A quatre mois de la date butoir de signature des Accords de partenariat économique entre les pays Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et l’Union européenne et de leur entrée en vigueur, de sérieuses interrogations et inquiétudes planent, tant du côté des ACP que de l’UE. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, S. E. Moctar Ouane, a, au cours d’un déjeuner de presse jeudi, tenté d’apaiser les esprits en faisant le point des négociations.
Les négociations des Accords de partenariat économique entre les ACP et l’UE qui ont été lancées le 6 octobre 2003 à Cotonou devront, en principe, connaître leur épilogue le 31 décembre prochain.
Déjà, de sérieux doutes planent sur la signature de ces accords, notamment du côté des pays ACP qui souhaiteraient une troisième dérogation. Sera-t-elle accordée par l’UE ? En attendant la réponse à cette question, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, S. E. Moctar Ouane, entouré du chef de la délégation de la Commission européenne, de l’ambassadeur du Mali en Belgique et de son conseiller technique Boubacar Ballo, s’est entretenu, jeudi dernier avec la presse, sur le point des négociations, les espoirs et inquiétudes qu’elles suscitent dans la sous-région.
Où en est-on au juste avec ces fameuses négociations ? Le ministre Ouane ne passe pas par quatre chemins : « Il y a des points de convergence notamment l’adoption d’une feuille de route par les deux parties le 4 août 2004 à Accra, la mise en place et l’adoption des rapports des groupes thématiques conjoints, le lancement simultané des négociations de la deuxième et de la troisième phases qui portent sur l’architecture et le projet de texte de l’Accord, négociations sur la libéralisation des échanges et conclusion de l’APE. La principale difficulté réside dans la volonté de l’UE à s’en tenir au délai butoir du 31 décembre 2007 pour la signature de l’Accord ».
En clair, les négociations ne sont pas avancées à souhait puisqu’il n’y a pas d’offres de libéralisation de part et d’autre, chaque partie voulant sauvegarder ses intérêts. Les pays ACP, au regard des résultats de certaines études sur les impacts des APE, grincent les dents quant à leur issue.
Des pertes de 16 à 28 milliards de F CFA
Des inquiétudes, aux dires du ministre, qui sont motivées par la baisse des recettes sur les finances publiques, l’aggravation du déficit commercial du pays qui se situait aux alentours de 13 % en 2004. Des études ont confirmé ces impacts estimés financièrement entre 16 et 27 milliards de F CFA de pertes par an pour le Mali.
Les préoccupations des confrères ont porté sur la possibilité d’un report, la liste des produits dits sensibles, etc. En réponse à ces questions, le ministre dira que l’Union européenne s’est engagée à mettre en place un Fonds régional destiné aux APE pour financer les coûts d’ajustement et autres mesures d’accompagnement. Et à S. E. Ouane de préciser : « Si ces accords ne rentrent pas en vigueur le 1er janvier 2008, il y aura un vide juridique. L’UE sera obligée d’appliquer aux ACP le principe de la clause de la nation la plus favorisée ». Pour ce qui concerne la liste des produits, un atelier d’examen se tiendra ce lundi pour adopter une liste définitive.
Toutefois, a expliqué le chef de la diplomatie malienne, le gouvernement, en vue de coordonner et de bien préparer sa participation aux dites négociations, a mis en place un comité national de suivi des APE. Ce comité est chargé d’examiner toutes les questions relatives aux négociations, d’élaborer les directives fixant la position du Mali au sein des instances de négociation, de préparer les décisions du gouvernement sur l’application des Accords et de veiller à leur exécution…
Sidiki Y. Dembélé
“