Le fruit recèle des vertus médicinales insoupçonnées des consommateurs. Et il génère de plus en plus de revenus substantiels pour les acteurs de la chaîne de valeur.
La mangue est le fruit du manguier appelé Mangifera indica, grand arbre tropical de la famille des Anacardiaceae. Originaire d’Asie, principalement d’Inde, il a été introduit au Mali à partir de Kita en 1890. Au Mali, les principaux bassins de production de mangues se situent dans les localités de Bougouni, Yanfolila, Sikasso (région de Sikasso), Koulikoro, Kati, Siby (région de Koulikoro), Ségou, Kayes et le district de Bamako et environs. La saisonnalité de production va de mars à juin.
La mangue est une filière porteuse qui offre de réelles opportunités eu égard au potentiel existant (575.000 tonnes sur 109.876 hectares de superficies, soit 10.987.600 pieds de manguiers) dont plus de 80% de variétés exportables et les marchés porteurs sont l’Union européenne, les pays de la sous-région et le Maghreb. La production se caractérise par sa diversité qui comprend 120 variétés selon l’Institut d’Economie Rurale (IER). Les variétés d’exportation sont constituées essentiellement de Kent, Keitt, Amélie, etc. La mangue présente des goûts différents en fonction de la variété et de la maturité.
La mangue est le fruit tropical le plus consommé au monde après la banane. Au Mali, en période de campagne, la consommation de mangues est très grande. Pendant cette période, elle devient le principal dessert des populations. Elle peut être mangée nature ou incorporée à des plats variés (salades de fruits, etc.). Sa chair orangée et juteuse est une bonne source de fibres et de vitamine C. Elle aurait un potentiel anti-cancer, notamment grâce à son contenu en antioxydants. La matière grasse issue du noyau de la mangue peut être incorporée à certains aliments tels le chocolat. Les fibres solubles contribuent à diminuer les risques de maladies cardiovasculaires grâce à leur capacité à réduire le cholestérol sanguin.
La mangue peut fournir la totalité de l’apport journalier recommandé en bêta-carotène, en fibres et en vitamine A et C, ce qui lui confère la palme de la protection contre l’action des radicaux libres. La pelure et le noyau de la mangue ont des propriétés intéressantes pour l’industrie alimentaire. Ainsi, la pelure de la mangue est reconnue comme une source de pectine de haute qualité.
LE PELOTON DE TÊTE DES EXPORTATIONS. Les composés phénoliques qu’elle contient permettraient également de l’utiliser comme antioxydant naturel. Le noyau, quant à lui, possède aussi des propriétés anti oxydantes. Il constitue de plus une source d’huile comestible, d’amidon et de farine. Les feuilles de manguier bouillies et bues le lendemain contribueraient à réguler le taux de sucre dans le sang des diabétiques, selon le nutritionniste Dr Alou Barry du Laboratoire de technologie alimentaire (LTA) de l’Institut d’économie rurale (IER).
Une conférence débat organisée jeudi dernier à l’occasion de la journée consacrée à la filière mangue a permis aux participants de se faire une idée des revenus que peut procurer ce fruit. La mangue malienne est exportée dans certains pays de la sous-région, de la région du Maghreb et Moyen Orient. Ainsi, les mangues sont vendues sur les étals des marchés du Gabon, du Niger, de la Mauritanie, de la Guinée Conakry, du Burkina Faso, du Sénégal, de l’Algérie, du Maroc, de la Lybie, de la Tunisie, de l’Angola, de la Guinée Equatoriale, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et de l’Arabie Saoudite. Les exportations vers ces pays ont représenté en 2013 une valeur monétaire totale de plus de 9,75 milliards Fcfa, dont la Mauritanie et le Sénégal occupaient le peloton de tête avec plus de 8000 tonnes exportées pour une valeur respective de 4,024 milliards Fcfa et 3,642 milliards Fcfa. Le Burkina Faso occupait la troisième position des exportations maliennes de mangues en 2013 pour une valeur de 1,070 milliard Fcfa pour 2378 tonnes.
A côté de ces marchés prometteurs, on enregistre le marché de l’Union européenne qui représente 28 pays avec près de 500 millions de consommateurs. Mais, ce marché européen a ses exigences que les mangues à l’exportation doivent satisfaire afin de protéger la santé humaine et animale, l’environnement et les droits des consommateurs. Les principaux marchés européens des mangues maliennes sont la France, la Belgique, les Pays Bas, le Royaume Uni et l’Allemagne par voie maritime et aérienne pour une valeur monétaire totale en 2013 de 4,484 milliards Fcfa.
PAPAYE ET MIEL AU MENU. Les quantités de mangues commercialisées sur nos marchés sont faibles au regard du potentiel dont dispose le pays. Ainsi les volumes commercialisés en 2013 selon les données de l’Interprofession de la filière mangue (IFM) donnaient 18.209 tonnes. Le volume de mangues transformées (séchée, purée, concentré, nectar, confiture, sirop, jus, pulpe) a représenté un total de 4.800 tonnes. De façon générale, les gains générés par la filière ont considérablement progressé entre 2011 et 2013 passant respectivement de 7,816 milliards Fcfa à 25,172 milliards Fcfa, a révélé Moctar Fofana, président de l’IFM.
Selon les dernières statistiques disponibles, la filière mangue constitue actuellement la cinquième recette d’exportation du Mali. Elle contribue pour beaucoup dans l’augmentation et la diversification des revenus des acteurs directs des principaux bassins de production. Ainsi, selon Moctar Fofana, la filière a généré 4,080 milliards Fcfa pour les producteurs, 788 millions Fcfa pour les pisteurs et 14 milliards Fcfa pour les exportateurs en 2013. L’action prioritaire à mener pour le développement de la filière serait de permettre au niveau de la production de glisser vers des exploitations de plantations type améliorées et modernes pour approvisionner un marché d’exportation et un marché urbain qui pourrait s’avérer très rémunérateur dans la distribution urbaine et la transformation. La transformation constitue, dans un second temps, un créneau pour valoriser les variétés et une partie des mangues non exploitées à l’exportation, par effets induits augmenter la production et créer de la valeur ajoutée.
Pour impulser un développement durable de la filière, il faut que les acteurs et les partenaires puissent agir dans une synergie de façon significative et permanente. Ainsi les acteurs seront à même de fournir une production en quantité et qualité suffisante dans l’optique de conquérir plus de parts de marché.
Pour y arriver les services d’appui constituent des moyens pour renforcer les capacités des acteurs sur les services en adéquation avec les besoins de la filière, afin d’arriver à une offre de qualité qui réponde aux exigences du marché national et international ont conclu les panélistes lors de la journée de la mangue organisée au Salon international de l’Agriculture (SIAGRI).
La prochaine édition du SIAGRI s’intéressera à la papaye et au miel. Les visiteurs découvriront à l’occasion les vertus de ces produits agricole et de cueillette, a promis le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali, Bakary Togola.
M. COULIBALY
Bananeraies : LA SOUCHE TR4 MENACE LES EXPLOITATIONS
La FAO encourage l’intensification de la lutte contre cette maladie qui ravage les plantations
Selon une note d’information de la FAO, la souche Tropical Race 4 (TR4) de la maladie, également connue sous le nom de maladie de Panama, constitue une sérieuse menace pour la production et l’exportation de la banane, fruit très apprécié et pourrait avoir de graves répercussions sur la filière et les moyens d’existence. La FAO exhorte les pays à intensifier la surveillance, la notification et la prévention de la jaunisse fusarienne, une des maladies les plus destructrices de la planète pour les bananiers, qui s’est récemment propagée de l’Asie à l’Afrique et au Moyen-Orient et menace de s’étendre aux pays d’Amérique latine.
La banane est considérée comme la huitième culture alimentaire mondiale, et comme la quatrième dans les pays les moins avancés, selon FAOSTAT, le principal service de collecte et d’analyse de données de l’institution des Nations Unies.
«Toute maladie ou contrainte qui touche les bananes frappe une importante source de nourriture, de moyens d’existence, d’emploi et de recettes publiques», a déclaré le secrétaire du Forum mondial de la banane, Gianluca Gondolini. Le Forum, qui a son secrétariat au siège de la FAO, a pour mission de promouvoir une production et un commerce durables de la banane. Selon un phytopathologiste de la FAO, Fazil Dusunceli, «la diffusion de la jaunisse fusarienne du bananier pourrait avoir de sérieuses conséquences pour les planteurs, les négociants et les familles qui tirent leurs moyens d’existence de cette filière».
«Les pays doivent à présent agir comme si nous devions éviter le pire des scénarios, qui serait de voir partir en fumée une grande partie de la récolte mondiale de bananes», a-t-il ajouté.
Mesures recommandées. Au niveau des pays, la FAO conseille en particulier des opérations de sensibilisation à tous les niveaux et l’adoption de systèmes appropriés d’évaluation des risques, de surveillance et d’alerte rapide, la mise en œuvre de mesures phytosanitaires pour prévenir une propagation de la maladie par les pratiques agricoles, les systèmes d’irrigation et de drainage, les transports, les véhicules, les conteneurs, les outils ou les visiteurs. Elle préconise des mesures de prévention, telles que la mise en quarantaine, l’utilisation de matériel végétal indemne de la maladie, des précautions pour éviter que des particules de sol ou du matériel végétal infecté entrent ou sortent des exploitations, la désinfection des véhicules entrants et sortants. Elle encourage le renforcement des capacités des Organisations nationales de protection des végétaux (ONPV) en matière de planification, de vulgarisation et de recherche, y compris l’utilisation d’outils de diagnostic rapides et précis. Elle soutient la formation des techniciens, des producteurs et des ouvriers agricoles afin qu’ils apprennent à identifier, prévenir et gérer la maladie dans des conditions réelles, et puissent donner des instructions appropriées aux visiteurs.
Transmission par le sol.D’autres souches de la maladie existent depuis longtemps, mais la souche TR4 a fait des ravages dans les bananeraies d’Asie du Sud-Est au cours des deux dernières décennies et elle a récemment été signalée en Mozambique et en Jordanie.
La souche TR4 infecte les bananes Cavendish, qui sont les variétés les plus commercialisées dans le monde, ainsi que d’autres variétés sensibles consommées et vendues localement. La maladie endommage les bananiers et réduit la production, mais le fruit reste comestible. La jaunisse fusarienne est causée par le champignon Fusarium oxysporum f.sp. cubense (Foc). Elle se transmet par le sol et le champignon peut survivre pendant des décennies. Une fois que la maladie est présente dans un champ, elle ne peut plus être contrôlée avec les pratiques et les fongicides actuellement disponibles. Le meilleur moyen de la combattre est de prévenir sa propagation, notamment en évitant les mouvements de matériel végétal malade et de particules de sol contaminées.
Source FAO