Culture du riz dans la vallée du fleuve Sénégal : Les aménagements repartent du bon pied

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Les chantiers reprennent au moment où l’Agence de développement rural de la vallée du fleuve Sénégal créée en remplacement de trois projets, démarre ses activités.

La construction du barrage de Manantali a créé les conditions de mise en valeur des terres aménageables pour l’agriculture dans la haute vallée du fleuve Sénégal. L’idée d’aménager ces terres, notamment dans le cercle de Bafoulabé, est liée au Programme sous-régional d’aménagement de la vallée du fleuve Sénégal de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Plusieurs projets ont vu le jour pour le développement rural dans cette vallée. Le dernier en date d’entre eux est l’Agence de développement rural de la vallée du fleuve Sénégal (ADRS). Dans le cadre du démarrage effectif de ses activités, cette agence a organisé du 18 au 21 novembre des sessions de formation à l’intention des paysans et des agents d’encadrement de sa zone d’intervention à Manantali. Ces sessions de formation sont organisées en prélude au lancement cette semaine des travaux d’aménagement du périmètre G/H dans la commune rurale de Mahina (cercle de Bafoulabé). C’est en 1999 que le gouvernement a décidé de créer le Projet de développement rural intégré à l’aval du barrage de Manantali (PDIAM) dont les activités devaient en principe s’étendre sur toute la vallée du fleuve, du barrage de Manantali à la frontière avec le Sénégal. Ce projet avait été créé pour durer cinq ans avec un financement de 15,393 milliards Fcfa. L’enveloppe allouée par le gouvernement et la contribution financière des partenaires pour la mise en place de ce projet (Fonds koweitien, Fonds saoudien, Banque islamique de développement, Fonds de l’OPEP) n’ont pu permettre que le démarrage de la première phase du Projet dont la zone d’intervention se situe dans le cercle de Bafoulabé. Elle couvre les communes rurales de Mahina, Diokeli, Bamafélé et Koundian et s’étale sur une bande de 75 km le long des deux berges de la vallée du fleuve Bafing entre le barrage de Manantali et la ville de Mahina.

AU CŒUR DE LA PRODUCTION DE RIZ. Au regard des promesses suscitées par le démarrage de la culture du riz dans les périmètres B et G/H du PDIAM, le gouvernement a décidé de dynamiser et d’optimiser la productivité agricole dans la zone d’intervention du projet. C’est à cet effet que l’ADRS a été créée en remplacement du Projet de développement rural intégré en aval du Barrage de Manantali (PDIAM), du Projet de développement rural intégré de Kita (PDRIK) et du Programme d’appui au développement durable de Yélimané (PADDY). C’est surtout la zone d’intervention de l’ancien PDIAM qui est au cœur de toutes les attentions. En effet, les périmètres rizicoles B et G/H situés respectivement à Manantali et à Mahina N’Di n’ont pas comblé les attentes des paysans et de l’encadrement technique. L’entreprise tunisienne Kilani qui avait la charge des travaux d’aménagement de ces périmètres n’a pas pu honorer tous ses engagements. Dans le périmètre B, 200 hectares sont effectivement exploités par les paysans sur un potentiel de 682 hectares. Au périmètre G/H dont le potentiel de terre exploitable s’étend sur plus de 600 hectares, l’exploitation n’a même pas commencé. En effet sur ce périmètre, l’entreprise tunisienne n’a pu ni installer la station de pompage, ni procéder à l’aménagement des parcelles. Au regard des engagements financiers importants pris par les deux parties, l’Etat et Kilani ont convenu de relancer les travaux d’aménagement. Les équipements de la station de pompage sont déjà sur place depuis quelques années. Dans un premier temps, 200 hectares seront aménagés. La société tunisienne sera cette fois-ci assistée par une entreprise malienne, l’Entreprise Abdoulaye Diawara (EAD). Le redémarrage des travaux est prévu pour cette semaine. Souleymane Konaté, le directeur des travaux d’EAD rencontré sur le chantier de la station de pompage, est résolument optimiste. Il assure que les travaux seront achevés dans le délai contractuel, à savoir avant le début de l’hivernage prochain. Selon lui, le périmètre aménagé et la station de pompage pourront même être livrés avant avril prochain. Les travaux consistent en l’installation des équipements de la station de pompage, des travaux de terrassement, de revêtement des canaux d’irrigation et de drainage (primaire, secondaire et tertiaire). Les engins lourds sont déjà sur place. Le directeur général de l’ADRS, N’Faly Dembélé, est aussi optimiste. Il confirme que c’est le gouvernement, par l’entremise du département de l’Agriculture et de l’Agence, qui a décidé de relancer les travaux d’aménagement du périmètre G/H et de trouver des moyens pour une exploitation optimale des périmètres aménagés. Des périmètres considérés comme le cœur de la production rizicole dans la zone de Manantali. Pour la relance des travaux, le gouvernement a dû engager des discussions avec l’entreprise tunisienne.

UNE FORMATION UTILE. En visite dans la zone, le directeur général de l’ADRS a conduit une délégation sur les sites des travaux à Mahina N’Di. Des activités de formation sont aussi en cours pour les paysans et les agents d’encadrement. Il faut dire que les paysans qui exploitent déjà le périmètre B rencontrent des difficultés dans la gestion de l’eau. Ce qui ne leur permet pas d’optimiser la production. Pour mettre les paysans à niveau, l’ADRS a initié une formation sur la gestion intégrée de l’eau dans le cadre du Projet de gestion intégrée des ressources en eau et de développement des usages multiples dans le bassin du fleuve Sénégal. Ainsi des paysans venus de toutes les zones d’intervention du projet ont participé à cette session. Celle-ci a porté sur les responsabilités de la gestion de l’eau et l’entretien des canaux d’irrigation. Les formateurs ont également expliqué aux paysans la nécessité de payer la redevance d’eau et l’utilité de cette redevance. La formation théorique a été suivie d’une visite de terrain sur le périmètre B. Cette visite a débuté par la prise principale du canal qui se trouve au niveau du barrage de Manantali, avant de se poursuivre sur les parcelles. Les paysans ont ainsi pu apprendre en pratique la gestion de l’eau et les responsabilités qui leur incombent, comme l’entretien des canaux tertiaires et parcellaires. Mahamadou Kéita, Moussa Camara et Chiaka Sissoko font partie des paysans ayant bénéficié de la formation. Tous trois reconnaissent l’utilité de celle-ci et assurent avoir parfaitement assimilé l’approche de la gestion intégrée de l’eau du périmètre. Ils ont aussi compris que la responsabilité de la mauvaise irrigation de leurs parcelles leur incombe en partie, en raison de l’encombrement par la boue et les herbes des canaux tertiaires et parcellaires qui ne sont pas nettoyés. Quant au paiement de la redevance eau, ils ont préconisé davantage d’explications et de sensibilisation à l’endroit des paysans. Avec la relance des travaux d’aménagement du périmètre G/H, l’espoir renaît de faire de la vallée du fleuve Sénégal, un maillon important de la sécurité alimentaire dans le cercle de Bafoulabé. La prochaine bataille à mener sera sans doute l’équipement des paysans. Le directeur adjoint de l’ADRS, Sadio Cissé, a donné le ton dans ce registre en remettant symboliquement au nom du gouvernement une batteuse aux paysans du périmètre B. Cette machine les aidera dans la transformation du riz paddy.

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