Le Président du Fonds international pour le développement agricole (Fida), Gilbert Ongbo (accompagné du ministre de l’Agriculture, Moulaye Ahmed Boubacar et d’Aly Coulibaly, ambassadeur du Mali auprès des Agences des Nations unies à Rome) a visité le mardi 2 juillet 2019 trois entreprises créées par trois jeunes du cercle de Kolondièba sur le financement du Projet de formation professionnelle, insertion et appui à l’entrepreneuriat des jeunes ruraux (FIER). Cette visite de terrain, selon le président du Fida, consistait à écouter les autorités aux niveaux central, régional, local, mais aussi écouter les bénéficiaires des projets.
Après la salutation chez le chef de village, le président du Fida et sa délégation se sont rendus à la ferme Kolondièba de Nouhoun Sidibé intervenant dans l’élevage des poules pondeuses. Au départ, cette ferme était installée sur un terrain de 400 m2 avec un poulailler de 190 m2, 600 sujets de poules pondeuses avec un chiffre d’affaires de 3 millions Fcfa et un seul personnel. L’appui du FIER d’un montant de 4 629 820 Fcfa a permis au promoteur Nouhoun Sidibé d’augmenter sa production avec la construction d’un poulailler en ciment de 190 m2 avec éclairage solaire ; d’acheter un véhicule de livraison de marque Toyota ; d’augmenter le nombre de ses pondeuses à 3 500 ; d’augmenter ses employés (création d’emplois) à 3 permanents et un non permanent qui fait office de chauffeur du véhicule de livraison. Les marchés ciblés par la ferme de Nouhoun Sidibé sont Fakola, Kébila, Zantiébougou, Yanfolila, Kalana et beaucoup d’autres villages et de la ville de Kolondièba. A ses dires, son chiffre d’affaires prévisionnel est à 5 700 000 Fcfa par mois. Les charges prévisionnelles sont estimées à 2 millions Fcfa par mois. Ce qui lui permet de faire un bénéfice de 3 700 000 Fcfa. Autour de la production d’œufs, Nouhoun Sidibé fait la production et la vente de poussins ” Barama ” et des poussins de races issues de recherche. Ce qui lui a permis de générer 2 millions Fcfa en 2018. Il s’est dit satisfait de l’appui du FIER. En perspectives, il ambitionne d’élargir sa ferme dotée d’un forage. Cette doléance a été notée par le premier responsable du Fida.
Le 2e projet visité est l’entreprise Zégué Agro de Dramane Traoré. Fondée en 2013 avec fonds propres de 200 000 Fcfa, Zégué Agro intervient dans la valorisation des produits agricoles du Mali avec leur transformation et leur distribution (vente) comme le miel, les jus de mangue, de papaye, de gingembre, de cajou et autres produits. Le financement de FIER estimé à 4 500 000 Fcfa a permis de ramener son personnel de 2 à 5 personnes. Les principaux clients de Zégué Agro se trouvent à Bamako, Koulikoro, Kolondièba. Comme difficulté, il a parlé du déficit d’électricité qui l’empêche de satisfaire la demande qui est de plus en plus croissante. Pour son approvisionnement en produits, Zégué (nom du village du promoteur) Agro avec beaucoup de coopératives locales de Kolondièba. Dramane Traoré ambitionne d’augmenter sa production.
Le 3e projet visité est l’entreprise ” Métallique Sabali ” des frères Karim Doumbia et Massa Doumbia. Très satisfait du financement de FIER et de la venue du Patron de Fida dans son entreprise, Karim Doumbia s’est dit confronté à un manque de matériels pour perfectionner ses productions qui sont, entre autres, des charrues, des fourneaux, des tables-bancs, des pousses-pousses et autres équipements. D’après lui, la création de son entreprise a permis de créer des emplois et de réduire l’exode des ruraux à Kolondièba.
Après ces visites de terrain, le patron Fida, Gilbert Ongbo, et le ministre de l’Agriculture, se sont adressés aux 575 promoteurs de projets à Kolondièba dont 46 % sont des femmes.
Gilbert Ongbo (président du Fida) : ” Le Fida est déterminé à jouer sa partition aux côtés des autorités compétentes du Mali afin de porter sa petite pierre à cette construction nationale malienne ”
Dans son adresse, Gilbert Ongbo, au nom de la délégation qui l’accompagne, a remercié les autorités maliennes pour l’accueil chaleureux que le peuple leur a réservé. Sur l’objet de sa visite au Mali, surtout à Kolondièba, il a affirmé que c’est un désir d’intensifier les relations du Fida avec le gouvernement et le peuple maliens. D’après lui, le Fida est déterminé à jouer sa part de partition aux côtés des autorités compétentes du Mali afin de porter sa petite pierre à cette construction nationale malienne. ” Et cela se traduit pour nous à savoir écouter les autorités au niveau central, les autorités au niveau régional et les autorités au niveau local. Mais, pour nous, il s’agit aussi de savoir écouter les bénéficiaires. Et c’est pour ça que nous sommes venus à Kolondièba pour vous écouter afin de savoir, de pouvoir prendre le pool de nos interventions, de pouvoir savoir ce qui marche très bien, mais aussi de pouvoir prendre note et prendre actes de ce qui marche moins bien. Cela devrait nous permettre de porter à échelle les activités pour lesquelles nous avons du succès. Et les témoignages que nous recevons depuis notre arrivée au Mali au sujet de tous nos projets et plus précisément du projet FIER nous rendent fiers. Et nous sommes déterminés ensemble, vous et nous, à entreprendre et avoir les voies et moyens qui devraient nous permettre de continuer cette bataille qui devrait nous permettre de porter plus d’appuis aux côtés du gouvernement du Mali à cette population, à cette jeunesse qui, nous le savons, est une jeunesse dynamique, une jeunesse entreprenante et surtout une jeunesse qui a envie de faire la différence et de prendre ses destins dans ses propres mains “, a-t-il déclaré.
Il a profité de son allocution pour remercier le gouvernement malien pour le Fida (référence au ministre de l’Agriculture Moulaye Ahmed Boubacar) qui, à ses dires, “n’a cessé de les talonner à juste titre afin de s’assurer que les interventions du Fida continuent de s’aligner dans le cadre de la stratégie dessinée par le gouvernement et de faire en sorte que nous réduisions le coût transactionnel afin de maximiser l’impact au niveau du terrain, afin de maximiser chaque fonds que nous investissons sur le terrain. Et c’est ça que nous sommes déterminés à assumer”.
” Et je m’en voudrais de partir sans insister sur le besoin que je qualifierai d’impérieux de continuer à nous assurer qu’au moins 50 % de nos bénéficiaires sont des femmes et des jeunes filles ”
S’adressant aux bénéficiaires et particulièrement aux femmes bénéficiaires, il a dit qu’au Fida ils savent le rôle de la femme en général, le rôle de la femme africaine en particulier et plus précisément la Malienne. “ Nous voulons vous encourager puisque mettre la femme surtout la jeune fille au centre de nos stratégies de développement est la voie du futur. Et ceci constitue un des piliers des interventions du Fida. Et je m’en voudrais de partir sans insiste sur le besoin que je qualifierai d’impérieux de continuer à nous assurer qu’au moins 50 % de nos bénéficiaires sont des femmes et des jeunes filles “, a-t-il espéré.
Il a ajouté que la nutrition leur importe beaucoup. Car, pour lui, la plupart des pays africains ont parfois des problèmes de nutrition dont l’impact a des répercussions sur la santé, sur l’éducation et sur le futur des pays africains. Il a donc convié les responsables à mettre l’accent sur l’emploi pour la jeunesse et surtout d’insister sur la dimension femme, nutritionnelle et de changement climatique qui affecte l’agriculture, l’élevage et toute la chaîne de valeur en matière agricole. ” Je sais que je peux compter sur vous afin de continuer cette bataille que nous avons entreprise tous ensemble depuis 37 ans “, a-t-il clos son intervention.
Moulaye Ahmed Boubacar (ministre de l’Agriculture) : ” Le Mali est satisfait des prestations du Fida qui a toujours répondu présent aux sollicitations du Gouvernement maliens, à des moments difficiles et dans des zones difficiles contribuant ainsi par ses réalisations pertinentes à ressouder le tissu social des régions du nord “
Au nom de son collègue de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Me Jean Claude Sidibé (en voyage en France), le ministre de l’Agriculture, Moulaye Ahmed Boubacar, a rappelé que la coopération entre le Mali et le Fida a 37 ans. Et durant cette période, a-t-il indiqué, le Fida n’a jamais interrompu son appui pour le développement de l’agriculture au Mali avec comme cibles les producteurs ruraux. “Nous n’oublierons pas que la formulation du Projet de formation professionnelle, insertion et appui à l’entrepreneuriat des jeunes ruraux (FIER) a démarré en 2013 pendant que le Mali était en pleine crise. Au Mali, la population est jeune à près de 60 %. Cette jeunesse qui est essentiellement rurale est aussi la force de travail pour la production. Mais elle reste vulnérable à cause du manque de perspective, du déficit de qualification, d’information et d’accompagnement. Les appuis du Fida ciblent spécifiquement cette jeunesse rurale et ces groupes vulnérables. Avec le projet FIER, 3882 projets ont été financés au profit de 4 217 jeunes dont 47 % de femmes. Avec le projet inclusif, plus de 440 000 producteurs seront touchés. Ces interventions ont significativement réduit la pauvreté rurale à travers des actions d’envergure qui ont impulsé le développement durable et garanti la stabilité sociale. Elles ont aussi un impact très important sur l’exode rural et la migration“, a-t-il souligné.
Selon le Ministre, le Fida a toujours répondu présent aux sollicitations du gouvernement malien et à des moments difficiles et dans des zones difficiles contribuant ainsi par ses réalisations pertinentes, à ressouder le tissu social des régions du nord. “La Coopération Mali/Fida a à son actif de nombreuses réalisations toutes conformes aux besoins et aspirations des populations bénéficiaires et à la vision des plus hautes autorités du pays. Ce partenariat qui a 37 ans a su de façon élégante, résisté à l’épreuve du temps grâce à sa grande capacité de résilience et sa force d’anticipation. Le Mali est satisfait des prestations du Fida. Ce qui justifie ses prises de positions en faveur du Fida et sa contribution à la reconstitution des ressources du Fida”, a-t-il affirmé.
Il a invité les bénéficiaires des projets à comprendre qu’ils sont des ambassadeurs, des conseillers, des formateurs et des employeurs. Car, selon lui, ils ont été soutenus dans leur choix d’activité. “Donnez l’exemple. Des milliers d’autres attendent. Ne leur fermez pas la porte“, leur a-t-il conseillé avant d’adresser les gratitudes du Mali au Fida.
Auparavant, le chef de village et le maire de Kolondièba (Amadou Doumbia) avaient salué l’intervention du FIER dans leur localité pour la promotion de l’emploi et la lutte contre le chômage et l’exode rural. Pour cette reconnaissance, le maire a remis un cadeau au président du Fida.
Siaka DOUMBIA – Envoyé spécial