La production prévisionnelle céréalière sera en hausse de 27% par rapport à la moyenne des 5 dernières années
La Cellule de planification et de statistique (CPS) du ministère du Développement rural procède d’une part à l’évaluation de la campagne en collectant les données auprès des services et d’autre part à la mise en œuvre de l’enquête agricole de conjoncture sur toute l’étendue du territoire national.
Cette évaluation provisoire est destinée à fournir aux décideurs des données prévisionnelles sur le volume de la production céréalière afin de permettre l’établissement d’un bilan céréalier prévisionnel pour les besoins de la stratégie alimentaire d’une part et d’autre part de contribuer à déterminer le niveau du crédit à l’économie que pourraient accorder les institutions financières.
Formulant une appréciation sommaire de la campagne, les analystes de la CPS ont estimé que le cumul des pluies recueillies depuis le 1er mai jusqu’au 31 octobre est normal à excédentaire sur l’ensemble du pays. L’installation des conditions idoines de démarrage de la saison a atteint la plupart des zones agricoles du pays à partir de fin juin, début juillet. Les fortes pluies enregistrées dans certaines zones ont causé des inondations par endroits dans les régions de Kayes (Kita et Nioro), Koulikoro (Kérouané dans le cercle de Nara), Ségou (San et Tominian), Mopti (cercles de Mopti, Bandiagara, Douentza et Youwarou) et Gao (cercles de Gao et Ménaka).
Malgré le léger retard d’une à deux semaines dans l’installation des précipitations, leur bonne répartition dans le temps et dans l’espace jusqu’en octobre a permis une bonne évolution des cultures.
Concernant la végétation, la bonne pluviométrie enregistrée depuis le mois de juillet a favorisé une production de biomasse satisfaisante à travers tout le pays. De façon générale, les zones pastorales et agro-pastorales affichent une bonne physionomie qui augure de très bonnes perspectives de production fourragère.
La stratégie de lutte contre les maladies animales est basée essentiellement sur la prophylaxie médicale c’est-à-dire la vaccination. Les principales maladies visées sont la péripneumonie contagieuse bovine, les charbons, les pasteurelloses, la peste des petits ruminants et la maladie de Newcastle.
Les situations pluviométriques et hydrologiques ont été très satisfaisantes pour le niveau des crues des bassins des fleuves Niger et Sénégal. Cette situation laisse présager une inondation à souhait des grandes zones de frayères (de reproduction) des poissons dans les grandes pêcheries du Delta central du Niger, le remplissage des lacs de retenue de Sélingué et de Manantali et des plans d’eau secondaires.
Les analystes ont estimé que les objectifs d’approvisionnement en engrais n’ont pas été atteints. Cette situation est due à la prise en compte des intrants pour l’élevage et la pêche et au financement des tracteurs, mais également à la montée du prix repère sur le marché des engrais minéraux. Le système coton a consommé 63% des engrais subventionnés contre 22% accordés au riz, 13% au maïs et le reste pour le mil/sorgho.
la bonne alimentation des enfants. L’apport de ces engrais a permis néanmoins d’obtenir une production prévisionnelle intéressante qui s’établit à 8.045.669 tonnes composées essentiellement de 30,5% de riz, 26,0% de maïs, 24,8% de mil et 18% de sorgho. Le décorticage de cette production laisse prévoir que les régions de Sikasso et Ségou apporteront, à elles seules, respectivement 30% et 27% de la production céréalière nationale, soit un total de 57%. Ces deux régions doivent leurs performances agricoles essentiellement aux rendements sur le maïs dans la zone de Sikasso et le riz dans celle de Ségou.
La production prévisionnelle céréalière 2015-2016 sera en hausse de 27% par rapport à la moyenne des 5 dernières années et de 15,26% par rapport à la campagne précédente 2014-2015. Le mil, le riz et le maïs ont enregistré des augmentations significatives non seulement par rapport à la moyenne, mais également à l’année dernière.
Ainsi le bilan céréalier apparent qui se dégage, selon les analystes de la CPS, est de 327 kg par habitant et par an, dont 83 kg pour le riz, moins de 22 kg pour le blé et 266 kg pour les céréales sèches. Toutefois, avertissent-ils, cette disponibilité se situant au-dessus de la norme de 214 kg par habitant et par an, peut cacher des disparités ou des localités peuvent enregistrer des déficits céréaliers.
L’analyse des proxys caloriques céréaliers montre que les situations nutritionnelles en 2015 sont supérieures à la norme requise qui est de 2100 kcal par personne et par jour dans les régions de Koulikoro, Sikasso, Ségou, Tombouctou et Mopti. Seules les régions de Kayes et Gao sont en dessous de la norme. Malgré une augmentation de la production céréalière, la quantité de céréales obtenue ne permet pas de couvrir les besoins de la population en 2016 de ces deux régions.
La situation nutritionnelle des enfants de 6 à 59 mois est jugée satisfaisante. Selon l’enquête nationale sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle (ENSAN de septembre 2015), la prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) au niveau national est passée de 7,3% en février à 4,6% en septembre. Toutefois, précise l’enquête, des efforts restent à fournir par rapport à la diversité alimentaire individuelle des enfants surtout ceux de 6 à 23 mois.
Il reste à mieux gérer la production céréalière prévisionnelle qui se dessine si les tendances se confirment. L’expérience a surtout montré que les ménages ne bénéficient pas des retombées des performances enregistrées dans les champs. L’impression d’une campagne déficitaire s’installe plutôt dans les esprits quand les prix s’envolent sur les marchés et que les chefs de famille surtout en milieu urbain ont du mal à s’approvisionner en vivres.
M. COULIBALY