L’azote est un élément nutritif déterminant pour avoir des rendements intéressants de la production céréalière et particulièrement le riz. Cet engrais minéral, qui est épandu de façon manuelle, par les producteurs est très mobile dans les sols et se perd facilement entraînant des problèmes de pollution de l’air, des eaux de surface et des nappes phréatiques. Le placement profond de l’urée ou de l’engrais, selon le cas, est perçu comme une solution à la gestion de l’azote en agriculture.
Le Centre international pour le développement des engrais (IFDC) exécute, depuis 2014, le Projet placement profond de l’urée sur le riz, de son acronyme anglais « Fertilizer Deep Placement » (FDP) et la microdose sur le mil et le sorgho (FDP-MD). Ce projet d’une durée de 5 ans (2014-2019) est financé par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) dans le cadre du programme du gouvernement américain, Feed The Future (FtF), pour la diffusion à grande échelle de deux technologies agricoles innovantes, à savoir le placement profond de l’urée sur le riz et la microdose sur le mil/sorgho.
L’objectif stratégique du Projet FDP-MD est d’accroître la productivité des cultures céréalières, à travers la promotion et la diffusion de technologies efficientes d’utilisation des engrais pour les cultures du riz, mil, sorgho dans les zones d’intervention de FtF que sont les 113 communes ciblées des Régions de Ségou, Sikasso, Mopti et Tombouctou.
La technologie dite du Placement profond de l’urée, rappelle-t-on, a été expérimentée en premier lieu au Bengladesh (un pays de l’Asie du Sud-Est), d’où elle s’est étendue, grâce à ses résultats agricoles intéressants, à d’autres pays en développement. Elle consiste à placer un granulé, appelé « Bonboni » par les paysans, d’urée compactée manuellement ou à l’aide d’une machine entre 4 plants de riz à 7 et 10 centimètres de profondeur environ, une semaine après le repiquage. L’avantage de cette technologie de fertilisation minérale consiste, pour l’engrais, à libérer progressivement l’azote indispensable à la croissance végétale de la plante. Le placement profond de l’urée a aussi comme avantage que les racines de la plante, se trouvant en profondeur, bénéficient directement des apports en fertilisants minéraux à l’opposé de l’épandage qui profite aussi aux mauvaises herbes.
La microdose, aussi appelée par les paysans « Tiommi », est une application localisée au pied de la plante de mil et ou de sorgho d’une petite quantité d’engrais qui améliore l’efficience d’utilisation des engrais et augmente significativement les rendements de la culture. La quantité d’engrais nécessaire pour un hectare de mil est de 20 à 25 kg contre 100 kg pour la pratique classique paysanne. Pour le sorgho, il faut 45 kg de DAP à l’hectare contre 100 kg pour l’épandage à la volée. Les rendements sont aussi significatifs, surtout pour le sorgho, sur lequel le paysan peut obtenir 1,8 tonne à l’hectare contre 1 tonne avec la pratique paysanne.
L’utilisation efficiente de l’engrais, à travers le placement profond de l’urée permet, du coup, de faire des économies d’achat pour le paysan. En effet, « si la vulgarisation agricole conseille un apport de 200 kg d’engrais pour un hectare, le FDP-MD nécessite juste 113 kg par hectare, soit une économie de 87 kg. Ce qui n’est pas négligeable pour un paysan », a confié le coordinateur du projet, Aly Coulibaly, qui a reçu le prix 2016 IFDC.
La cérémonie de remise de cette distinction s’est tenue dans les locaux de IFDC à Badalabougou. C’était en présence du directeur régional Afrique du Nord et de l’Ouest, Rob Groot, familièrement appelé Rob Kéita par ses collègues, du coordinateur de IFDC Mali, Amadou Ouadidjé, des collègues d’Aly Coulibaly, d’autres projets financés par l’USAID et de membres de sa famille. Le récipiendaire a dédié sa distinction à son équipe du projet FDP-MD « qui a œuvré inlassablement pour atteindre ces résultats qui sont aujourd’hui primés ».
Mamadou DOLO