Depuis quelques semaines, l’affaire des engrais « frelatés » disons hors normes défraie la chronique. C’est le flou dans l’esprit des Maliennes et des Maliens. Cette affaire d’Etat si, elle n’est pas vite solutionnée risquerait de porter un coup sur la production agricole attendue.
Apres le passage du Ministre du Développement Rural Bocary Tréta devant les honorables députés à l’Assemblée Nationale le jeudi 18 juin 2015, la sortie du bout du tunnel n’est pas pour demain. Qui dit vrai ou qui dit faux, nous ne saurons le dire. Sur la base d’investigations et de documents nous tenterons d’éclairer la lanterne des uns et des autres sur la question.
Tout serait parti d’une réserve émise par la direction de l’Usine Toguna Agro Industrie qui a eu le culot de prélever les échantillons chez un concurrent pour une analyse de qualité de son engrais à l’extérieur du Mali. Dans cette correspondance, datée du 17 novembre 2014, référence TAI/ 2014/11/ 0037, le président directeur général de Toguna Agro Industries, Seydou Nantoumè portait à la Connaissance du président du GIE UN-SCPC/CMDT/OHVN, Bakary Togola, les sérieuses réserves émises par sa société sur la qualité des produits livrés par certains adjudicataires notamment ceux en provenance de la société TIMAC (Italie). L’incendie venait d’être déclenchée sans savoir jusqu’où il allait s’étendre. (voir le document de référence )
Le 14 janvier 2014, la ministre de l’Agriculture de la Côte d’Ivoire dans une correspondance régulière informait son homologue du Mali, qu’il leur « revient de manière récurrente que des engrais, non conformes aux normes qualité, telles que définies dans le manuel de procédure de contrôle des engrais de la CEDEAO, sont importés et commercialisés en Côte d’Ivoire et dans la sous région ». Aux dires du ministre, les sociétés importatrices sont, pour la plupart installés en Cote d’Ivoire et au Mali. Nous citons le ministre ivoirien : « les services compétents en la matière en Côte d’Ivoire ont été saisis et conformément aux dispositions du règlement C/REC. 13/12/12, procèdent aux inspections aux quais de débarquement, aux points de formulations et aux points de vente. Le règlement C/ REG. 13/12/12 en son article 6, prévoit la libre circulation des engrais dans les Etats membres dès lors qu’ils sont conformes aux normes de qualité. Aussi, j’ai l’honneur de porter a votre connaissance cette situation aux fins dispositions que vous devez bien prendre dans votre pays, pour protéger les producteurs utilisateurs finaux des engrais, contre ces opérateurs économiques véreux. »
Cette correspondance est antérieure à la prise de fonction du PDG de la CMDT, Kalfa Sanogo. Ce n’est que le mardi 2 juin 2015 que le premier responsable de la plus grande compagnie cotonnière du Mali reçoit une copie.
La lettre de politique de développement du secteur coton adoptée en conseil des ministres en sa session du 03 octobre 2001qui instruit à la CMDT de se retirer d’un certain nombre d’activités dont la fonction d’approvisionnement en intrants. Après ce recadrage des activités de la CMDT, les producteurs s’organisent et créent un groupement de syndicat vivriers et cotonculteurs du Mali. Quelques années d’effectivités ont permis de constater la faible surface financière du syndicat. La production du coton va chuter.
Pour palier à cette situation, la CMDT, l’OHVN et l’UN-SCPC créeront le 11 janvier 2011, un groupement d’Intérêt Economique dénommé « Approvisionnement en intrants et appareil de traitement »
Ont comparu pour la cause par devant Maître Boubacar Abdoulaye Sékou, Notaire à Bamako, Ousmane Amion Guindo (ancien PDG) au nom et pour le compte de la Compagnie Malienne des Textiles, en vertu de ses fonctions de Président Directeur Général, Bakary Togola, président de l’Union Nationale des Sociétés Coopératives des producteurs de coton (UN-SCPC) et Issa Djiré, Directeur général de l’Office de la haute Vallée du Niger (à la retraite).
Le GIE a pour objet d’assurer une meilleure organisation de l’approvisionnement des producteurs de coton en intrants coton, céréales et appareils dans le but de consolider et de pérenniser les systèmes de productions coton (coton et céréales venant en rotation) en zones coton. Et généralement toutes opérations financières, commerciales industrielles ou autres rattachant aux objets ci-dessus ou à tout objet similaire ou connexe ou de nature à favoriser le développement du patrimoine social. En sa qualité de président du conseil d’administration de la Société Coopérative dénommée « UN-SCPC Mali », Bakary Togola détient le récépissé numéro 00020/ SDSES enregistré sous le numéro 07 : greffe/ 07 du 3-4-07 au greffe du tribunal de la première instance de la Commune III.
Le 08 avril 2015, le directeur national de l’Agriculture, Moussa Camara dans sa correspondance n° 00000118/MDR-DNA mettait à la disposition du président du GIE-UNSCPC, Bakary Togola, les résultats d’analyse des échantillons d’engrais (1er passage) prélevés dans la zone CMDT/OHVN sur la demande du GIE. ( voir document )
Les analyses ont montré que 44% du complexe coton, 2% des échantillons du complexe céréale et 58% des échantillons d’Urée sont hors normes, dépassant le 3,08, soit 44%. Les quantités d’engrais de mauvaise qualité sont de 2093 tonnes, dont 24, 12 % à SOMADECO, 19, 63% à Toguna Agro et 14, 06 % à DPA.
En ce qui concerne le complexe céréale, 1 échantillon sur 49 du lot d’échantillon est hors normes dépassant les 3, 08 %, soit 2%. Les quantités d’engrais de mauvaise qualité sont de Toguna SARL (100%). La direction Nationale de l’Agriculture indique « les quantités d’engrais de mauvaise qualité sont de 34 04 tonnes, dont 27,34 % à Toguna, 19,97% à SOMADECO et 8,63% à DPA. La direction de l’Agriculture précise également qu’« environ plus de 50% des quantités d’engrais jugées mauvaise appartiennent à Toguna et à SOMADECO ». En ce qui concerne l’Urée, 24 échantillons sur 41 du lot d’échantillon sont hors normes, dépassant les 0,88%, soit 58%. Dans ce domaine, il ressort des commentaires de la DNA que les quantités d’engrais de mauvaise qualités d’engrais de mauvaise qualité sont 1266 tonnes, dont 37,51% sont de Toguna SARL, 13,82 % de SOMADECO et 10, 11% de Faso Djigui.
Pour les besoins de la campagne 2015-2016, le groupement économique « Approvisionnement en intrants et appareils de traitement » a, en rapport avec UN-SCPC/ CMDT/OHVN, mis en place une commission des appels d’offres Intrants. Il a été rédigé un rapport d’analyse des offres relatives à la fourniture d’intrants agricoles. La commission technique d’analyse des offres s’est réunie du 23 au 30 septembre 2014, dans la salle de conférence de l’UN-SCPC, afin de procéder à l’examen des différentes offres reçues. Pour votre éclairage et contrairement à ce que nie le ministre, le gouvernement était doublement représenté au sein de la commission technique d’analyse des offres des intrants 2015/2016 par l’entremise de Mme Doucouré Dougoubarka Sylla du ministère de l’Economie et des finances et de Mme Kané Rokia Maguiraga du Ministère du Développement Rural. Le ministre a-t-il oublié que ces agents de l’Etat ont siégé au sein de la commission ?
Le 21 mai 2015, le président du GIE, Bakary Togola adresse aux uns et autres une correspondance les informant que les résultats des analyses contradictoires effectués ont confirmé que certaines quantités d’engrais livrés par leurs sociétés sont hors normes. Par conséquent, le GIE les invite à prendre les dispositions utiles pour le retrait et le remplacement des dites quantités précisées dans un tableau conçut à cet effet.
Les plus hautes autorités, les représentant du peuple, les producteurs, les populations sont au parfum de cette nébuleuse. Aujourd’hui, cette honteuse question d’engrais « frelatés », disons d’engrais hors normes est un faux débat. Les auteurs sont connus et la justice doit faire son enquête afin de situer qui a fait quoi dans cette affaire qui n’honore pas le ministère du Développement Rural et par ricochet les opérateurs. Au sortir de cette journée ivre de signature de paix, les regards sont tournés vers le Chef de l’Etat pour rassurer les producteurs que cela ne se produirait plus.
La Rédaction
Treta un peut de fierte démissionne
Il faut souligner que la charge du contrôle, relève de la DNA qui dépend du ministère l’agriculture.
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