Notre pays ambitionne de dépasser la barre symbolique des 10 millions de tonnes de céréales après une réalisation de 9.295.974 tonnes en 2017-2018, soit une augmentation de 5,04% par rapport à la campagne agricole 2016-2017 qui s’est soldée par 8.849 551 tonnes
Présidant hier à Ségou, les travaux du 8è Conseil supérieur de l’agriculture, Ibrahim Boubacar Keïta a salué les résultats encourageants de la campagne agricole 2017-2018 et lancé officiellement celle de 2018-2019. Le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, des membres du gouvernement dont le ministre de l’Agriculture, Dr Nango Dembélé, et le président de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, étaient présents à la cérémonie d’ouverture. «La motorisation : facteur d’un décollage agricole pour le bonheur du monde rural», thème de cette session invoque à suffisance l’ambition des autorités à moderniser notre agriculture pour en faire le ciment de notre développement durable. Car si le pays dispose d’énormes potentialités, ce sont les moyens qui manquent le plus pour les exploiter. D’où les multiples initiatives du président Ibrahim Boubacar Keïta pour équiper les producteurs (cf encadré).
Lors des travaux du Conseil, les objectifs de production de la prochaine campagne (2018-2019) ont été fixés après examen du bilan de la campagne 2017-2018. A ce dernier égard, le ministre de l’Agriculture a indiqué que sur la prévision initiale de 9.820.569 tonnes, la réalisation a porté sur 9.295.974 tonnes de céréales, soit une augmentation de 5,04% par rapport à la campagne agricole 2016-2017 qui s’était soldée par 8.849.551 tonnes. «Le bilan céréalier sommaire établi sur la base des productions réalisées dégage un excédent céréalier de 3.811.400 tonnes», a notamment tenu à rassurer Nango Dembélé.
Dans le domaine des aménagements, le cumul des réalisations a atteint 86.543 ha, soit 86,5% par rapport à l’engagement présidentiel qui est de 100 000 ha (2014-2018), a poursuivi le ministre en soulignant que la subvention de l’Etat a, au cours de la dernière campagne, porté sur 500 motoculteurs (16 cv), 100 tracteurs (50 cv), 200 tracteurs (60 cv), 1000 multicultures, 1000 semoirs, 1000 charrettes, 400 batteuses, 400 décortiqueuses et 100 motopompes (20-25 cv). A ce lot, il faut ajouter 500 botteleuses motorisées, 500 Hache-pailles motorisées, 50 kits de cages flottantes et accessoires et 800 kits de conservation et transformation du poisson. Combinées aux appuis des partenaires et des producteurs, «ces acquisitions ont permis d’équiper… 562.111 exploitations agricoles sur les 1.100.000 enregistrées au Mali», a révélé le ministre.
BILAN POSITIF – Dans le cadre de la subvention des intrants agricoles, les chiffres sont tout aussi éloquents, si l’on en croit le ministre qui a fait état de 28.864.075 tonnes d’engrais subventionnées lors de la campagne écoulée contre 375.753 tonnes en 2016-2017. En ce qui concerne les semences de maïs hybride, les quantités subventionnées ont été de 73 tonnes contre 44,59 tonnes. S’agissant de la gestion des intrants, le ministre a souligné un certain nombre d’innovations, notamment le test de la distribution électronique de l’engrais dans les cercles de Bla, Koutiala, Niono et Yanfolila. Globalement, le tableau a été jugé satisfaisant. Toute chose qui rassure davantage les départements en charge des secteurs concernés (agriculture, pêche et élevage) qui ont élaboré un ambitieux plan pour la campagne 2018-2019 au terme de laquelle il est attendu 10.081.083 tonnes de céréales, 750.000 tonnes de coton graine, 9.100 tonnes de lait, 80.350 tonnes de viande rouge et 106.052 tonnes de poissons.
Pour atteindre ces résultats, les autorités entendent mettre en œuvre un certain nombre de recommandations présidentielles, notamment la reconduite de la subvention des intrants, la poursuite du programme d’équipements agricoles des producteurs, l’aménagement des terres en maîtrise totale de l’eau, le renforcement des ressources humaines par le recrutement de 1.630 cadres et agents. Le coût total de ce plan de campagne s’élève à 353, 6 milliards FCFA, sur lesquels devraient contribuer l’Etat pour 115,4 milliards FCFA et les producteurs pour 238,2 FCFA.
S’exprimant à l’ouverture des travaux, le président de l’APCAM, Bakary Togola, a salué les résultats forts encourageants enregistrés au compte de la dernière campagne. Une réussite qu’il a attribuée volontiers au président de la République. «Les performances enregistrées dans le domaine de l’agriculture sont exceptionnelles», a-t-il lancé, en remerciant le président Ibrahim Boubacar Keïta pour tous les efforts qu’il a déployés pour la promotion du monde rural. Il a assuré le chef de l’Etat du soutien indéfectible de tous les acteurs agricoles. Bakary Togola a, par ailleurs, souhaité que la chaux agricole soit intégrée dans le dispositif de la subvention des intrants agricoles afin de remédier à l’appauvrissement des sols arables. L’occasion était bonne pour lui de saluer les banques pour leur accompagnement.
A l’entame de son discours d’ouverture, le chef de l’Etat a, en premier lieu, réitéré sa reconnaissance aux habitants de la Cité des Balanzans qui se sont mobilisés pour accueillir la délégation présidentielle. Il a relevé le fait que le Conseil se tienne pour la première fois dans une région soulignant que Ségou était «tout à fait bien indiquée pour le recevoir». Le chef de l’Etat a poursuivi son intervention en remerciant et salué les producteurs, éleveurs et pêcheurs du pays pour les résultats très satisfaisants obtenus en dépit des aléas climatiques et de la fragile situation sécuritaire que connaît notre pays. Selon IBK, notre pays fait face à beaucoup de défis. Cependant, «il est du devoir de l’Etat» de faire en sorte que le pays puisse vivre en paix. Dans cette perspective, le président de la République a rappelé qu’il ne lésinera pas sur les moyens pour doter nos forces armées et de sécurité de matériels adéquats.
Parlant du bilan de la campagne 2017-2018, le président de la République estimera que les Maliens peuvent «encore mieux faire». Encore faudrait-il que tous les fils du pays se consacrent à l’essentiel et comprennent «qu’on n’est pas en guerre entre nous», mais contre ceux qui terrorisent les paisibles populations et brûlent nos infrastructures. Ibrahim Boubacar Keïta a instruit le gouvernement de faire en sorte que les poches de déficit céréalier soient résorbées le plus rapidement possible. Il a, à cet égard, salué l’initiative de création de nouveaux villages ruraux et félicité tous les partenaires techniques et financiers (PTF) pour leur soutien constant. Avant d’aller à l’inauguration d’une usine d’engrais sur la route de Markala, le président Keïta a mis à la disposition des producteurs un important lot de matériels agricoles.
Envoyés spéciaux
Issa DEMBÉLÉ
Oumar DIOP
DE L’OUTILLAGE AUX PRODUCTEURS AGRICOLES
Le président de la République a semé la joie dans les cœurs des producteurs agricoles de la Région de Ségou en mettant, hier, à leur disposition un outillage comprenant 16 tracteurs équipés de dabas et de charrettes, près de 400 motoculteurs et des botteleuses. La remise symbolique officielle de l’équipement a eu lieu dans la cour du Gouvernorat de Ségou, en présence du ministre de l’Agriculture, Dr Nango Dembélé.
Cette mise à disposition de matériels aux producteurs entre en droite ligne de l’engagement du chef de l’Etat à faire de notre pays le grenier de l’Afrique, et de notre agriculture, le moteur du développement et de la lutte contre la pauvreté. Cet engagement, le président Ibrahim Boubacar Keïta l’avait déjà manifesté en faveur du monde rural. Après avoir décidé de l’allocation de 15 % du budget national au secteur agricole, il a initié l’opération 1.000 tracteurs qui a permis à notre pays de retrouver son rang de premier producteur de coton dans la zone CEDEAO.
Fort de ces résultats encourageants, le président Keita a décidé de mettre le turbo en renforçant davantage les acquis et en diversifiant les outils mécaniques agricoles. Et c’est donc en toute logique et sans trop grande surprise qu’il a, après l’ouverture du Conseil supérieur de l’agriculture, annoncé cette énième mesure forte en direction du monde de l’agriculture.
A. CISSÉ