En dépit des contraintes qui se posent à l’Office de développement rural de Sélingué (ODRS), son directeur général, Ousmane Maïga, donne espoir aux producteurs par des actes concrets. En présence des représentants des exploitants des périmètres irrigués de la localité, il nous a fait savoir, lors de notre visite de terrain le mercredi 19 septembre à Sélingué, le nouveau patron de l’ODRS exprime son optimisme et en détaille les raisons profondes sans oublier de justifier les plaintes par l’inadéquation entre l’offre et la demande de parcelles aménagées.
L’Office de développement rural de Sélingué est à la croisée des chemins. Alors que les impératifs d’extension de ses périmètres irrigués se posent avec acuité, l’intérêt pour la terre devient de plus en plus croissant. Conséquence, la demande surpasse l’offre au grand dam des impatients de la liste d’attente.
La multiplication des sites d’orpaillage dans la localité crée un manque de main d’œuvre pour une exploitation efficiente des parcelles. La diminution de la dose habituelle d’engrais par hectare n’a pas elle aussi manqué d’impacter le rendement. Conséquence : le taux de rendement risque de connaître un rendement inférieur.
Pour minimiser l’effet de toutes ces difficultés, le directeur général de l’Office Ousmane Maïga, n’est pas à court d’initiatives. En partenariat avec l’ensemble des acteurs concernés, il a mis en place sa stratégie managériale en branle pour d’abord redorer le blason de l’Office. Sa première mesure est une sorte de guerre déclarée aux mauvaises pratiques.
En effet, la révision des anciens critères d’attributions des parcelles fut le premier domaine d’intervention du DG. En collaboration avec les producteurs, il a été décidé d’adopter et de revigorer une convention d’attribution qui n’existait que de nom. Ce fut le déclin d’une ère mais le début d’une autre.
Ce travail de terrain conjointement mené par les services techniques de l’ODRS et les représentants des producteurs a permis de déceler des cas d’étiage ou de sous-location des parcelles. Bien que proscrit dans le cahier des charges de l’Office, de nombreux attributaires de parcelles continuaient à louer leurs parcelles à de tierces personnes moyennant une forte rente.
Il a été également établi que des parcelles attribuées sous le régime de parcelles de chef de services faisaient objet de vente ou de réattribution illégale. Comme si cela ne suffisait pas, certains se permettaient de narguer les services techniques de l’Office en refusant de s’acquitter convenablement de la redevance d’eau.
Un taux de paiement de la redevance eau de 100 %
Fort de sa maîtrise du monde rural, de ses expériences dans l’administration agricole et dans des institutions internationales chargées des questions agricoles et alimentaires, le nouveau DG de l’ODRS a d’abord fait adhérer l’ensemble des acteurs concernés à sa politique. Pour ce faire, il a fait de la sensibilisation son cheval de bataille. Une campagne de sensibilisation, à travers les médias locaux, fut alors engagée avec le concours des chefs traditionnels dont le poids est réel dans la balance de la communication sociale.
Il s’agissait pour le patron de l’ODRS d’expliquer à l’ensemble des exploitants que la terre a été aménagée pour eux mais son entretien requiert une contribution minimum de leur part. D’où l’impérieuse nécessité de paiement de la redevance eau. De nos jours, l’ODRS est à un taux de paiement de la redevance eau de 100 %.
S’agissant des conditions d’attribution des parcelles, il est parvenu, à faire adopter sa politique par une méthode mixte “bâton et carotte”.
Chose qui a permis d’atteindre un taux d’attribution sur la base de la convention de l’ordre de 92 à 95 %. Les attributions faites sur la base des mesures exceptionnelles concernent seulement 3 % de bénéficiaires.
Il s’agit notamment des personnes malades, absentes au moment de la signature de la convention et des chefs traditionnels qui ont bénéficié des dérogations.
Selon le DG, la clef de répartition des parcelles est la suivante : 60 % des parcelles sont réservées aux producteurs, 20 % au personnel de l’ODRS et 20 % aux fonctionnaires de l’Etat. Une clef que saluent le représentant des producteurs dans le conseil d’administration, Fodé Traoré et celui de l’Assemblée permanente de la chambre d’agriculture, Daouda Traoré.
Transparence et mérite : maitres mots
La transparence qui aura été le maitre mot pendant la signature des conventions, n’aura pas empêché des mécontentements. Selon le DG, le travail a été fait par un comité paritaire composé de 8 représentants des producteurs et de 8 représentants du personnel de l’ODRS.
Cette transparence n’a pas empêché des plaintes qui, rappelle le DG, auront été traitées dans la plus grande impartialité et avec beaucoup de diligence.
Ce qui a permis de prouver à tous que l’ère des attributions floues est révolue. Ceux qui usaient du trafic d’influence et autres raccourcis pour obtenir une parcelle espéraient remettre ça.
Cela ne pouvait durer car les gens ont réalisé que le DG lui-même s’abstenait d’intercéder auprès du comité paritaire pour l’attribution d’une parcelle à qui que ce soit. Adieu au favoritisme.
Même le quota des parcelles réservées aux chefs de service de l’administration publique a fait l’objet d’une gestion rationnelle. Désormais les parcelles ne sont plus attribuées à la personne physique mais plutôt au chef du service. Ce qui donne droit à l’ODRS de reprendre la parcelle en question une fois le départ du chef en question. Cela à éviter la vente illicite ou la location de parcelles à une tierce sans l’autorisation de l’ODRS.
Bref la signature de la convention a permis de faire l’état des lieux des 800 ha de l’ODRS de Sélingué dont la vétusté des installations réduit leurs exploitations à fonds.
De belles perspectives
Selon le DG, pour répondre aux besoins des demandeurs, il faut étendre les périmètres aménagés de l’ORDS et du Projet aménagement des périmètres irrigués de Maninkoura (Papim), encourager le retour des bras valides de la localité à la terre. Aujourd’hui les femmes et les jeunes ont abandonné les casiers irrigués au profit des sites d’orpaillage créant du coup un manque de main d’œuvre, donc une augmentation du coût de production.
Selon le représentant de l’Apcam à Sélingué, Daouda Traoré, les frais de repiquage à l’hectare sont passés de 25 000 F CFA à 50 000 F CFA à cause de la crise de main d’œuvre. Ce qui viendra impacter le rendement cette année. La réduction de la dose normale d’engrais à l’hectare apportera sa part de difficultés au rendement.
Mais, à en croire le DG, malgré cette situation l’espoir est permis. Il souhaite que l’ODRS puisse davantage donner une suite favorable à une grande majorité des demandeurs de parcelles (qui étaient à plus de 3000 à la date butoir) si les drains, les canaux principaux sont rénovés ou curés.
Il espère également le retour des banques partenaires (Bad, Bid, Bada) pour la relance des activités pour la construction d’un seuil qui va permettre l’aménagement de 3000 à 600 ha supplémentaires. Si cela est fait Sélingué seul peut occuper une grande place dans la politique de sécurité alimentaire.
De son arrivée à la tête de l’ODRS en août 2011 à nos jours, le nouveau directeur général, Ousmane Maïga a remis le service sur de bonnes assises. La construction d’un nouveau bloc administratif dont les travaux battent leur plein, la motivation du personnel et la rigueur dans le travail ont injecté un sang neuf dans le service.
Ces innovations apporté ont déjà permis de renaitre l’espoir chez les producteurs qui sont convaincus que l’actuel DG, Ousmane Maïga, est l’homme de la situation. Toutes choses qui expliquent la grande quantité de demandes de parcelles.
Markatié Daou, envoyé spécial