Débarqué du gouvernement après une longue immuabilité, l’ex-ministre de l’Agriculture, Dr Nango Dembélé, a repris service pour le compte de la communauté internationale. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, dit un adage. Et si son départ a secoué le monde paysan, les acteurs internationaux engagés pour le développement de l’agriculture comptent bien profiter de son expertise pour l’avoir découvert es qualité chercheur et décideur politique en matière agricole.
En effet, le panéliste chevronné a animée une conférence sur la transformation rurale et l’agriculture inclusive avec ambition de construire un agenda de recherche partagé. Outre, la modification des stratégies d’assistance technique pour intégrer les effets d’une révolution silencieuse des chaînes de valeur agricoles dans les pays en développement, la conception de stratégies efficaces de transformation de l’agriculture a également été au centre des discussions. Enfin, cette conférence a permis de revisiter l’historique de la transformation agricole, de discuter des derniers développements.
Organisée par la FAO, en collaboration avec la Banque Mondiale, le FIDA, la Fondation Bill & Melinda Gates et le Département du développement international du Royaume Uni, les 19, 20 et 21, juin 2019, à Rome (Italie), le panel a réuni autour de Dr. Nango Dembélé, José Molinas Vega, ancien ministre de la Planification du Paraguay, Purvi Mehta de la Fondation Bill et Melinda Gates et sous la modération d’Ana Paula de la Campos (FAO).
– Regard sur la transformation
La transformation de l’agriculture, selon M. Dembélé, a toujours été un moteur essentiel du développement économique, de la réduction de la pauvreté et de la sécurité alimentaire. Ce processus, explique-t-il, est très variable selon les pays, et les pays en développement ont été confrontés à des contraintes et contextes différents. L’impératif de durabilité est beaucoup plus important, de même que la nécessité pour les systèmes alimentaires modernes de promouvoir et de proposer des régimes alimentaires sains. Il a toutefois déploré le phénomène inquiétant de l’incapacité des systèmes alimentaires actuels à fournir un accès à des produits alimentaires sains et nutritifs et appelé à une évolution vers des systèmes alimentaires localisés.
Sur la question de la taxe de capitation au Mali, M. Dembélé a rappelé que celle-ci a été supprimée en 1992 grâce à la recherche sur la sécurité alimentaire par Michigan State University et financée par l’USAID. Cette recherche a démontré les effets néfastes de la taxe par capitation sur la sécurité alimentaire et l’accumulation de capital productif des ménages ruraux, selon l’ex ministre de l’agriculture. En effet, explique-il, ladite recherche a montré qu’un grand nombre de ménages à déficit céréalier avaient vendu des céréales ou du matériel agricole ou se sont endettés pour payer la taxe, en particulier pendant les années de sécheresse. Les rapports de recherche et les séminaires organisés au Mali ont par la suite permis d’informer les décideurs maliens et les partenaires techniques et financiers des effets néfastes de la taxe de capitation et cela a permis sa suppression en 1992, a-t-il conclu.
Amidou Keita