L’affaire de l’engrais frelaté, importé avec la bénédiction d’autorités de l’agriculture est plus grave que tous les autres scandales que nous avons connus jusqu’ici. Elle affecte la production agricole du pays, l’environnement et met en évidence un mécanisme éhonté d’exploitation, de paupérisation et d’enchaînement du paysan malien dont le sang et la sueur sont bus par des opérateurs économiques véreux disposant d’un large réseau de complicités au sein du pouvoir d’Etat.
Les députés et les partis de l’opposition rejettent la responsabilité du scandale en cours sur les deux fournisseurs, le président du syndicat des producteurs de coton, le GIE qu’il préside, le ministre du Développement rural et le président de la République. Une remarque qui met à nu la morale publique.
Le dossier a dépassé aujourd’hui le simple stade de commentaire et supputation. Il défraye la chronique surtout que des gens soutiennent qu’IBK n’ignore rien de l’affaire de l’engrais et de la situation au sein des producteurs de coton.
Les séances d’interpellations du ministre en charge de l’Agriculture par les députés n’ont pas aussi permis d’éclairer l’opinion sur les enjeux et les dessous de la guerre que se livrent des opérateurs économiques du secteur sur fond d’utilisation opaque de dizaines de milliards de F CFA au vu et au su des pouvoirs publics. Au contraire, le ministre a entouré d’un épais brouillard le sujet.
Le Rassemblement pour le Mali a un devoir de conscience vis-à-vis des Maliens pour exiger des responsables du scandale qu’ils donnent la vraie version des faits face à une situation qui incrimine la gouvernance du président de la République.
Parti majoritaire, le RPM n’outrepasserait pas non plus ses prérogatives en demandant que justice soit faite, surtout qu’il dispose aujourd’hui de capacités nécessaires pour démanteler le réseau mafieux qui menace la campagne 2015-2016 par l’importation des produits de qualité douteuse.
En tout cas, le RPM ferait mieux de saisir l’occasion pour prouver en acte son slogan de défense des intérêts des populations les plus défavorisées et les plus exclues du progrès, en se prononçant sur le sujet comme certains l’ont déjà fait. C’est un cas de conscience qui s’impose.
Bréhima Sogoba
Opportunistes
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