Engrais frelatés : Le PARENA réclame une enquête impartiale

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Tiéblé Dramé
Tiéblé Dramé

Dans l’introduction de son mémorandum, Le PARENA indique qu’un énorme scandale relatif à l’introduction au Mali d’engrais déficitaires en phosphate, en azote, en phosphore et autres nutriments a éclaté dans notre pays. L’utilisation de ces engrais aura sans doute, ajoute-t-il, des conséquences, au moins,  sur les rendements agricoles et  sur l’environnement.

Le Mémorandum mentionne  «  qu’au Mali, le marché de l’engrais et des pesticides, c’est  la poule aux œufs d’or. C’est bon an, mal an, des dizaines de milliards de francs CFA. Pour la campagne agricole 2015-16, c’est plus de  60 milliards de francs CFA pour les engrais et 20 milliards pour les pesticides. Outre les facilités douanières et fiscales accordées aux importateurs, l’Etat subventionne l’engrais à hauteur de 35 milliards de francs CFA pour la campagne en cours. Seize (16) fournisseurs se partagent le marché de l’engrais cette année. »

Pour le parti du Bélier blanc, les protagonistes de cette affaire en cours sont : «Toguna Agro Industries, Somadeco, le président du syndicat des producteurs de coton, Bakary Togola,  le Groupement d’intérêt économique (GIE) qu’il préside, les membres de ce GIE,  le Gouvernement du Mali avec en tête le ministre du Développement rural et le président de la République. »

Il désigne comme les victimes de cette affaire : le paysan, le contribuable,  le consommateur et l’Etat  maliens.  Entre autres conséquences, a souligné le parti, ce scandale risque de déstabiliser la filière coton qui est un des piliers de l’économie nationale.

Le mémorandum précise que : « pour la campagne agricole 2015-2016, plus de  60 milliards de francs CFA seront déboursés par les producteurs de coton et l’Etat maliens au titre des engrais et 20 milliards pour les pesticides. Le 4 octobre 2014, le GIE dirigé par Bakary Togola, a délibéré et attribué les marchés d’importation de l’engrais de la campagne agricole 2015-16 à seize (16) opérateurs pour les 210.000 tonnes du secteur coton et à huit (8) opérateurs pour les 37.000 tonnes destinées au secteur céréales pour des prix unitaires oscillant entre 317.000 F et 245.000F la tonne. » C’est, selon le PARENA, Toguna qui a saisi officiellement le gouvernement, en novembre 2014, de « la qualité douteuse des engrais fournis par la société SOMADECO », un autre fournisseur. Le parti signale qu’après plusieurs semaines d’atermoiements, les autorités ont fini par ordonner des analyses en laboratoire.

Le mémorandum note que pour vérifier la qualité des engrais livrés, des échantillons ont  été  prélevés chez tous les fournisseurs sur un total de  9000 tonnes livrées.  Les résultats provisoires, communiqués, le 8 avril, par la Direction Nationale de l’Agriculture, ont démontré que 37% des 9000 tonnes ne correspondent pas aux normes de la CEDEAO car  déficitaires en phosphate, azote, potasse et autres éléments nutritifs. C’est ainsi, indique le PARENA que le 21 mai 2015, le président du GIE s’est vu obligé d’écrire à une vingtaine de fournisseurs  pour les inviter à « prendre les dispositions utiles pour le retrait et le remplacement » des quantités d’engrais hors normes. Il s’interroge : « Si 37% de 9000 tonnes sont déficitaires en phosphates, azote et potasse, qu’en est-il   des 238.000 autres tonnes qui n’ont pas fait l’objet de vérification? Quel pourcentage des 238.000 tonnes est hors normes ? Les quantités déjà acheminées auprès des producteurs ont-elles été toutes retirées? »

Le mémorandum rappelle aussi l’alerte du ministre ivoirien de l’Agriculture, le 14 janvier 2014,  qui a prévenu son homologue malien : « Il nous revient de manière récurrente, que des engrais non conformes aux normes de qualité, telles que définies dans le Manuel de procédure de Contrôle des engrais de la CEDEAO, sont importés et commercialisés en Côte d’Ivoire et dans la sous-région. Les sociétés importatrices sont, pour la plupart, installées en Côte d’Ivoire et au Mali ».

Le parti a indiqué que, lors de son passage à l’Assemblée nationale, le ministre Bocary Tréta n’a pas répondu aux questions posées par les députés et qu’il a affirmé qu’il ignorait tout de la passation des marchés de l’engrais par le GIE dirigé par M. Bakary Togola.

Dans son mémorandum, le parti signale un autre problème : Le Collectif pour la défense de la bonne gouvernance au sein du syndicat des cotonniers, estime que les deux mandats successifs de M. Bakary Togola ont pris fin en 2013. Ce Collectif conteste la légitimité de M. Bakary Togola à la tête du Syndicat au regard de l’acte uniforme de l’OHADA et des statuts de leur l’Union. Or, souligne le PARENA, c’est en tant que président des cotonniers qu’il préside le très sensible GIE qui attribue les marchés de l’engrais et des pesticides.

Le PARENA  réclame la démission de Mr Bocary Tréta,  ministre du Développement rural ; celle de Bakary Togola,  président du GIE et du syndicat des cotonniers ; la dissolution du GIE que dirige Mr Togola ; une enquête impartiale  sur  cette sordide affaire de l’engrais douteux ; l’instauration d’une gouvernance transparente au sein des coopératives des producteurs de coton ; le renouvellement, conformément à l’acte uniforme de l’OHADA, des structures des coopératives de producteurs ; l’audit de l’impact sur la qualité de la production agricole de la subvention que l’Etat accorde annuellement à l’achat de l’engrais et le renouvellement des instances et du bureau de l’APCAM dont le mandat arrive à échéance le 20 juillet prochain.

B.D.

Engrais frelatés, passeports, cartes d’identité… les députés se prononcent

Après les questions orales du député Oumar Mariko, jeudi dernier à l’Assemblée nationale, nous avons interrogé des députés pour recueillir leurs avis sur la question des engrais, des passeports et cartes d’identité.

Yiri Kéita, député élu à Dioïla (RPM)

« Concernant ce problème d’engrais, les paysans sont un peu profanes en la matière. »

« Je suis député agriculteur. Concernant ce problème d’engrais, les paysans sont un peu profanes en la matière. Toutes les informations que nous recueillons, c’est soit, via les services techniques, soit, via les spécialistes en la matière. C’est la première fois qu’on entend parler d’engrais de mauvaise qualité ou d’engrais frelatés au Mali. Il serait judicieux pour le gouvernement de prendre des dispositions pour mettre fin à ce fléau qui va vers le monde rural. Le monde rural étant une porte de sortie de crise pour le pays, l’Etat doit jouer sa partition pour voir clair dans cette situation et essayer de mettre fin au fléau. Concernant la question des passeports et cartes d’identité… je suis maire d’une commune. Nous savons tous que pour avoir une carte d’identité au niveau local, c’est tout un problème. Que ce soit au niveau de la sous préfecture, de la gendarmerie, de la police, c’est vraiment un calvaire pour se procurer une carte d’identité.  Je solliciterai l’Etat pour qu’il transfère ces cartes d’identité aux collectivités. La gestion des cartes d’identité par les maires sera bienvenue pour nous sortir de ce gouffre. Quant au passeport, c’est une pièce administrative beaucoup plus recherchée  par ceux qui ont besoin d’aller à l’extérieur. Tous les Maliens n’éprouvent pas le besoin d’aller à l’extérieur, mais aujourd’hui, ce qui est le plus connu de tous, c’est cette pénurie de cartes d’identité qui dépasse le niveau des villes, cercles, hameaux et communes. »

B.D

Youssouf Aya, député élu à Koro (ADEMA)

« Il y a bien des engrais de mauvaise qualité au Mali »

« A propos d’engrais hors normes, ce que j’ai compris, c’est qu’il y a bien des engrais de mauvaise qualité au Mali. Après toutes ces interpellations, je voudrai que le gouvernement prenne les dispositions pour que ces engrais soient hors d’état de nuire, surtout au détriment des agriculteurs. Le problème des passeports est une triste réalité qui est là. On en a parlé lors des questions d’actualité et lors des questions orales, mais le problème persiste. Tantôt ces cartes sont insuffisantes, tantôt ceux qui sont chargés de leur délivrance se retrouvent dans des jeux, peut-être pour soutirer de l’argent au contribuable. Pour une carte de 1700 F, aujourd’hui, il faut 5.000 F, 10.000 F et sinon au-delà, pour avoir sa carte d’identité. C’est dur, mais c‘est une réalité et jusqu’à présent, on n’a pas pu luter contre cette pénurie de cartes d’identité et de passeports. Les responsabilités relèvent d’une part de l’autorité, mais d’autre part, du citoyen qui paie 10.000F pour prendre un reçu de 1000 F, moi, je ne peux pas accepter ça. Les responsabilités sont partagées. »                      B.D.

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