Agriculture et pêche : ODRS, comment rebondir ?

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Faute d’entretien, les infrastructures d’irrigation et de drainage du périmètre irrigué de Sélingué sont dans un état de dégradation avancée. A la vétusté des installations s’ajoutent plusieurs autres facteurs négatifs. Résultat : l’outil de production est pratiquement en panne.

 

 

Le ministère du Développement rural ambitionne de créer des pôles de développement agro-industriels. Cette nouvelle approche du département passe par le renforcement des vocations des structures d’encadrement dans les zones de productions, à savoir la lutte contre la pauvreté, l’augmentation des revenus et une meilleure productivité. Elle s’appuie sur des zones déjà opérationnelles pour les aider à lever les contraintes de développement rencontrées, améliorer l’existant et promouvoir un développement durable grâce à la création d’emplois agricoles et industriels.

 

La réflexion est déjà engagée avec certaines structures d’encadrement afin de mettre en route cette nouvelle politique. C’est dans ce cadre que le ministre du Développement rural, le Dr Bokary Téréta, a entamé une tournée dans certaines structures d’encadrement du monde rural. La première étape de cette tournée a été la zone d’intervention de l’Office du développement rural de Sélingué (ODRS) et du Programme de développement de l’irrigation dans le bassin du Bani et à Sélingué (PDI-BS) où le ministre s’est rendu mercredi en compagnie de son homologue délégué à l’Elevage, à la Pêche et à la Sécurité alimentaire, Nango Dembélé.

 

Le déplacement a été d’autant plus utile qu’il a permis à la délégation ministérielle de voir certaines réalités peu flatteuses qui ont même failli reléguer au second plan, l’objectif essentiel de la visite. Il s’agit notamment de l’état de dégradation des infrastructures d’irrigation et de drainage du périmètre irrigué de Sélingué. Il faut reconnaître que ces infrastructures sont si vétustes aujourd’hui que l’irrigation s’effectue avec beaucoup de difficultés.

 

En effet, les installations de ce périmètre entré en service depuis 1984, n’ont pratiquement jamais bénéficié d’entretien. Ce qui a conduit progressivement à leur dégradation. Aujourd’hui, la situation est très inquiétante.

 

Le périmètre est aménagé sur une superficie totale de 1 200 hectares en maîtrise totale de l’eau dont 850 pour la riziculture et 350 réservés à la polyculture (maïs, maraîchage, bananeraie, etc). Le rendement moyen est de 4 à 5 tonnes de riz à hectare et la taille moyenne de l’exploitation agricole est comprise entre 0,25 et 0,50 hectare.

EXODE MASSIF- Le périmètre comprend une prise d’irrigation d’un débit de 3000 litres par seconde, d’une station d’exhaure équipée de trois pompes. Mais une seule de ces pompes est aujourd’hui fonctionnelle. Le système comprend un réseau d’irrigation composé de deux canaux primaires, 13 canaux secondaires et 45 canaux tertiaires. Toutes ces installations sont à des niveaux de dégradation qui compromettent la poursuite des activités de production.

 

Outre les infrastructures d’irrigation abîmées, la production rizicole est menacée par un autre fléau : la virose du riz qui sévit presque en permanence. Les exploitants du périmètre ont aussi leur part de responsabilité en ne respectant pas le calendrier agricole. Ils donnent la priorité aux cultures sèches avant de s’attaquer à la préparation des parcelles rizicoles. L’exode massif de la main d’œuvre locale qui se rue vers les sites d’orpaillage traditionnel, n’arrange rien.

 

A ces difficultés, est venu s’ajouter le ralentissement des activités de pisciculture comme l’écloserie qui manque de matière première (alevins) et la faible productivité des étangs piscicoles. Aujourd’hui, sur une quarantaine d’étangs, seuls 7 sont effectivement fonctionnels.

 

C’est dans ce contexte que le promoteur d’une ferme piscicole, Boubacar Diallo, qui accompagnait la délégation à Sélingué a fait une offre de service. Ce spécialiste s’est dit prêt à partager son expérience et à apporter son expertise en vue de promouvoir l’aquaculture dans toutes les zones où cette activité est possible comme c’est le cas à Sélingué.

 
Boubacar Diallo s’engage également sur la base d’une convention qu’il aurait conclue avec les organisations de pêcheurs à former ceux-ci dans la production d’alevins, à fournir l’aliment poisson pour les alevins dans les étangs piscicoles et dans les cages flottantes.

 

Par ailleurs, la zone de pêche de Sélingué située sur le lac du barrage hydroélectrique du même connaît un ralentissement d’activités en raison de la baisse des captures, de l’utilisation inappropriée des engins de pêche qui raclent littéralement les fonds, de l’arrêt de la fabrique de glace à la suite des difficultés d’approvisionnement en électricité.

UN PROJET DE NOUVEAU SEUIL- Tout cela fait évidemment beaucoup. Afin de remettre l’outil de production sur les rails, un Programme de développement de cultures irriguées (PRODECI) a été initié. Il est financé par la Banque africaine de développement (BAD) pour un coût total de 7 milliards Fcfa. Ce Programme interviendra dans les zones de l’ODRS, de l’Office de la haute vallée du Niger (OHVN) et de l’Office du Niger. Cette initiative s’enrichira de l’apport du seuil de Kourouba dont la réalisation est vivement attendue par les populations riveraines.

 

La délégation s’est justement rendue sur le site du seuil dont le début des travaux est prévu pour le 1er trimestre 2014. Comme le barrage, il sera réalisé sur le fleuve Sankarani, un affluent du Niger. Le coût de l’étude et du contrôle est évalué à 1,093 milliard Fcfa pour un délai d’exécution de 34 mois. Le dossier de pré-qualification des entreprises devrait être déposé en décembre prochain. La construction du seuil sera financée par la BAD.

 

Le ministre du développement rural a demandé aux responsables de l’ODRS et du PDI-BS de réfléchir à monter un dossier pour l’aménagement de périmètre dans la zone du village Kourouba. Car, la réalisation du seuil a pour but de rehausser le niveau de l’eau afin d’irriguer des plaines, produire de l’électricité pour le fonctionnement des stations de pompage du périmètre de Maninkoura et désenclaver grâce au pont les deux berges du Sankarani notamment certaines localités des cercles de Kangaba (Figuiratomo et Kourouba) et de Yanfolila (Sélingué et Maninkoura).

 

Autre instruction de Bokary Téréta à la direction générale de l’ODRS : poursuivre la réflexion en vue de faire des propositions de sortie de la crise de production agricole d’une part et promouvoir la zone dans le cadre de la nouvelle vision comme un pôle de développement agro-industriel d’autre part.

 

M. COULIBALY

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