Il n’y a pas forcement de lien entre la production et la sécurité alimentaire. Car la notion de sécurité alimentaire implique plusieurs facteurs d’appréciation telle la disponibilité et l’accessibilité. Cette réponse simple et précise du coordinateur du Comité permanent inter-état de lutte contre la sécheresse dans le sahel (CILSS), Mahalmadou Hamadoun, à la question d’un journaliste au cours d’une conférence de presse, qu’il a animée au terme des deux jours de travaux de leur 3ème assise ordinaire, tenue les 7 et 8 décembre dernier à l’Hôtel Salam Azalaï, apaise les inquiétudes fondées de nos compatriotes sur la situation alimentaire qui s’annonce difficile au Mali. Selon lui, les poches de sécheresse signalées çà et là peuvent être surmontées du fait des échanges commerciaux. Raison pour laquelle, il a insisté sur les termes de disponibilité et d’accessibilité. Dans ces genres de situations, les spécialistes craignent plus la rétention des céréales que leur circulation. C’est l’une des raisons justifiant la réunion de Bamako qui est une réunion statutaire régionale de concertation technique, dont l’objectif est de valider les productions prévisionnelles 2017-2018 et les bilans céréaliers alimentaires ex-post 2016-2017 et prévisionnels 2017-2018 dans les pays du sahel et de l’Afrique de l’Ouest.
C’est un dispositif régional de veille sur la sécurité alimentaire et d’alerte précoce que le CILSS anime chaque année avec l’ensemble de ses partenaires techniques nationaux et régionaux. Ainsi, outre les délégués des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, le dispositif comprend les systèmes régionaux et internationaux d’information sur la sécurité alimentaire, la société civile ainsi que les partenaires au développement. L’objectif est de réaliser un suivi rapproché de la situation alimentaire et nutritionnelle, destiné à assurer la détection précoce des difficultés conjoncturelles grâce à la synthèse et à la concertation fondées sur des principes de dialogue qui s’appuient sur l’ensemble des systèmes d’information au niveau national et régional.
La réunion de Bamako s’inscrit donc dans ce cadre. Il avait pour objectif de valider les productions agricoles prévisionnelles et les bilans céréaliers et alimentaires dans nos pays. Il s’agissait donc au cours de cette rencontre de faire le point sur le déroulement de la campagne agropastorale 2017/2018, de valider les productions prévisionnelles de la campagne agropastorale 2017/2018, d’établir les bilans céréaliers et alimentaires ex-post 2016/2017 et prévisionnels 2017/2018. Les participants ont en outre, fait le point sur les situations des marchés et de la sécurité alimentaire en ce début de période de récoltes. L’examen de ces situations leur ont permis de partager les résultats des enquêtes relatives à la situation de l’insécurité alimentaire dans la région en utilisant le Cadre harmonisé d’analyse des zones à risque et d’identification des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle (CH) dans les 17 pays du CILSS, de la CEDEAO et de l’UEMOA.
Au sortir donc de cette concertation, les participants conviennent que la campagne agropastorale 2017/2018 présente une physionomie globalement satisfaisante en dépit de l’existence de poches de sécheresse par endroit à l’intérieur des frontières des 17 pays membres du CILSS, suite à l’arrêt précoce de la pluie dans ces zones. En effet, les productions céréalières attendues sont estimées à 68,3 millions de tonnes, soit une légère hausse de 4% par rapport à la campagne agropastorale de 2016 et de 13% comparée à la moyenne des cinq dernières années, a expliqué Abdoulaye Amadoun, secrétaire général du Ministère de l’Agriculture dans son discours de clôture. Qui relève également des disparités, cachées par cette tendance globale. Ainsi, des baisses significatives de production sont observées au CapVert, en Mauritanie et en Gambie, comparées à l’année passée et à la moyenne quinquennale, a-t-il indiqué.
Toutefois, l’analyse des résultats d’analyse du Cadre harmonisé dans les 17 pays du Sahel et en Afrique de l’Ouest indiquent une situation alimentaire et nutritionnelle globalement acceptable même si elle demeure préoccupante dans la région du Lac Tchad au Tchad et dans les Etats de Borno, Adamawa et Yobé au Nigéria en raison de l’insécurité dans cette partie du pays. Les effets négatifs de cette situation se font déjà sentir. Ainsi, entre octobre et décembre de cette année, plus de 5,2 millions de personnes auront besoin d’une assistance alimentaire et humanitaire immédiate, a expliqué Abdoulaye Amadoun. Avant d’ajouter que ce nombre ira crescendo pour atteindre 9,6 millions de personnes au cours de la prochaine soudure (2018) à l’absence de mise en œuvre des réponses appropriées. Aussi, a-t-il saisi l’occasion pour lancer un appel pressant aux gouvernements des différents pays ainsi qu’aux partenaires afin qu’ils mettent en œuvre en urgence, les recommandations pertinentes issues de cette assise de Bamako en vue d’atténuer les effets de l’insécurité alimentaire dans nos pays. Déjà, le gouvernement du Mali, qui n’est pas assis les bras croisés, a envisagé des réponses pour épargner les populations d’autres sévices en plus de la crise sociopolitique et sécuritaire qu’elles éprouvent depuis de longs mois. Notons que la cérémonie de clôture de la rencontre a été présidée par le secrétaire général du Ministère de l’Agriculture, Abdoulaye Amadoun.
M. A. Diakité