Malgré les nombreuses preuves qui l’accablent, l’opérateur économique de Niono, Diadié Bah, qui réclame, à tord et sur la base de faux documents, plus de 2 milliards de FCFA, continue de défier l’Etat.
Du Pôle Economique au ministère des Finances en passant par celui de l’Agriculture, et ses réseaux politiques, au plus haut niveau de l’Etat, Diadié Bah, un grand notable de Niono, opérateur économique de son état et baron du PDES, a essayé de transformer la vérité des chiffres en faux. En vain.
En effet, depuis la découverte, en mai dernier, de la grosse magouille, Diadié Bah n’a pas hésité à frapper toutes les portes. Après s’être livré en spectacle devant les siens, à Niono, il a contacté l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM). Lors d’une de ses nombreuses rencontres, le président de cette institution, Bakary Togola, qui n’a pas toujours sa langue dans la poche, aurait laissé entendre que «si le ministère se montre très intransigeant sur ce dossier, c’est qu’il a des arguments solides».
Sa deuxième démarche a été de faire intervenir son nouveau parti, le PDES. Le président de cette formation politique et non moins ministre de l’Equipement et des Transports, Ahmed Diané Séméga, s’est, en personne, déplacé pour rencontrer son collègue de l’Agriculture, Aghatam Ag Alhassane. A la fin de leur entretien, nous ont confié nos sources, le président du PDES a trouvé que le dossier était indéfendable.
Ultime démarche de l’opérateur économique-magouilleur, Koulouba. Mais, le Président de la République, qui est assez informé sur les tenants et les aboutissants du dossier, a fermé sa porte au visiteur Diadié Bah. Pour être encore plus explicite dans sa quête de faire jaillir la vérité dans cette sale affaire, le Président de la République n’a pas hésité à limoger, la semaine dernière, le Chef de le Brigade du Pôle économique et financier de Bamako. Celui-là même qui, selon nos investigations, aurait tenu des propos «partiaux», lors des interrogatoires concernant ce dossier. Il était revenu au Chef de l’Etat que cet Officier-enquêteur voulait étouffer l’affaire en faveur, bien sûr, de Diadié Bah.
Depuis, celui-ci erre de bureaux en bureaux pour clamer son innocence et pour tirer sur lui les grâces de certains hauts cadres de l’administration, à coût d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Ce que Diadié bah ignore, c’est que le dossier ou plutôt les traces qu’il a laissées derrière lui pendant les sales opérations sont indélébiles : 314 cautions signées de sa main, plusieurs fausses factures et autres faux documents. De plus, nos investigations nous ont permis de savoir qu’entre toutes les 314 livraisons et les signatures des cautions, il n’y avait que deux jours d’intervalle. Impossible, aux dires de certains techniciens du secteur agricole que nous avons rencontrés.
Rappelons surtout que le pot-au-rose a été découvert, lorsque le Directeur national de l’agriculture, Daniel Kéléma, a fait vérifier sur le terrain toutes les informations qui lui ont été parvenues. C’est ainsi qu’il a, par exemple, constaté que « Gnoumani-Sa» de Diadié Bah a produit deux factures d’un montant total de 2 223 754 443 CFA pour la seule Direction Régionale de l’Agriculture (DRA) de Koulikoro. Directement, il a saisi son ministre qui, à son tour, en a informé son collègue des Finances. C’est ainsi que l’étau s’est refermé sur lui. Résultat : A la demande du ministre de l’Agriculture, son homologue des Finances a décidé de suspendre le paiement. Surtout que des informations provenant de la DNCC affirment qu’en deux campagnes agricoles, Diadié Bah n’a importé que 75 000 tonnes d’engrais. Alors, comment a-t-il pu faire entrer et livrer plus de 700 000 tonnes d’engrais sur le territoire malien. C’est une autre paire de manche que les services de l’assiette entameront bientôt avec lui.
En attendant, pour avoir décelé la magouille, la Direction nationale de l’agriculture a reçu les félicitations de sa hiérarchie. Le ministre des Finances, lui, a salué l’action entreprise par son collègue pour éviter à l’Etat une hémorragie financière.
Diadié Bah est donc sérieusement averti : le gouvernement malien a désormais l’œil sur lui. C’est une véritable chape de plomb qui s’abat sur cet opérateur économique véreux. Après l’affaire du PACCEM à Ségou dans laquelle les Canadiens sont à ses trousses et celle du PASAOP, ce baron du PDES (il avait milité à l’ADEMA, au RPM…) se retrouve dans une autre sale affaire. A la différence que cette fois-ci, il a à faire à des «durs à cuir». A suivre.
Paul Mben