La collecte des amandes de karité est un combat silencieux des femmes qui méritent respect et considération.
Dans une déclaration récemment relayée sur les réseaux sociaux, Doucouré, conseiller à l’usine SAD, a évoqué que les amandes de karité étaient «seulement ramassées par terre», une remarque qui n’a pas tardé à provoquer des indignations surtout dans la sphère des braves dames qui vivent de cette activité. Derrière ces quelques mots anodins se cache, en réalité, un combat quotidien mené par des milliers de femmes à travers le pays, souvent exposées à des dangers pour collecter ce trésor naturel.
Les amandes de karité, qui sont une ressource précieuse tant sur le plan économique que culturel, sont loin d’être seulement «ramassées par terre», comme le pense le sieur Doucouré. Loin de la simplicité qu’il semble décrire, la collecte des noix de karité est un travail périlleux et bien souvent sous-estimé par ceux qui ne connaissent pas la réalité du terrain. En effet, chaque année, des centaines de femmes s’aventurent dans la brousse pour récolter ces amandes, risquant leur vie face à des serpents, des intempéries et bien d’autres périls.
Le processus commence bien avant l’aube, parfois dès 3 heures du matin, dans l’obscurité totale. Les collectrices, souvent équipées de sandales et de torches à peine rechargées, se rendent dans des zones parfois isolées où pullulent de dangereux reptiles. Il n’est pas rare de voir des femmes se faire piquer et les conséquences sont souvent dramatiques puisqu’elles peuvent y laisser la vie.
Ces risques sont d’autant plus grands lorsque les femmes partent avec leur enfant sur le dos, dans des conditions encore plus difficiles. C’est sous la pluie battante et face aux vents violents que certaines d’entre elles se battent pour ramasser un maximum de noix. Ces femmes incarnent une résilience et une force de travail impressionnante. Leur engagement, qui leur fait braver moult dangers leur permet de contribuer non seulement à l’économie locale mais aussi à la pérennité de cette ressource indispensable même pour guérir certains maux.
Pas étonnant que la déclaration du sieur Doucouré lui ait attitré une volée de bois vert sur les réseaux sociaux, surtout lorsqu’il cible les femmes. Un responsable doit s’informer sur la réalité du terrain avant de s’exprimer. Les amandes de karité ne tombent pas simplement du ciel. Leur collecte nécessite des efforts qui méritent respect et considération. Doucouré devrait aussi se rendre sur le terrain pour comprendre la réalité de ces femmes et reconnaître le poids de leur contribution à cette industrie. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons avancer vers une société plus juste, où les travailleurs de l’ombre, souvent invisibles, sont enfin appréciés à leur juste valeur.
Par Drissa Togola