Le rapport sur le développement humain durable du Ministère du Développement social et de la solidarité est sans appel : le crédit agricole et l’endettement des paysans au niveau des banques ainsi que le taux élevé des intérêts sont les principales causes de la crise alimentaire dans notre pays. Une tendance outrancière vis-à-vis de nos agriculteurs.
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rnEn effet, les paysans maliens se tournent vers les commerçants et les agro pasteurs pour s’endetter. Conséquences : la crise alimentaire s’empire, d’année en année.
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rnA en croire les services techniques de Sikasso et de Koutiala, l’endettement s’est emparé du milieu rural. Avec à l’appui, des effets néfastes sur la vitalité des activités paysannes. Les taux d’intérêt et les cautions sont très élevés. Ils oscillent entre 13, 15 et 30%. Respectivement. Aucune agriculture ne peut se développer dans ces conditions.
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rnA Ségou on parle de « chèba n’a denw » (la poule et ses poussins) pour designer le crédit, ses pénalités et ses intérêts.
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rnSelon un notable de Hindé à Mopti, les pêcheurs sont aujourd’hui surendettés auprès des agro-pasteurs et des commerçants. Mieux, la plupart d’entre eux travaillent sous la tutelle des femmes commerçantes. Certains multiplient des activités de production en se reconvertissant en ouvriers agro pasteurs. En clair, notre interlocuteur précise qu’à Mopti, il est difficile de voir un pêcheur qui ne fait que seulement la pêche.
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rnLe rapport dresse une description mémorable de la situation des producteurs dans la Venise malienne. Une description extrapolable aux autres zones de pêche : « un pêcheur qui s’endette auprès d’une commerçante est d’abord tenu de lui vendre toute sa pêche .Et au moment où le poisson est vendu à 2000 FCFA le kilo, elle te l’achète à 1750 FCFA /kg .Et dans ce montant, elle en enlève son dû très souvent 50% plus de la recette jusqu’à l’épuisement du crédit. Avec cette méthode, le producteur devient aliéné, il vend toujours avec perte et est toujours tenu de passer par sa créancière pour résoudre tous ces problèmes sociaux et matériels. Ce qui hypothèque la liberté du pêcheur et l’oblige à être nanbaratô ou yuruko môkô (escroc ou tricheur) pour se libérer des griffes de sa créancière », explique le document d’enquête. Quand aux agriculteurs, ajoute le rapport : « ils passent généralement par les vendeurs d’équipements. Très souvent, le créancier les oblige à lui rembourser en espèce au moment de la récolte. N’ayant pas d’autre recours, ils ne pourront que brader leur récolte. Si la récolte devrait leur permettre de tenir pendant 10 mois de l’année, ils ne pourront plus résister que pendant trois mois. Ce qui augmente l’insécurité alimentaire dans les ménages et les fragilise davantage ».
Autant de situations qui font que la crise alimentaire persiste dans notre pays. Sans discontinuer.
rnOumar Traoré (Stagiaire)
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