Comment augmenter durablement le rendement des cultures riz et mil tout en encourageant la mise en place d’un système d’accès aux intrants et procéder à des formations appuis conseils sur les techniques de production dans la région de Mopti, précisément dans les zones de Kouna et Madiama? C’est à cette question, que la Fondation Aga Khan qui travaille en collaboration avec des organisations villageoises, tente de répondre à travers des champs école paysanne sur la gestion intégrée et la fertilité du sol pour lutter contre le Striga ; une plante nuisible pour le mil et la rizi-pisciculture.
Ni salle, ni banc, encore moins de cahier ou bic, les paysans, assis à l’ombre d’un grand arbre au milieu du champ école échangent sur les avantages des nouvelles techniques de culture qu’ils pratiquent pour lutter contre les plantes nuisibles.
Dans ce champ d’expérimentation sur le Toroniou ” petit mil “, les cultures sont déjà au stade de la maturité au moment où le champ d’à côté ou la technique n’est pas pratiqué tente difficilement d’atteindre le même stade. La technique consiste à tremper la semence dans un produit appelé “Gros plus” pendant 24 heures avant de l’étaler sous le soleil puis le mettre sous terre. Une autre technique non moins importante pour lutter contre le striga, c’est d’alterner les semis de mil et de haricot. Issa Sao, président de l’organisation villageoise, indique que les champs étaient ravagés par le striga et les paysans assistaient à cela impuissamment.
“Aujourd’hui grâce à l’appui et l’accompagnement de la Fondation Aga Khan cela est devenu un mauvais rêve” a-t-il signalé sur un air joyeux. “Nous savons comment bien préparer le sol avant les cultures pour lutter contre le striga a-t-il dit. Auparavant mes récoltes étaient mauvaises, mais maintenant les choses ont changé et je mets en pratique ce que j ai appris. Ce qui a positivement changé la donne” a appuyé un autre paysan assis à même le sol avec sa daba a coté. “Aujourd’hui il n’y a pas de paysans qui ne veut pas faire autant, Alors qu’au départ lorsque nous venions pour les réunions ils nous qualifiaient de paresseux “, lance un autre paysan pieds nus, habillé d’un teeshirt blanc troué par endroit et d’un pantalon coupé aux genoux.
Le champ école paysanne sur la gestion intégrée et la fertilité du sol pour lutter contre le Striga dans la région de Mopti a été mis en œuvre par Aga Khan cette année même. Déjà les résultats sont visibles car les champs écoles sont matures.
Pour une bonne compréhension de la technique par les élèves, l’organisation villageoise a initié des séances de travail qui se tiennent deux fois par mois avec l’appui de la Fondation Aga Khan. Auparavant notre caravane avait visité un autre champ école basé sur la rizi pisciculture dans le village de Kouna.
Cette expérience consiste à produire dans un même espace du riz et du poisson. Une technique qui pourrait accroître les récoltes de riz (jusqu’à 10 % dans certains cas) tout en fournissant aux agriculteurs une source importante de protéines et un revenu supplémentaire. La mise en œuvre est relativement peu coûteuse et comporte peu de risques a expliqué le responsable du volet agricole de AKDN. La Fondation Aga Khan a apporté un appui en semences améliorées de riz pour la campagne 2012-2013 et la multiplication par rinçage pour 125 ha pour la même campagne à la somme de plus de 22 millions de F CFA.
Cette visite de terrain entre dans le cadre d’une caravane de presse organisée par le réseau Aga Khan dans le but de permettre aux journalistes de s’imprégner des actions financées pour mieux en informer la population.
Ramata TEMBELY
Envoyée spéciale à Mopti