La campagne agricole 2013-2014 a démarré tardivement dans le Cercle de Diéma. Les paysans ont commencé à semer leurs champs à partir de la première décade de Juillet. Les semis avaient été interrompuspar la rareté des pluies qui tombaient en petites quantités avec une mauvaise répartition dans le temps et dans l’ espace.
Les superficies réalisées dans le Cercle portent sur 13 600 hectares pour le mil, 33 600 hectares le sorgho, le maïs 200 hectares, 14 250 hectares pour l’ arachide, pour le niébé associé àd’ autres cultures,5 250 hectares, le niébé pur, 20 hectares.
La superficie totale cultivée en céréales pour le Cercle, en mil, sorgho, maïs et riz est de60 450 hectares soit 79% pour une production prévisionnelle de 58 247 tonnes.
S’ agissant de la pluviométrie, à la date du 20 Août 2013, le Cercle de Diéma a recueillie 456, 2 mm de pluie en 32 jours contre 496, 1 mm en 27 jours, à la même période en 2012.
L’ état végétatif des cultures est bon dans l’ ensemble, malgré ce démarrage tardif. Une régularité des pluies a été observée ce qui a beaucoup favorisé les spéculations.
Actuellement, le mil est au stade tallage, montaison. Le sorgho à l’état semi, levée, tallage et montaison. Le maïs, au stade montaison. L’arachide au stade levée, ramification.Le niébé, stade ramification. Les premiers semis, eux, sont en début de floraison.
A propos, le chef de village de Méssé, commune de Diéma, Madoua KEBE, émet des réserves « Le mois d’ Août c’est le tiotiokalo. S’il avait bien plu, cette période allait trouver que le maïs est mûr. Les enfants courent sous la pluie pour aller cueillir le maïs qu’ on grille. Nous disposons de grands champs, de près de 20 hectares. Aujourd’ hui, nous ne sommes pas des paysans pilotes, mais nous n’ en sommes pas loin. Si les récoltes sont bonnes, notre production peut aller jusqu’ à 2000 ou 3000 moudes. La majeure partie de nos cultures repose sur le mil Kéningué et le maïs. L’ hivernage a mal démarré. Avec l’ arrêt précoce des pluies, nos premiers sémis sont tous morts. Beaucoup de paysans étaient obligés de semer de nouveau. Pour le moment, on ne peut pas dire que la campagne réussira, c’est Dieu seul qui le sait. Les quelques premiers maïs qui ont eu la chance de survivre, n’ ont plus besoin de beaucoup d’ eau. Il faut que les pluies continuent, sinon si elles s’ arrêtent dès maintenant, personne dans ce village ne récoltera un moude. Que Dieu nous épargne cette calamité », explique l’ octogénaire, souffrant de mal de pieds l’ empêchant de se tenir debout seul.
Emboîtant le pas à son père, Cheickné KEBE dira ceci « Nos terre sont pauvres. On est obligé de pratiquer la jachère, pour accroître nos productions céréalières. Chaque année, on cultive un nouveau champ. Nous utilisons comme fumiers nos ordures dans nos champs de maïs. Nous, on ne connaît pas les engrains chimiques »Boubou MAGASSA, vaccinateur refuse de croire au fatalisme « Certains disent que 2 bons hivernages ne se succèdent jamais. Parce que la campagne passée a été bonne, celle-là sera vouée à l’ échec. Ce sont des illusions, des inventions de l’ homme. Tout dépend de Dieu. Il est le chef suprême. IL fait ce qu’ il veut, personne ne peut s’ y opposer. Si c’est sa volonté, il transformera la saison sèche en hivernage »Ganda KONATE, notable à Diéma « On avait commencé à désespérer. L’ arrêt des pluies tout perturbé. A présent certains continue de semer. Même aujourd’ hui, mes enfants sont allés semer dans nos champs. Les paysans ont reçu beaucoup de conseils de la part de la radio. On nous a dit de se lever tôt, de semer des semences rapides, que cette annéel’ hivernage pourrait être compromettant. Mais beaucoup n’ y croyaient pas »Sékou SISSAOKO dit Ba Sékou, paysan d’ ajouter « Je viens comme ça de mon champ sur la route de Diamoukara. Je n’ ai pas arrêté de semer le mil. Si les pluies continuent jusqu’ en fin Août, on peut dire AlhamdouLillahi. Même actuellement celui qui sème du haricot, ça peut réussir, les plantes ne se propageront pas, mais elles porteront des fruits », raconte-t-il en garant sa SANILI.
Sadio FOFANA, domicilié à FangounéKagoro, venu au CSCOM central de Diéma avec son enfant, a des inquiétudes « Cette année, je me suis trop adonné, j’ ai utilisé 15 hectares. J’ ai des inquiétudes. Si les pluies s’ arrêtent, ce serait de la catastrophes, il faut qu’ elles continuent jusqu’ en fin septembre. Le sorgho ne pose pas assez de problèmes, s’ il s’ implante bien, c’est difficile qu’ il meurt encore »Lamine WAGUE, Trésorier ASACO Tinkaré « Si les pluies continuent jusqu’ en fin octobre, l’ état des cultures sera satisfaisant. Le vide sera comblé », dit l’ homme pressé de charger dans une moto taxi, des médicaments achetés au Dépôt Répartiteur Cercle, sous un temps menaçant.Bakary OUATTARA, employé chez les SACKO, évoque les mêmes conditions « La campagne sera bonne si les pluies continuent jusqu’ au 10 septembre. Nos terres sont fertiles, il suffit d’ un peu d’ eau pour qu’ elles produisent bien. Mon patron n’ a pas encore fini de semer ses champs. Avec l’ interruption des pluies, tout le monde avait des doutes. Je ne crois pas s’ il s’ adonnera à la culture cette année, la façon dont je vois son rythme de son travail »« On n’ a pas besoin de météo pour savoir qu’ il n’ a pas plu suffisamment cette année. Quand vous écoutez la radio, vous vous rendez compte que ça ne va pas nulle part dans le pays. Même ici à Diéma, l’ an passé, à cette période, les eaux avaient presque englouti la ville. Le Lambakoré avait débordé et l’ eau était arrivée jusqu’ au niveau du campement administratif, en remontant vers le Razel, le CSCOM central était immergé. Cette année, le Lambakoré ne sait même pas qu’ il a reçu de l’ eau », explique Bréhima COULIBALY, en scrutant le ciel.Bolidiougou DIARRA, frère et conseiller du Chef de village de Guémou, situé à 15 Km de Diéma, sur la route de Kayes, parle aussi de continuité « Les pluies se sont installées tardivement. C’est seulement au mois d’ Août que nous avons reçu de l’ eau. Actuellement,l’ état végétatif des champs est bon dans l’ensemble. Si les pluies se poursuivent jusqu’ en fin Septembre, à mon avis la campagne sera prometteuse. Ce qui n’ est pas évident sauf par exception car généralement à partir de septembre déjà les pluies commencent à se raréfier. C’est maintenant que certains sèment le gros mil ‘’Lagahéri’’. Cette variété n’ a pas besoin d’ une grande quantité de pluie, c’est le froid qui achève sa maturité. Je ne connais pas la dimension de nos champs en terme d’ hectares évalue par le nombre de jours de charrues. Nos 4 charrues attelées aux bœufs ont labouré durant 20 jours, du matin au soir avec un moment de pause pour permettre aux enfants de manger et se reposer. Tous nos enfants ont déménagé au hameau, non loin de Lakalal, chez les maures. Les femmes préparent pour eux, à tour de rôle. Nous, on n’ aime pas tellement les engrains. Ils posent souvent des problèmes. Si tu mets de l’engrain dans ton champ, s’ il ne pleut pas suffisamment, ça peut tuer les cultures, c’est très toxique. L’ eau permet d’ atténuer les effets. Il y a un grand projet à Diéma, qu’ on appelle Save The Chidren, il nous a offert des engrains. Chaque famille a reçu 2 saces de 50 Kg chacun. Je vous dis une chose, l’ année où l’ hivernage sera bon dans ce village, on le sait. Les premières pluies nous parviennent du Sud. Mais si elles viennent du Sud, c’est un mauvais signe. Or celles de cette année sont arrivées du Nord », raconte l’ homme assis dans la cour de sa maison.
Selon le Chef Secteur Agriculture de Diéma, Diakaridia TRAORE, les subventions octroyées par l’ Etat aux producteurs agricoles pour cette campagne, concernent 110 tonnes d’ engrains, composées de 35 tonnes d’ urée et 75 tonnes de complexe. En terme d’appui conseil et de suivi le secteur de l’ agriculture de Diéma est confronté à une crise de personnel. Il ne dispose que d’ un ou de deux agents dans chaque sous-secteur. C’est pourquoi, pour mener à bien ses activités, les quelques agents s’ évertuent auprès des producteurs en organisant des séances regroupées pour passer des messages d’ information et de sensibilisation suivies des démonstrations culinaires sur les techniques culturales. Au besoin, les paysans les consultent à tout moment. En terme de logistiques, au dire du Chef secteur, les agents disposent de motos pour leurs missions, mais ces engins sont vétustes, ce qui leur rend souvent la tâche difficile.S’ agissant des infrastructures, le secteur de l’agriculture est constitué d’ anciens bâtiments légués par l’ex-Opération de Développement Intégré du Kaarta, ODIK, qui date de plus de 20 ans, en ruine. Trois services, à savoir l’agriculture, le génie rural et la protection des végétaux, cohabitent ensemble. Des bureaux restreints d’environ 4 m sur 3 chacun, sont fissurés, mettant mal à l’aise leurs locateurs. Cependant le Chef secteur a salué les partenaires qui interviennent dans le secteur del’ agriculture dans le cercle de Diéma pour les immenses efforts qu’ ils ne cessent de consentir. Il a souhaité voir pérenniser les acquis pour un développement agricole harmonieux et durable.
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