-Sa », l’Etat reconnaissait devoir environ 200 millions. Les agents de l’Etat avaient été reconnus coupables, condamnés et jetés en prison pour certains après un procès en cours d’assises. Mais bizarrement celui qui a profité de la magouille n’avait pas été inquiété. Toutefois il avait été débouté de ses prétentions. Au courant des turpitudes de Diadié Bah, les nouveaux responsables du Développement rural avaient pris soin de lui faire comprendre qu’il serait bon pour lui et sain pour la filière d’aller paître ailleurs. D’où sa disparition des radars. Mais visiblement, c’était une disparition de courte durée dans la mesure où cette année il est revenu. Et les questions fusent de toutes parts. A-t-il été blanchi ? Qui a bien pu le réhabiliter ? L’Etat fermerait-il les yeux sur ses incartades ?

Oumar TRAORE

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