La crise du pain que nous vivons révèle à quel niveau les consommateurs maliens sont redevables au blé dont la farine est transformée en pain. La cherté de cette farine que nous importons beaucoup risque de ne pas finir de sitôt. La fermeture des frontières en raison de la crise sanitaire a déclenché en 2020 un ralentissement des échanges commerciaux. Pourtant, le potentiel de la production locale pourrait mettre le Mali à l’abri d’une crise pareille.
Au Mali, depuis la fin des années 1990, il n’y a plus de chercheur travaillant sur le blé, selon certaines sources. Le travail de la station de recherche de Diré qui relève de l’Institut d’économie rurale (IER), consiste essentiellement à procéder à la production de semences de base. Mais cinq variétés ont été multipliées et certifiées par cette station: le SieteCerros originaire du Mexique (blé tendre),le Hindi Tosson originaire de l’Egypte (blé tendre), le Biskri bouteille originaire d’Algérie (blé dure), l’Alkamaberi écotype local (blé tendre) et le Tétra écotype local (blé tendre).
Les autorités ne parlent plus de la culture du blé au Mali comme une priorité, malgré l’augmentation du budget consacré à l’agriculture les dix ou vingt dernières années. Selon une étude, les rendements et résultats aux tests de panification obtenus par la station de Diré au cours de la campagne 2002 se présentent comme suit : la variété Tétra qui est la plus utilisée (80%), présente les meilleurs résultats aux tests de panification et peut atteindre un rendement de 4t/ha en milieu paysan lorsque le paquet technique et le calendrier de production sont respectés.
La question est donc de savoir ce qu’il en est de la production de semences de base qui était normalement assurée par la station de recherche agronomique de Diré (Srad). Dans le passé, celle-ci avait une capacité de production de 5 tonnes par an. Toutefois, faute de disposer de moyens adéquats, la station avait limité ses activités au cours des années au seul maintien de la pureté génétique des cinq variétés mentionnées ci- dessus.
Dans le but de redynamiser le processus de recherche, l’expérimentation de nouvelles variétés résistantes à la chaleur et la production de semences était en cours. Cela a abouti à la production de 5 tonnes de semences mises à la disposition des producteurs semenciers pour multiplication en 1999. Cette opération a permis la production de 18 tonnes de semences. Elle n’a plus été renouvelée à cause d’un manque de coordination entre le service semencier et la station de recherche ainsi que d’un problème d’irrigation des parcelles semencières.
Les spécialistes affirment que la multiplication des semences en milieu paysan a constamment diminué, passant de 80 tonnes en 1999 à 950 kilogrammes en 2001. Au cours de la campagne 2002, aucune multiplication de semences n’a eu lieu.
Quatre types de production coexistaient dans la région de Tombouctou à savoir: le métayage, les prestations de services, le groupement de producteurs et les coopératives. Les variétés faisaient entre 3, 5 et 4 tonnes à l’hectare. La recherche recommande l’utilisation de 100 kg de phosphate d’ammoniaque et de 100 kg d’urée par hectare. Ces normes n’étaient pas toujours respectées à cause notamment des obstacles comme l’enclavement de la région de Tombouctou et des zones de production.
Dans la zone, on n’utilisait pas les équipements agricoles ordinaires : charrue, tracteur, charrette, bœuf de labour, batteuse. Les différentes tentatives d’introduction de la culture attelée ont échoué. On a initié de nouvelles tentatives de mécanisation (charrue et batteuse de blé) mais les initiatives ne permettaient pas pour de tirer des conclusions positives. La main d’œuvre constitue le plus important facteur limitant le développement de la culture du blé. Selon les spécialistes, « la mise en culture de 1577 ha de blé en 2001/2002, qui n’a mobilisé que 5% de la population active lors des opérations de labour, a pourtant causé de fortes pressions sur le marché de la main d’œuvre occasionnant un étalement des opérations culturales ».
Des études révèlent que pour plus 5 000 ha, il y a un besoin estimé à 263 000 hommes/jour pour les opérations de labour, dont le grattage superficiel et la confection des cuvettes (soit environ 9.000 personnes pour réaliser ces travaux). Sans l’introduction de la mécanisation (charrue, motoculteur, batteuse, etc.), il n‘est pas possible d’envisager une augmentation importante des superficies à emblaver.
Nampaga KONE