Culture OGM : Le Mali fin prêt ?

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 Les équations sont résolues à trois niveaux pour permettre de conclure que notre pays, sans tarder, va faire le saut dans l’environnement des OGM. Le seul inconnu de taille est celui de la société civile dont on ignore quelle sera la réaction et à quel niveau elle en est dans ses prises de position par rapport à la question des organismes génétiquement modifiés (OGM).

Les niveaux de résolution concernent en premier lieu notre environnement juridique, qui n’est que la traduction de la volonté politique des autorités maliennes à adopter (en connaissance de cause ?) les OGM au Mali. Notre pays à travers l’Assemblée nationale a adopté le jeudi 13 novembre 2008, à la majorité le projet de loi intitulé «Sécurité en biotechnologie». Il a fallu deux ans après l’adoption de cette loi, pour que les ministres qui les avaient adoptés en réunion interministérielle, aient la précieuse signature du président de la République, apposée sur les projets de décrets d’application. C’est chose faite depuis le 1er décembre dernier. Le Conseil des ministres réuni en session ordinaire, sous la présidence de Modibo Sidibé, Premier ministre, chef du gouvernement, a adopté des projets de texte sur proposition du ministre de l’Environnement et de l’Assainissement.                      

Il s’agit d’un premier projet de décret fixant les attributions, la composition et les modalités de fonctionnement du Comité national de biosécurité. Ce Comité a été mis en place par la Loi N° 08-42 du 1er décembre 2008 relative à la biosécurité en biotechnologie pour donner des directives et faire des recommandations à l’autorité nationale compétente en matière de biosécurité et de biotechnologie au Mali. Le projet de décret adopté fixe ses attributions, sa composition et les modalités de son fonctionnement. Le Comité national de biosécurité est un organe principal du système d’administration de la biosécurité et de la biotechnologie. A ce titre, il reçoit les dossiers de demande d’autorisation sur les organismes génétiquement modifiés et les produits dérivés et les soumet, pour étude, aux commissions spécialisées créées en son sein. Il est présidé par le ministre chargé de l’Environnement et composé de représentants des départements ministériels, des instituts de recherche, des organisations et associations de producteurs, des organisations de la société civile et du secteur privé. Feu vert                    

Le deuxième projet de décret détermine les modalités d’expérimentation des Organismes génétiquement modifiés (OGM). L’adoption de ce projet de décret vise à permettre aux instituts de recherche et aux laboratoires de notre pays de disposer du cadre règlementaire nécessaire pour le démarrage des expérimentations sur les organismes génétiquement modifiés. Aux termes du projet de décret, les expérimentations des organismes génétiquement modifiés peuvent être menées en milieu confiné et en milieu réel. Les procédures et modalités de ces expérimentations sont définies en vue d’assurer la sécurité des opérations. Ces textes en réalité constituent parfaitement un feu vert donné aux chercheurs et agronomes pour expérimenter.      

Le deuxième niveau est un environnement régional favorable à l’adoption des cultures GM, et mieux un facteur catalyseur qu’est le voisinage. En effet le Burkina Faso qui a pris au Mali, sa place dans la production cotonnière ne fait plus mystère de son choix pour le coton GM. Les pays africains dont les voisins en premier ne manquent pas de son encouragement à le rejoindre, une bienfaisance pour ce pays qui ‘’ne veut pas bénéficier seul des avantages de la biotechnologie’’. Au pays de l’homme intègre où Monsanto a trouvé un terreau fertile, et où le Réseau Africain d’Expertise en Biosécurité / African Biosasfety Network of Expertise (ABNE) dispose d’un siège gracieusement offert par le gouvernement burkinabé, on démontre que la culture génétiquement modifiée recèle des opportunités qu’offrent la science et la technologie pour l’amélioration de la productivité agricole en Afrique, afin d’atteindre par nous-mêmes, la sécurité alimentaire. La biotechnologie pourrait servir d’alternative crédible face à la faible productivité de notre agriculture. Elle occupe une place importante pour le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), indique le Coordinateur sous-régional de la biosécurité de l’Institut du Sahel (Insah à Bamako), Siaka Dembélé.                                   

Lors d’un atelier sur la coexistence des cultures Gm et non GM en novembre dernier à Bobo Dioulasso, le Professeur Youssouf Cissé, Agro-économiste /Chercheur à l’Institut d’Economie Rurale (IER), soulignait des résistances venant de la société civile malienne, notamment des altermondialistes qui ont manifesté leur refus d’adopter les OGM. Des producteurs de coton avaient aussi rejeté la culture GM en 2006. Qu’en est-il de leur position aujourd’hui ? Faut-il continuer à mener la fronde contre les cultures GM pendant que dans les marchés les boutiques bondent de produits OGM ? Faut-il bouder la culture pendant dans nos assiettes, il est difficile de l’éviter, partout en Afrique de l’Ouest, aujourd’hui, des produits OGM existant sur le marché.                                 

Au Mali, en matière d’OGM le vin n’est-il pas tiré ? Nous y reviendrons.

B. Daou

 

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