Le combat du ministre de l’Agriculture n’est plus de maintenir l’ordre dans les organisations paysannes, mais sauver le secteur coton. Pour cause, même en prison Bakary Togola continue de semer le désordre dans les organisations paysannes. Ainsi, on s’attend à une implosion de l’Union des cotonculteurs à cause du système de corruption mis en place par le clan Bakary Togola.
Des plaintes ont été déposées et d’autres en cours de préparation contre les collaborateurs de Bakary Togola. Ces derniers se sont emparés de plus de 130 millions pour corrompre des préfets et sous-préfets qui ont organisé clandestinement le renouvèlement des unions de producteurs en excluant les producteurs qui ne sont pas favorables aux systèmes établis par Bakary Togola et ses collaborateurs.
Ces plaintes visent à donner les détails de la mascarade organisée dans les villages afin de contourner les règles. Les administrateurs qui ont accepté de se compromettre dans cette magouille semble avoir définitivement programmé une nouvelle crise dans le secteur cotonnier malien qui avait eu du mal à se remettre de la privatisation de la CMDT. Cette fois-ci, les paysans qui ont été floués jurent de ne pas se laisser faire.
A défaut d’avoir le soutien de la justice, ils vont claquer la porte des organisations pris en otage par le système de corruption érigé en règle. La loi leur permet en effet de créer leurs propres organisations faitières afin de quitter le joug de la mafia qui a pris possession de tous les rouages de la production du coton malien. Le défi du ministre de l’Agriculture est de se débarrasser du clan contesté avant qu’il ne soit trop tard.
Si la justice et le gouvernement laissent la situation pourrir davantage, on verra bientôt des milliers de producteurs entamer une action déterminante. Pour le moment il n’est pas question de boycotter la production de coton, mais de tout mettre en œuvre pour se débarrasser de ceux qui ont pendant longtemps exploité les paysans maliens. Des millions de producteurs anonymes s’apprêtent ainsi à quitter les organisations faitières décriées qui deviendront par la même occasion des coquilles vides entre les mains de leurs adversaires.
Le Mali qui souffre déjà d’une crise économique liée à l’insécurité doit éviter une crise supplémentaire dans le secteur cotonnier. Le pays ne tient que grâce à la relative stabilité des zones de production du coton dans le sud. Et l’on sait que le coton contribue également à la production de céréales comme le maïs et le mil, deux cultures vivrières incontournables. La question est de savoir si Baba Moulaye sera à la hauteur du défi à relever, même si on sait que le président de la République a un grand respect pour lui.
Dougoufana Kéita