Campagne agricole en zones ADRS : Pas mal de motifs de satisfaction

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Si certains périmètres connaissent des difficultés d’exploitation, d’autres entrent dans leur première année de service

Le ministre de l’Agriculture, Baba Berthé, a achevé dimanche une mission de supervision de la campagne dans les zones d’intervention de l’Agence de développement rural de la vallée du fleuve Sénégal (ADRS) dans les cercles de Kayes et de Bafoulabé. Cette mission a débuté vendredi après-midi dans le cercle de Kayes dans les périmètres irrigués villageois (PIV) de Maloum (situé à une quarantaine de kilomètres de Kayes sur la RN22 vers Bafoulabé) et sur le complexe des 4 PIV de Kamankolé (situé dans la périphérie de Kayes).

Dans ces deux zones, l’ADRS, par l’entremise du Projet de gestion intégrée des ressources en eau (PGIRE) de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), a aménagé des périmètres avec un système d’irrigation inspiré de la pratique en Californie (Etats-Unis). Ce système d’irrigation dont la tuyauterie est enterrée, débouche sur un bassin de réception qui alimente le réseau de drainage des parcelles du périmètre de Maloum sur 15 hectares et celui de Kamankolé sur 34 hectares. Des pompes d’alimentation installées sur les berges du fleuve Sénégal alimentent ces bassins. En l’absence de formation adéquate et de maîtrise du système, les paysans ne parviennent pas à exploiter correctement le périmètre.

Si les exploitants de Maloum et de Kamankolé n’ont pas eu la chance de bénéficier des avantages du système californien d’irrigation, cela n’est pas le cas des femmes du périmètre maraîcher du village de Tinko (situé à une trentaine de kilomètres de Mahina), à en croire le témoignage des bénéficiaires. La visite du périmètre maraîcher de 20 hectares a été la démonstration évidente qu’il est fonctionnel. Les femmes ont expliqué qu’elles cultivent des produits maraîchers et des légumineuses (arachide, niébé, etc).

A Bakoye, situé sur la rive droite des fleuves Bafing et Bakoye à l’entrée de Bafoulabé, le ministre Berthé avait des motifs de satisfaction en constatant la fin des travaux d’aménagement du périmètre de 50 hectares. En effet, ici les paysans de cette localité se sont dits prêts à exploiter cette année leurs parcelles aménagées grâce à un financement de la Banque mondiale de 300 millions Fcfa dans le cadre du PGIRE de l’OMVS. Les exploitants n’attendaient que la mise en eau du bassin qui a été faite par le ministre Berthé lors de son passage sur le périmètre samedi.

 

Kamankolé nostalgique des années 1972. Pour manifester leur joie à la réalisation du périmètre, les paysans ont accepté de payer la caution de 900.000 Fcfa au titre de leur part pour les charges d’exploitation qui s’élèvent à 4,8 millions Fcfa. Cette charge d’exploitation incorpore l’achat de semences, d’engrais et de carburant pour faire tourner la pompe qui a un débit de 40 litres par seconde pour irriguer les parcelles. Les groupements de femmes et de jeunes dans le cadre de la politique de répartition des aménagements, ont bénéficié de 2,5 hectares chacun.

Même motif de satisfaction sur le périmètre de Kamankolé (Bafoulabé) de 27 hectares, où l’entreprise a respecté les délais de livraison du chantier pour un montant de plus de 266 millions Fcfa. Là, également les paysans étaient enthousiastes à cultiver le périmètre qui vient de connaître une réhabilitation. Certains d’entre eux avaient, même avant l’arrivée de la délégation, semé du maïs. D’autres étaient occupés au désherbage. En effet, les paysans d’ici sont encore nostalgiques de l’époque, où l’ancien gouverneur de la région de Kayes, Amara Danfaga, avait fait aménager le périmètre dans les années 1972, permettant d’assurer la sécurité alimentaire. Ils ont chaleureusement remercié le gouvernement car du fait de l’abandon du périmètre, les chefs de famille ne comptaient que sur les expatriés pour approvisionner les greniers familiaux.

A Mahina N’Di, l’entreprise Kilani s’active à achever la mise en service de la station de pompage du périmètre G/H. Ce périmètre de 200 hectares a connu plusieurs difficultés d’aménagement. Démarrés en 2005 pour une durée contractuelle de 25 mois, les travaux d’aménagement qui devaient être effectués par l’entreprise ETEP/Kilani ont connu une première interruption avant de redémarrer. L’entreprise Abdoulaye Diawara (EAD) qui a repris le marché n’a pas pu l’achever en 2012 pour des raisons techniques et sécuritaires. Elle a sous-traité le marché à l’entreprise Kilani qui a l’expertise nécessaire pour effectuer les travaux restants. Les explications fournies par cette entreprise ont rassuré le ministre Berthé sur le respect des délais.

M. COULIBALY

 

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Faible exploitation du périmètre B : les griefs des exploitants

 

Le ministre de l’Agriculture, Baba Berthé, accompagné des directeurs nationaux du Génie rural, Soumaïla Samaké, de l’Agriculture, Daniel Siméon Kéléma, et du directeur général de l’Agence pour le développement de la vallée du fleuve Sénégal (ADRS), N’Faly Dembélé, a visité samedi après-midi sous la pluie le périmètre B.

Cette visite devait permettre au ministre Berthé de vérifier d’une part, l’état d’abandon du périmètre par les paysans et d’autre part, la dégradation des infrastructures qui restent inutilisées. En effet, le périmètre B est envahi d’herbes et d’arbustes qui ont poussé partout. On se croirait dans une savane boisée qui n’a jamais été défrichée et préparée pour recevoir des cultures. Cet espace abandonné, a pourtant été aménagé à grands frais.

Il faut rappeler que le périmètre B, vaste de 537 hectares, a été réalisé en 2009 par le Projet de développement intégré en aval du barrage de Manantali (PDIAM) pour un coût de 6,9 milliards Fcfa financés par plusieurs bailleurs de fonds.

Le périmètre est irrigué de façon gravitaire à partir d’une prise construite sur le barrage de Manantali. La hauteur de la côte offre une charge suffisante pour irriguer tout le périmètre situé en aval du barrage même pendant la période d’étiage. Sur les 537 hectares de superficies aménagées, 166 sont réservés à la riziculture et les 370 restants à la polyculture (cultures sèches, arboriculture et maraîchage). Le périmètre est prévu pour être exploité en deux campagnes (saison et contre-saison). La pluviométrie moyenne annuelle est de 900 mm dans la zone.

Après 3 petites années d’exploitation, le périmètre connaît un abandon progressif par les exploitants qui ont des griefs contre l’aménagement. Le taux d’exploitation du périmètre est passé de 62% à son entrée en service en 2009 à 9% en 2012.

Auparavant, au mois de février, le ministre Baba Berthé avait effectué une première visite sur ce site au moment de la contre-saison. Il avait alors constaté la faible exploitation du périmètre. La rencontre avec les paysans avait permis d’identifier quelques motifs d’abandon par les exploitants. Le ministre avait demandé à la direction générale de l’ADRS de commanditer une étude pour situer les raisons profondes de cet abandon du périmètre qui a coûté une fortune à l’Etat malien.

La visite de samedi était l’occasion pour le ministre Berthé de confirmer la faible exploitation du périmètre et de prendre part à un atelier organisé dimanche par l’ADRS pour restituer l’étude diagnostique sur les causes de l’abandon. Le cabinet d’études et de conseils « Kara-consult » a remis un rapport provisoire de l’étude qui était soumis à l’appréciation des participants de l’atelier. Ont pris part à l’atelier, outre la délégation ministérielle, les représentants des exploitants des 18 villages encadrés de la commune de Bamafélé (cercle de Bafoulabé).

Cette enquête de proximité établit que les paysans reprochent au périmètre des insuffisances d’aménagement comme l’absence de planage, le difficile accès aux parcelles et au périmètre, l’apparition de brèches sur les canaux, l’envahissement des réseaux par les plantes et les arbustes causant des dommages qui affectent l’irrigation, la faible disponibilité des intrants agricoles (semences, engrais), la méconnaissance de la culture du riz.

Les dégâts causés par les hippopotames et les oiseaux granivores, la divagation des animaux et l’absence de formation des paysans ont été évoqués aussi. Ces paysans ont également estimé que l’attribution des parcelles n’a pas été faite dans la transparence quand bien même les chefs de village, les maires et les imams y ont été associés. L’étude a aussi relevé le manque de persévérance et l’absence d’organisations paysannes au niveau des producteurs eux-mêmes.

L’étude a ébauché des solutions pour rendre opérationnel le périmètre B au nombre desquelles on peut relever la correction des faiblesses d’aménagement, la reformulation des critères d’attribution, le paiement de la redevance eau et du crédit agricole, le respect du calendrier agricole et des tours d’eau, l’instauration d’une amende pour la divagation des animaux. Sur ce dernier point, l’atelier a recommandé la réalisation de pâturages pour les animaux sur les flancs de colline qui entourent la zone.

Le ministre de l’Agriculture s’est engagé à s’investir pour donner une suite favorable à la relance des activités du périmètre B au bénéfice des populations avoisinantes.

M. C.

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