En 2005, le marché du textile fait à base du coton biologique était de 0,583 milliards de dollars, soit environ 262, 35 milliards de F Cfa. Cependant toutes les prévisions estiment qu’il doit atteindre en 2010 les 6,8 milliards de dollars, soit environ 3 060 milliards de FCFA. Sur les 10 000 tonnes de fibre de coton biologique commercialisée cette année dans le monde, l’Afrique a produit à peine 10 %, dans 9 pays.
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A la différence de l’Afrique de l’est, la culture du coton biologique est en plein essor en Afrique de l’Ouest. Sur les 5 pays de l’Afrique de l’est qui s’étaient engagés dans la production du coton biologique, seul deux, la Tanzanie et l’Ouganda, arrivent à tirer leur épingle du jeu. En 2006-2007, la production de la Tanzanie, premier producteur du coton biologique d’Afrique, est passée de 1336 à 1662 tonnes de coton graine. Celle de l’Ouganda, pendant la même période est passée de 1100 à 1378 tonnes de coton graine. Le Kenya, le Malawi et la Zambie, ont assisté à la réduction de leur maigre production. De 6 tonnes en 2006, le Kenya a enregistré une production de 3 tonnes en 2007. La Zambie est passée de 23 tonnes en 2006 à 18 tonnes en 2007. Le Malawi présent en 2006 sur la liste des pays producteurs de coton biologique de l’Afrique n’y figure pas en 2007, sa production étant estimée à zéro.
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Lente, mais expansion sûre du coton biologique en Afrique de l’Ouest
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En Afrique de l’ouest, un espoir est né. Les paysans, qui commençaient à perdre espoir à la faveur de la crise du secteur coton qui n’a que trop duré, y voient une aubaine. Cette nouvelle méthode alternative de production de coton, sans danger pour l’environnement et pour la santé des producteurs, enregistre année après année de nouveaux adhérents. Sidi El Moctar N’Guiro, directeur du Mouvement biologique malien (MOBIOM) a estimé que la production du coton biologique et équitable démarrée timidement, il y a quelques années, est devenue une réalité en Afrique de l’ouest. Selon lui, la production est en nette progression et enregistre plus de 6000 productrices et producteurs au Mali, au Bénin, au Burkina Faso et au Sénégal. Notre pays caracole en tête des pays producteurs du coton biologique en Afrique de l’ouest.
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Mais au prix de quel effort ? Expérimentée au Mali en 1998, le coton biologique a été introduit en 2000, dans le cercle de Bougouni. En 2002, la production a effectivement démarré et 174 productrices et producteurs de coton biologique ont produit 47 tonnes de coton graine sur une superficie de 118 ha, grâce au programme initié par Helvetas Mali dans les cercles de Bougouni, Yanfolila et Kolondiéba. Depuis le démarrage du programme, d’année en année, la production et le nombre de producteurs n’a cessé d’augmenter. Sidi El Moctar Nguiro révélé que la campagne de cette année a enregistré l’engagement de 4445 producteurs, dont 1583 femmes pour 2595 ha, avec une production prévisionnelle de 1200 tonnes de coton graine.
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A l’instar des producteurs du Mali, ceux des autres pays de l’Afrique de l’ouest manifestent un grand intérêt pour la culture du coton biologique. Le Burkina Faso a démarré son programme de production de coton biologique en 2004, avec 72 productrices et producteurs qui ont cultivé une superficie de 30 ha pour produire 12,5 tonnes de coton graine. Pour la campagne agricole 2006-2007, ce sont 2886 productrices et producteurs burkinabé qui ont cultivé 2412 ha et s’attendent à une production de 1137 tonnes de coton graine. De son côté, le Bénin a démarré son programme en même temps que le Mali, mais à la différence de notre pays, ce sont 468 productrices et producteurs de coton biologique qui ont cultivé 314 ha, pour une production de 151 tonnes de coton graine.
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Mais, en 2007, ce sont 1132 productrices et producteurs de coton biologique qui ont cultivé 825 ha au Bénin, dans l’espoir de produire 825 tonnes de coton graine. Le Sénégal, 4ème pays de l’Afrique de l’ouest à s’être engagé dans la production du coton biologique, est actuellement à la traîne. Si sa production de 33 tonnes de coton graine en 2006 est passée à 65 tonnes en 2007, force est de reconnaître que les producteurs sénégalais ne sont pas aussi performants que ceux du Mali ou du Bénin, avec lesquels ils ont démarré au même moment leurs programmes de production. Au-delà de cette petite note de déception, les experts du secteur sont unanimes à reconnaître que la filière du coton biologique a accumulé des acquis indéniables en Afrique de l’ouest.
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Malgré ces acquis, ils estiment qu’il reste beaucoup à faire pour permettre aux productrices et producteurs de tirer pleinement profit de cette filière, notamment dans le domaine de l’amélioration de la production en quantité et en qualité. Les producteurs et les organisations impliquées dans la promotion du coton biologique en Afrique de l’ouest en ont conscience. « C’est dans le but de relever ces défis que le Mobiom, en partenariat avec Helvetas Mali et Organic Exchange, vient d’organiser une rencontre inter-paysanne, afin que les productrices et producteurs de la sous région puissent faire connaissance et surtout partager leurs expériences de bonnes pratiques dans la production », a rappelé Sidi El Moctar Nguiro, directeur du Mobiom.
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Au moment où dans la plupart des pays de la sous région le kilogramme de coton graine conventionnel ne dépasse pas les 165 FCFA, le kilogramme de coton biologique et équitable est cédé à 272 FCFA, avec en sus une prime de 34 FCFA par kilogramme pour des investissements communautaires. Nos pays déjà grands producteurs de coton conventionnel, ne doivent pas rater cette aubaine.
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Assane Koné
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