Campagne agricole 2012-2013 : Nous avons des inquiétudes

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La campagne agricole 2012-2013 démarre avec beaucoup de difficultés qui se rapportent toutes au problème d’intrant. L’insuffisance notoire de l’engrais constitue une  menace pour la réussite de la campagne. Le chef de service du secteur agriculture de Bougouni, M. Fousseini Diallo, donne des détails sur la problématique.

 

Aux dires du chef de service d’agriculture de Bougouni, à la date du 25 juin 2012, le cercle de Bougouni a reçu 345 tonnes de complexes céréales sur une prévision de 650 tonnes. Quarante cinq (45) tonnes d’urée sont reçues sur 2280. En ce qui concerne la DAP (phosphate Ammoniaque) sur une prévision de 840 tonnes, rien n’a été reçu à la même date. La campagne agricole 2012-13 démarre avec beaucoup de difficultés qui se rapportent toutes au problème d’intrants. Car  l’hivernage a commencé plutôt que prévu cette année. Dès les premières pluies au mois de mai, les paysans ont commencé et à nos jours les plants de maïs ont l’âge de recevoir  les complexes céréales aussi bien que l’urée. Cela voudrait dire que ceux dont les cultures ont besoin d’engrais, s’ils ne sont pas satisfaits le plus vite possible, feront une mauvaise campagne agricole.  Il est important de signaler aussi que la subvention gouvernementale ne couvre pas toutes les spéculations et certaines spéculations sont partiellement subventionnées. De 2008 à 2011, toutes les spéculations (riz, maïs, coton, etc) étaient subventionnées par le gouvernement à 100%. En ce sens que si le paysan a superficie de 10 hectares de maïs conventionnel, il a droit à la dotation  entière en raison de 2 sacs de complexe et 3 sacs d’urée par pour une somme de 12500FCFA le sac. Par contre  pour la campagne agricole 2012-2013, ce paysan n’a droit qu’à la dotation de 5 hectares subventionnés et les dotations des 4 autres hectares sont payées à 21 400FCFA le sac, soit une subvention de 40%. M. Fousseini Diallo a affirmé que seul le riz Nerica et le maïs hybride sont subventionnés à 100%.

Le manque de l’engrais subventionné s’explique par le fait que Tokuna est le seul fournisseur qui ravitaille le Cercle. A cause du retard dans le payement des intrants des campagnes précédentes, des fournisseurs refusent de mettre l’engrais  à la disposition des producteurs sous caution gouvernementale. Le comble est que les commerçants en complicité avec des paysans s’approvisionnent sur la dotation venue. Et c’est un système qui n’arrive pas à être maîtrisé jusqu’à présent.  Ces paysans acceptent de jouer le jeu des commerçants et enlèvent les engrais pour les revendre aux commerçants pour des bénéfices de 500 à 1000FCFA. Et pour çà, des gens ont été interpellés par la gendarmerie en 2009.

Donc, tous ces problèmes conjugués font que nous avons des inquiétudes. Lors d’une tournée du DG de la CMDT et du président de l’APCAM, M. Bakary Togola, ils ont rappelé que le Mali envisage d’obtenir 1 million de tonnes de céréales pour la campagne agricole 2012-2013. Vue toutes ces contraintes, je me demande comment pourrait-on atteindre cet objectif ! a ajouté le chef de service du secteur d’agriculture.

A la question de savoir si les garde-fous existent pour empêcher les spéculateurs de provoquer la rupture de stock d’engrais et la surenchère au marché, M. Diallo affirme que son service fait un contrôle en amont et en aval. En amont, toutes les demandes de caution technique qui ne font pas foi sont vérifiées, un agent du service et le demandeur vont visiter la superficie pour laquelle l’engrais est demandé. En plus il est demandé à tous les citoyens de dénoncer les vendeurs d’engrais non agréés afin qu’ils soient appréhendés et mis à la disposition de la loi. Par ailleurs, nous avons constaté sur le terrain que le nombre de plaignants parmi les producteurs était important. M. Madou Coulibaly, cultivateur au village de Flaboula se plaignait que le 25 juin était sa 2è journée consécutive à la recherche d’engrais en vain. Afin que la politique gouvernementale pour la souveraineté alimentaire soit une réussite, il faudra veiller sur les spéculateurs.

 

Seydou KONE

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