Quoique reconduit président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam), Bakary Togola n’arrive pas à garder toute sa sérénité. Et la mise au point que le chef de l’Etat lui a faite lors du Conseil supérieur de l’agriculture est une illustration du désaveu général à son égard.
Réélu dans des conditions troubles à la tête de la faitière du monde paysan, l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (Apcam), Bakary Togola croyait avoir bien réussi son coup. Mais depuis quelques jours, la riposte s’organise au sein des contestataires dont le rang grossit chaque jour, soit pour contraindre Togola à revenir sur sa décision, soit l’empêcher de parler au nom du monde rural.
La grande fronde émane du Syndicat national des producteurs laitiers et producteurs de viande du Mali (Synelprov) qui a publié un communiqué le 21 mars 2016. Par cet acte, le Synelprov voulait alerter sur les raisons qui l’ont motivé à boycotter le Salon international de l’agriculture (Siagri), tenu dans la dernière décade du mois de mars courant.
Le Syndicat se plaint du fait qu’il n’a pas siégé à la commission d’organisation du Siagri et surtout du mépris souverain de l’Apcam à l’égard de ses membres. En partie, ces récriminations mettent la lumière la gestion solitaire de Bakary Togola à cette messe du monde agricole dans toutes ses composantes.
En dehors de ce syndicat d’éleveurs, il y a d’autres contestations à l’interne qui même si elles ont pu être étouffées dans un premier temps donnent de la voix et désapprouvent l’organisation du Siagri, devenu un marché lucratif pour le président de l’Apcam et ses acolytes qui ne rendent plus de comptes depuis trois éditions.
Isolement
Dans le monde paysan, la gestion de Bakary Togola inquiète à tel point que le président de la République était obligé d’intervenir. IBK n’avait-il pas raison au moment où il a débloqué 15 % du budget au profil de l’agriculture et compte beaucoup sur les acteurs du secteur pour atteindre ses objectifs.
Mais, de plus en plus, le chef de l’Etat est convaincu que l’histoire des tracteurs, la gestion des engrais frelatés et autres marchés dans le secteur n’ont pas été bien gérés. C’est pourquoi, à l’occasion du Conseil supérieur de l’agriculture du 31 mars dernier, Ibrahim Boubacar Kéita a tenu à rappeler à l’ordre Bakary Togola. Ce dernier voulait noyer l’assistance et profiter de la tribune pour embobiner le locataire de Koulouba. Sans succès.
Au moment où Togola commençait à divaguer, IBK a sévit : “Parlons de l’agriculture. Dis-moi les doléances des paysans”. Avec cette prise de position du chef de l’Etat à l’encontre de Bakary Togola, IBK voulait lancer un message au président de l’Apcam. Et tout se porte à croire que le chef de l’Etat ne voulait plus voir son nom associé aux démarches qui tendent à encourager la division. Et jusqu’ici l’Apcam continue de sombrer dans un climat délétère et Bakary Togola est désavoué dans plusieurs bases paysannes (Kokofata à Kita, Markakoungo, Koutiala).
Ce qui constitue un blocage à la volonté politique de faire de l’agriculture un levier de la croissance. Et de plus en plus, Bakary Togola s’éloigne de cet idéal au profil de ses intérêts personnels.
Djibril Traoré